
La Corporation de développement culturel de Trois-Rivières annonçait récemment que la comédie musicale T’estimo, qui a été présentée à la salle J.-Antonio-Thompson pendant deux étés, n’allait pas être reconduite. Hon.
La question se pose donc à savoir quelle production sera retenue pour remplacer l’épouvantable quétainerie qu’a été T’estimo. On apprenait par Le Nouvelliste que la Corpo avait noté que le public semblait préférer des spectacles plus festifs et que le prochain rendez-vous musical de l’été 2013 irait dans ce sens. De son côté, le Grand Orchestre de la Mauricie a ouvertement mentionné qu’il espérait que son spectacle Radio! prenne la relève. Il s’agit d’un show de qualité, original et qui m’apparaît pouvoir rassembler la population. Mais sera-ce assez festif? J’ai mes doutes.
Lorsqu’il est temps de divertir les masses, il faut rendre à César ce qui appartient à César : les Romains savaient faire lever un party. D’ailleurs, la célèbre formule «du pain et des jeux» a servi d’inspiration aux populaires livres et films Hunger Games. Vous connaissez? 24 «joueurs», 1 seul survivant, le tout capté par des centaines de caméras. Ça m’a inspiré un concept de spectacle irrésistible pour divertir la population trifluvienne jusqu’à plus soif. Que les fêtes commencent!
T-Rès affamé : Hunger Games
Le concept est à la fois simple et ambitieux : on réunit 12 équipes de personnalités trifluviennes et on les regarde s’entre-tuer sur le terrain de Trois-Rivières sur St-Laurent. Chaque équipe représente un secteur névralgique de la vie trifluvienne, appelé district.
Voici la composition des équipes, avec leurs principales forces et handicaps et quelques scoops sur la première édition des Trois-Rivières Hunger Games.
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District 12 : La p’tite fille à la télé qui dit: «moi quand je vais être grande, je veux aller rester à la Maison Richelieu» et le gros du prix du gros. Équipe indéniablement faible, on se régalera de leur mort en direct à la télévision. La p’tite fille sera brûlée au 3e degré par un lance-flamme, ce qui, à défaut d’avoir pu aller rester dans un foyer pour personnes âgées, lui aura donné l’apparence d’une personne âgée le temps de son agonie. Quant au gros, pensez au film Seven, péché de gourmandise. KIA-BOOM!
District 11 : Le cowboy du centre-ville et la madame toujours en bobettes de la rue Niverville. Quêtant une clope au cowboy, la madame s’allume les cheveux par erreur et fout le feu partout. Elle est incinérée illico. Un petit chien est du même coup libéré d’un lourd karma. Quant au cowboy, il disparaît au couchant sur son cheval invisible (un vélo).
District 10 : La vieille garde du Zénob. On délègue Réjean Bonenfant et Manu Trudel. Eh boy. Ça court pas vite. Ça fume des cigarettes. Ça tousse. Mais ne représentant aucune menace concrète pour les autres, on les laisse tranquilles. D’ailleurs, ils n’ont aucune envie de gagner. Et mourir brutalement leur accorde le statut de poètes maudits. Avantage : vision de nuit accrue.
District 9 : Le Nouvelliste était supposé dépêcher une équipe, mais ils n’ont envoyé personne. Le spectacle commençait trop tard.
District 8 : Gaston Bellemare et Marise Baribeau du Festival international de la poésie. Le tandem appliquera la même ligne directrice dans le jeu que dans leur couple professionnel. Leur statégie : se montrer 10 jours et rester invisibles le reste de l’année.
District 7 : Jean Beaulieu et Sébastien Dulude. Une solide équipe de baveux. Pas peur de se salir les mains. Pas peur de se battre. Beaulieu possède un grand nombre d’outils tranchants et Dulude passe son temps à se mutiler avec. C’est de la performance. L’équipe progresse, prend plaisir à tuer. Mais il devient de plus en plus difficile pour Dulude d’être vu en compagnie de Beaulieu. Alors, un matin, alors que la lumière est particulièrement belle, Dulude s’approche de Beaulieu avec un morceau de verre qu’il place devant le visage de l’artiste-vitrier. «Ne ferait-ce pas là le plus beau de tous les vitraux?», que Dulude demande. Beaulieu, tel Narcisse, succombe instantanément à son reflet et Dulude en profite pour lui trancher la gorge d’un geste franc. «Voilà pour le copinage», murmure Dulude entre ses dents. Puis, tel un jeune poète non publié, il part à la recherche de Bellemare et Baribeau, qu’il trouve attablés au Buffet des cinq continents. Les calmars sont frits.
District 6 : Isabelle Blais et le fantôme de Pauline Julien. Sont bonnes, sont belles. Absolument personne ne veut qu’elles meurent. Mais un individu sournois et dérangé, armé d’une longue arme qui ne le quitte jamais aura raison d’elles, dans un double meurtre particulièrement violent et acharné, presque passionnel.
District 5 : Doc Mailloux et François Massicotte. Deux micro-cerveaux et 3 jambes : nettement insuffisant pour de tels jeux. En plus, dans le chaos, ils ont mélangé leurs médications. Massicotte pense qu’il est à Testostérone. Avantage : le Doc Mailloux passe son temps à raconter des jokes racistes, ce qui lui vaut l’appui de la population locale. Scoop : le Doc Mailloux assassinera avec une cruauté innommable l’une des équipes les plus populaires, à l’aide d’une béquille. Sur le fait, on l’a entendu hurler: «toute d’la faute des femmmmmes pis des artissssses!»
District 4 : L’élite du groupe des 7 incorruptibles de l’Hôtel de Ville. Sylvie Tardif a un kit de survie digne du Prédateur. Elle est prête. Mais tous les autres ont été trop chicken pour se porter volontaires. On a donc ressorti André Carle. Avantages : Sylvie Tardif connaît un endroit d’où s’échapper du site pour se fondre avec la plèbe de Sainte-Cécile. De plus, son flair pour dénicher les soupes populaires est un atout certain pour l’équipe. Handicap : André Carle est toujours rendu au Canoë.
District 3 : Richard Dober Jr. et Heidi Levasseur. Beaucoup les voyaient grands gagnants. Leur stratégie consistait naturellement à s’enfuir par la voie de l’eau. Tout allait bien, jusqu’à temps que Dober, épuisé de nager avec son kayak sur le dos, demande à grimper sur le dos d’Heidi. Ragaillardi, Dober entreprend un «massage chiropratique» de la poitrine de sa comparse qui s’en vexe. Elle le bute derechef. On la perd ensuite dans la nature, tel Heidi dans les paysages suisses.
District 2 : Joseph Krueger, pdg de l’usine du même nom et Patrick Pellerin, pdg de Marmen. Des bonzes millionnaires. Le premier possède un abri anti-nucléaire situé sous l’ancienne usine à papier C.I.P., accessible par les voutes de Boréalis. Le second peut faire arriver à son secours, d’un simple clic sur sa montre, hélico, speedboat ou char d’assaut. Ils s’échappent rapidement et sans difficulté du jeu, non sans avoir descendu quelques quidams au hasard, question de se désennuyer. On les retrouvera toutefois morts, beaucoup plus tard, à Las Vegas. Le reste est une histoire compliquée d’assurance-vie, de rites francs-maçons, de cocaïne et d’une certaine transgenre nommée Itsvana.
District 1 : Yves Lévesque et Steve Dubé. Le tacticien et le goon, ou, euh, vice-versa. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une équipe redoutable, impitoyable, capable de tirer toutes les ficelles du jeu. Handicap et scoop : l’escouade Marteau viendra les arrêter avant la fin du jeu. Et tant qu’à être à Trois-Rivières avec un fourgon, les flics embarquent également Carle et Tardif, qu’ils ont retrouvés en train de refaire le monde dans l’allée internationale du Super C.
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Si vous avez bien suivi, restent dans cette histoire, le cowboy de Trois-Rivières, Heidi Levasseur et votre Dulude. Quel sort leur sera réservé? Qui meurt et comment? À vous d’écrire la fin de cette histoire dans les commentaires ci-bas!
Moi j’hésite entre le cowboy, Heidi et toi. Une mort atroce, conséquence de la fin de la perchaude, d’une rampe trop sinueuse ou du retour en force du Théâtre des Marguerites.