
Le Centre d’exposition Raymond-Lasnier de la Maison de la Culture de Trois-Rivières accueille jusqu’au 8 mars Expotypo: l’ABC des arts du texte, une exposition multidisciplinaires, qui aborde la présence du texte dans l’art. Le commissaire Sébastien Dulude a rassemblé le travail de dix artistes afin de créer une exposition hétéroclite et originale. Le public était au rendez-vous lors du vernissage du 25 janvier dernier.
Sébastien Dulude a relevé le défi avec finesse. Cette exposition est en symbiose avec le coloré poète. Sa première exposition en tant que commissaire est concluante. Tout ce que touche Dulude semble lui réussir, il sait définitivement où il va et avec qui il veut y aller. Il a sélectionné les artistes sans appel de dossier, des connaissances faites au fil des ans dans les différents ateliers d’artistes. «Je voulais présenter un éventail, un panorama de propositions artistiques qui contiennent du texte», souligne Dulude.
Parmi les dix artistes participants, se trouvaient Pascal-Angelo Floramore et Claudine Vachon des Éditions Rodrigol. Ils ont offert des publications de littérature expérimentale. La facture de leurs livres est impeccable, les couleurs traduisent une légère naïveté. Des publications surréalistes, dadaïstes, voire automatistes. Que les lettres du mot Rodrigol se retrouve dans les bouquins. À feuilleter pour le plaisir de faire défiler les pages d’un livre neuf avec son pouce. Cette œuvre se retrouve dans la première section de l’exposition, qui regroupe la typographie pure, l’alphabet dans sa neutralité.
Tout ce que touche Dulude semble lui réussir, il sait définitivement où il va et avec qui il veut y aller.

Dans la deuxième section, se retrouve la très ironique illustration de Pascal Blanchet et le travail minutieux de Carl Lacharité. «C’est comme un paysage, mais toute la pièce c’est de l’écriture. C’est un poème que je compose et qui fait un chemin à travers le paysage et qui prend différents embranchements. C’est comme dans l’écriture d’un texte, un moment donné il y a des cul-de-sac, on s’aperçoit que le texte s’arrête là et on rebrousse chemin. Visuellement ça démontre cet aspect là de l’écriture, la démarche de l’écrivain entrain d’écrire», explique Carl Lacharité, poète émérite. Les tableaux qu’il présente semblent représenter des paysages à vol d’oiseau, mais en s’approchant, le texte se dévoile.
Cette deuxième section questionne aussi le support, sur quoi est-il possible de le faire. «La seule présence physique du texte dit quelque chose sociologiquement. Comme la présence de commandite sur tous les objets de consommation, ça dit quelque chose dans notre société. Ça dépend qui contrôle le message, on lit quoi? Si on lit de la pub, c’est pour vendre des affaires. On n’est pas plus libre parce qu’on lit, mais une chose est certaine, on est exposé à du texte», reprend Sébastien Dulude.
«Je voulais présenter un éventail, un panorama de propositions artistiques qui contiennent du texte.» – Sébastien Dulude, commissaire
La dernière section de l’exposition est réservée aux jeux de mots, au quotidien. Cette section où l’objet est détourné se veut beaucoup plus ludique. «On est bombardé de texte, on dit beaucoup qu’on ne lit pas, mais on est loin d’avoir perdu notre rapport aux mots, on les consomme vite, mais bon, on lit, ça c’est certain, on utilise l’écriture comme jamais», ajoute le commissaire. Les lettres, les mots, les sigles, les symboles, les signes. Le texte. Partout dans le quotidien se retrouvent les membres de l’alphabet. L’écriture appartient à la société, elle unifie et mortifie l’humanité.
Bravo Marie-Christine! Je regarde assez régulièrement tes articles ou critiques. Ils sont clairs et coulent admirablement bien. Félicitations et continue… j’aime te lire!