La violence conjugale est un problème de société. Elle ne concerne pas uniquement les victimes ou les auteurs. Cependant, comme elle est multiforme, elle peut être difficile à identifier. Ce reportage a pour but de donner à tout son lectorat les outils pour soutenir les victimes, identifier et contrer la violence conjugale.

Au-delà des coups et blessures
Ce reportage se veut neutre quant au genre des agresseurs ainsi que des victimes. Cependant, il est important de rappeler que les victimes demeurent à 78% des femmes (Ministère de la sécurité publique du Québec, 2015). Tout de même, citons SosViolenceConguale.ca:
«Bien que la violence conjugale touche majoritairement des femmes, elle peut aussi toucher les hommes et les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre. Les services de sos violence conjugale sont offerts à toutes les personnes touchées par la problématique.»
Le mythe le plus tenace (et dangereux) sur la violence conjugale, c’est qu’elle est physique. En effet, lorsque l’on pense aux victimes de tels actes, on pense à des blessures visibles, à des bleus, etc. La Maison de connivence est un organisme trifluvien venant en aide aux femmes, avec ou sans enfants, victimes de violence conjugale. Johanne Toutant, intervenante à la Maison de connivence, mentionne que la violence physique ne se limite pas aux coups. Il peut s’agir de bousculer, ou de serrer un bras. Les agressions physiques existent, mais la violence conjugale ne s’y limite pas.
En 2015, au Québec, 13 467 cas de voie de fait dans un contexte de violence conjugale ont été répertoriés. (Le Devoir, 2020)
Définir la violence conjugale
Selon la Maison de connivence, la violence conjugale est une relation de domination choisie volontairement par une personne envers sa/son partenaire. Cependant, il existe une différence entre violence conjugale et abus psychologique. La première est faite volontairement; le second, involontairement. Selon Clinique Psychologie Québec, c’est là le point essentiel de la violence conjugale.
Pour Johanne Toutant, la violence conjugale se fait toujours au détriment de l’unE des partenaires, à la différence d’une simple chicane de couple.
Les types de violences possibles
L’auteurE de violence conjugale assure sa domination en suscitant différents climats chez sa victime. Ces actes se présentent graduellement, dès le début de la relation. Il peut s’agir d’un climat/sentiment:

- d’insécurité physique et émotionnelle.
- de contrainte, de contrôle et d’isolement.
- d’infériorité, de dévalorisation et de contrôle.
- Pour en savoir plus, visitez Clinique Psychologie Québec.
Mme Toutant mentionne que la violence physique ne se limite pas aux coups. La violence verbale, elle, est toujours dénigrante : «T’es ben niaiseuse», «maudite folle» ou «t’es jamais bonne avec les enfants» sont des formes de violence conjugale.
Des ressources disponibles
Par contre, des ressources sont disponibles. Par exemple, La Maison de connivence offre des rencontres téléphoniques, en personne ainsi que de l’hébergement. Il suffit de téléphoner à un numéro unique (819 379-1011) pour rejoindre une intervenante. Celles-ci évaluent ce qui est le mieux pour la victime. Mme Toutant affirme que l’hébergement est d’une grande aide pour les victimes: «l’hébergement est un milieu de vie où l’on partage avec d’autres. En parlant avec d’autres femmes, on se dit: « je ne suis pas folle »»
Vous sentez le besoin d’en parler, pour vous ou unE proche? Sachez qu’un appel, un courriel n’engage à rien. Voici une liste des aides disponibles en Mauricie.
La majorité des cas de violence conjugale ne se font pas devant témoins. Dans le doute, soyez à l’écoute de la victime potentielle, assurez que des ressources sont disponibles.
L’intervenante affirme qu’une bonne première étape est de consulter le site internet de la Maison de connivence. En effet, des ressources s’y trouvent pour les victimes, les proches, et les enfants. Il y a même des «quiz» afin de mieux évaluer sa situation.
Et les proches dans tout ça?
L’entourage est un point clé dans la question de la violence conjugale. Les proches peuvent vouloir se conformer a un entourage qui ignore le problème. Mais cela ne fait qu’amplifier la situation. Pour citer Johanne Toutant: «C’est un problème de société. [Mais] on entend et on ne prend pas toujours position.»
Alors, vous vous demandez que faire pour une ou un proche? Si iel veut parler de son couple, voici quelques conseils tirés du site web de la Maison de connivence:

- préserver le lien avec la personne;
- être sans jugement, ne pas critiquer le ou la partenaire;
- se positionner contre la violence;
- parler des ressources disponibles, etc.
De plus, Sos violence conjugale donne huit conseils aux proches qui veulent demeurer alertes. En voici deux:
- Aidez la victime à se faire sa propre idée;
- Évitez de vous sentir impuissantE. Validez auprès d’elle ce que la victime attend de vous. Si elle répond non à votre aide, c’est que vous répondez déjà à ses besoins actuels.
Attaquer le mal à la racine
Également, pour combattre la violence conjugale, il faut s’attaquer à la racine du problème: les auteurEs. Il s’agit d’hommes dans 80% des cas (Ministère de la sécurité publique, 2015). Or, cesser de voir ces hommes comme de simples monstres, ne pas être dans le jugement, mais l’accueil, permettrait une meilleure prévention globale. Les informations qui suivent proviennent d’une entrevue gracieusement accordée par Claudia Champagne, directrice de l’Accord Mauricie.
L’Accord Mauricie vient en aide aux auteurs de violence conjugale, aux «hommes» de la situation. Ainsi, une bonne partie de leur clientèle (50%) est judiciarisée. Tout de même, un quart de la clientèle totale est volontaire. Cela peut provenir d’un ultimatum de la ou du partenaire, mais aussi d’un besoin de travail sur soi.

Il existe trois volets d’aide chez chez cet organisme:
1. pour les auteurs de violence conjugale;
2. papa bienveillant;
3. homme en difficulté (rupture, deuil etc).
Le premier comporte 21 semaines de rencontres en groupe, en raison d’une heure trente par semaine.
Toujours selon Mme Champagne, il faut «communiquer avec une émotion», «ne jamais être dans le jugement». Un homme qui «en prend beaucoup sur ses épaules», qui accumule, qui «sent qu’il va exploser», est une personne qui a besoin d’aide et de soutien, pas de confrontation.