Si jamais vous voyagez au-delà de la mer de stationnements s’étalant devant le pavillon de la chiropratique, en direction de l’éolienne, et que vous descendez la côte, vous atteindrez le bas-pays de l’UQTR et sa principale habitation, le pavillon Michel-Sarrazin. En ce lieu, des étudiants doutent de plus en plus quant à leur appartenance à l’Association générale des étudiants de l’UQTR et élaborent leurs quelques idées séditieuses.
Que devons-nous à cette Association qui ne nous représente pas? Que fait-elle pour nous? C’est ce genre de questions que certains étudiants des domaines de la psychologie et de la psychoéducation se posent actuellement. Ici, on en a contre le pouvoir très centralisateur de l’AGE UQTR. Le nouveau pavillon à la vie étudiante, on n’en veut pas. Pour preuve, le local du PaVÉ que se partagent les trois associations étudiantes du Michel-Sarrazin est vide. Seul un amas de lettres cachetées y git.
Société distincte
Pourquoi se déplacer aussi loin? Ces étudiants ont encore leurs anciens locaux d’association. Ils ignorent même à quoi pouvait bien ressembler le sous-sol du Pierre-Boucher. D’ailleurs, c’est un peu par acte de résistance qu’ils ne viennent pas occuper leurs nouveaux locaux. Ils ont peur que l’Université voit cela comme un troc et transforment leurs locaux en bureaux de chaire de recherche. Ces beaux refuges aident beaucoup à ce que leurs associations soient actives. Ils sont bien aménagés, accueillants et surtout accessibles. Ainsi, en faisant fi d’un nouveau pavillon entièrement consacré à la vie étudiante, ils espèrent que l’Université laisse leurs chers locaux en paix.
Les étudiants du Bas-Campus ont de beaux locaux où consacrer leurs pauses, mais ils n’ont pas une Chasse Galerie, ni une cafétéria. Ils ont une machine à café, un casse-croute et… un guichet automatique qui semble n’avoir fonctionné que trois ou quatre fois en huit ans. Les étudiants d’en bas donnent près de trente mille dollars de cotisation par session à l’AGE. Ils se sentent floués. Ce n’est pas très représentatif de ce qu’ils reçoivent comme service en retour. Quels sont les derniers investissements que l’AGE UQTR a réalisés au Michel-Sarrazin dans les dernières années? Il n’y a eu absolument rien. Tout est centralisé dans le Haut-Campus, tout sert à financer la Chasse Galerie et le pavillon à la vie étudiante. C’est l’impression que les gens ont en bas.
Ce n’est pas d’hier que les étudiants du lointain pavillon vivent dans l’isolationnisme. Parfois de façon assumée, parfois très innocemment. Pourquoi se déplaceraient-ils en haut? La bibliothèque? Ils ont un centre de documentation. Le centre multiservice? Une ou deux fois par session. Un café étudiant? Ha! Là, on parle. Il s’agit d’un des nœuds du problème. En bas, on a comme projet depuis plus d’un an de créer un café étudiant géré de manière autonome. Bien entendu, l’AGE UQTR a posé ses conditions. Partenariat obligatoire entre la Chasse Galerie et le nouveau café. C’est-à-dire qu’ils vont se réserver l’exclusivité sur l’approvisionnement ainsi que sur le choix des équipements et ils garderont une partie des profits. Ce paternalisme irrite beaucoup ceux qui veulent partir ce projet. Projet qui tarde à décoller par manque de communication entre les différents intervenants de l’Université…
Les étudiants d’en bas donnent près de trente mille dollars de cotisation par session à l’Association générale. Ils se sentent floués.
A pavillon usque ad pavillon
L’AGE UQTR, comme son nom l’indique, est l’Association générale des étudiants. Elle nous représente tous. Dans le jargon associatif, c’est la seule association de niveau 1 de l’UQTR, alors que les associations départementales sont de niveau 2. L’AEMS, l’Association des étudiants du Michel-Sarrazin n’a, dans les faits, pas plus de pouvoir qu’une simple association de niveau 3, type d’association voué à une cause ou un intérêt. La seule manière d’en faire une association de niveau 1, au même titre que l’AGE, serait que cette dernière soit dissoute ou qu’elle perde son exclusivité. Pour ce faire, il faut obtenir un vote aux deux tiers en assemblée générale. Ça relèverait de l’exploit. À ce jour, l’Association étudiante en psychologie s’est engagée, suite à ses propres assemblées générales, dans une démarche visant sa désaffiliation de l’AGE UQTR. Voyons voir si les autres associations étudiantes du M-S emboiteront le pas.
Pour nous, étudiants d’en haut, notre attachement envers l’AGE UQTR et ses institutions ne fait pas de doute. Malgré tout, avec quarante ans d’âge, l’AGE est peut-être devenue inadaptée. Ce n’est pas la première fois que le modèle AGiste est remis en question. Rappelons-nous les vains projets de Ludovick Nadeau, de son temps à la présidence et ce qui en a suivi. Peut-être bien que la présente mutinerie ne mènera à rien. Si c’est le cas, une certaine amertume subsistera. Dans le cas d’une réussite, il est certain que d’autres départements feront de même ou, au contraire, noyauteront l’Association générale. On ne tient pas longtemps dans la misère et le mépris une association en réveil.
Si mes souvenirs du temps où j’ai gravité autour de l’AGE UQTR sont exacts, les « conditions imposées » par cette association pour la création d’un café étudiant au MS relevaient plus d’un partenariat ou tout le monde était gagnant que d’un acte de centralisation (l’AGE facilitait l’obtention des autorisations nécessaire à la naissance de ce service auprès de l’UQTR, en plus de permettre au café de voir le jour dans le local qui lui était attribué par l’université).
De plus, il semble que l’auteur (et probablement bien des gens) se soit mépris sur le mode de financement du Pavillion de la vie étudiante. Ce dernier ne se fait en aucun cas à partir des cotisations de l’AGE UQTR, mais bien grâce à un don non-obligatoire sur la facture de chacun des étudiants. D’ailleurs l’AGE UQTR s’est toujours opposée à ce que ce don devienne obligatoire, justement pour que les étudiants qui ne se sentent pas concerné par ce projet puissent se retirer de son financement.
Pour finir, il me semble bien que, du moins à l’époque pas si éloignée à laquelle j’ai fréquenté la Chasse Galerie, les gens du MS représentait malgré tout une bonne proportion de la clientèle nocturne de l’établissement. De plus, ils participaient aux activités de début de sessions organisées par l’AGE et au Carnaval financé en partie par cette dernière. Vous me direz que ce ne sont pas tous les étudiants du MS qui en profitent ? Vrai, mais ce ne sont pas non plus tous les étudiants du « haut-campus » qui s’y retrouvent non-plus (Une chance, car si mes souvenirs sont exacts, il n’y aurait pas assez de place !).