PEAU À PEAU est le premier long-métrage de Chloé Cinq-Mars à titre d’auteure-réalisatrice. Celui-ci prenait l’affiche dans les cinémas du Québec le 3 octobre dernier. Mettant en vedette Rose-Marie Perreault, ce film présente la dure réalité des femmes nouvellement mamans.
Les traumatismes à l’écran
PEAU À PEAU est un thriller psychologique à travers les yeux de Pénélope, mère d’un nouveau-né. Avec un conjoint peu présent, des parents distants et des relations saines presque inexistantes, elle se sent plus que jamais seule. Lors d’une marche nocturne, elle se trouve coincée dans un dépanneur lors d’un vol à main armée. Cet événement ravive d’anciens traumatismes qui viennent la hanter et mettent en péril sa sécurité et celle de son fils. Elle fera face à des dilemmes qui la plongeront dans un cercle vicieux anxiogène.
Dès le début, nous suivons Pénélope (Rose-Marie Perrault) et, par le fait même, son bébé. Nous découvrons sa réalité de mère complètement épuisée qui s’occupe majoritairement de tout seule. Au fur et à mesure que l’on avance dans le film, nous comprenons que la protagoniste n’est pas fiable dans la narration et la présentation des événements. En effet, de nombreuses hallucinations seront incarnées, ce qui permettra au long-métrage de jouer sur les codes des films d’horreur et de suspense.
Une bouleversante performance
Perrault n’en est pas à son premier rôle. Pourtant, elle continue de surprendre et captiver l’auditoire. Son personnage, et le sujet par le fait même, sont tout sauf légers et simples. Les dépressions post-partum, les démons de divers traumatismes et j’en passe sont tous des aspects complexes à transmettre à l’écran. Cela étant dit, Perrault les incarne avec brio. Dès les premiers événements, le public ressent l’anxiété et la souffrance de ce personnage. Il est impossible de rester indifférent à cette performance. Elle embrasse à la fois la noirceur et la lumière de Pénélope, rendant justice à cette dernière et à toutes les mères de ce monde.
Il est agréable, malgré l’obscurité du film, d’avoir accès à une représentation de la vie maternelle qui n’est pas entièrement rose. La maternité n’est pas chose facile. Pourtant, l’insomnie à répétition, les pleurs et cris du bébé, les changements corporels et les craintes sont souvent gardés sous silence. Ils sont partagés par plusieurs, mais peu abordés dans la société. Nous plongeons dans la laideur sans aucune gêne, ce qui constitue la force de ce long-métrage. Rien n’est laissé de côté permettant ainsi au film d’être réaliste et touchant.
Il est commun, malheureusement, d’associer la femme à ce dévouement maternel lors d’une naissance. Elle doit, ou plutôt, on s’attend à ce qu’elle laisse tout tomber pour s’occuper de son enfant. Elle doit faire abstraction de sa personne, s’effacer complètement, pour mettre de l’avant sa progéniture. Ce long-métrage, lui, présente une réalité où, même si on le voulait, il est impossible à la mère de s’oublier dans son enfant. Ils sont liés tout en étant deux entités distinctes. Le film met de l’avant la crainte à demander de l’aide et d’être perçue comme une mauvaise mère. Il est une œuvre d’art qui ouvre la porte à de belles discussions.
PEAU À PEAU incarne les différentes facettes du rôle d’une mère. Ce film ne laissera personne indifférent. Vous pouvez consulter le site du Cinéma Le Tapis Rouge pour en savoir plus sur les prochaines représentations.