Art public: Quand l’art gruge l’espace de la publicité

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La superposition de photographies et d’estampes forme un flou qui se rapporte aisément à l’aspect fantomatique de la mémoire. Photo: M.-C. Perras
La superposition de photographies et d’estampes forme un flou qui se rapporte aisément à l’aspect fantomatique de la mémoire. Photo: M.-C. Perras

Sortir l’art du musée est un concept qui existe depuis déjà longtemps, notamment avec l’art public, qu’il est possible de retrouver un peu partout dans les espaces communs. Dans le but de permettre un contact direct et quotidien avec des œuvres visuelles, le Centre d’exposition Raymond-Lasnier, en collaboration avec la Société de transport de Trois-Rivières (STTR), renouvelle son projet L’art contemporain se déplace!, amorcé l’automne dernier. Pour cette présente édition, les organisateurs ont fait appel à l’artiste Valérie Morrissette, une ancienne étudiante de l’UQTR.

Dans un des autobus numéro 11 du circuit De Montigny, qui dessert une partie de Trois-Rivières-Ouest, il est possible d’observer des créations originales. Habituellement tapissé de publicités, le haut des murs de l’autobus laisse place à des œuvres numériques fort apaisantes. Morrissette se préoccupe de la mémoire et du souvenir dans l’ensemble de ses œuvres. Dans ces images-ci, elle propose une superposition de bâtiments et d’arbres. Cette hybridité des éléments organiques et bâtis donne alors la force de la nature comme marqueur de temps sur le vécu humain.

Valérie Morrissette continue avec sa grande délicatesse du geste, qui caractérise son travail depuis la fin de ses études. Elle avait d’ailleurs remporté la bourse Gilles-Verville en 2012 avec son projet Temps, souvenirs et autres banalités, un travail qui arrime le bois taillé et l’estampe, le tout disposé dans un mouvement de courbe. Cette finesse des traits et la simplicité des couleurs permettent une lecture sans distorsion de l’ensemble de son œuvre.

Cette finesse des traits et la simplicité des couleurs permettent une lecture sans distorsion de l’ensemble de son œuvre.

L’intérieur de l’autobus arbore des impressions caractéristiques du geste de l’artiste. Des ajouts de couleur, rarement plus nombreux que deux, ponctuent les images issues à la fois de la photographie et de l’estampe. Les œuvres sont en format rectangulaire et allongé, afin d’épouser l’espace publicitaire des autobus. Par contre, des œuvres en grand format sont aussi visibles à l’extérieur. L’une se retrouve à même cet autobus, et les autres sur un abribus situé au terminus d’autobus du centre-ville.

Pour ceux qui ne pourront pas faire le voyage à l’intérieur de l’autobus, il est aussi possible de voir certaines œuvres à l’extérieur. Photo: M.-C. Perras
Pour ceux qui ne pourront pas faire le voyage à l’intérieur de l’autobus, il est aussi possible de voir certaines œuvres à l’extérieur. Photo: M.-C. Perras

La transparence des images apposées sur l’abribus rend la mémoire et les souvenirs encore plus insaisissables. La mémoire est en fait une image mentale qui peut paraître précise, mais qui se résout à n’être qu’un flux incertain et fantomatique. La portion extérieure de l’exposition rend davantage hommage à cette mémoire fuyante.

Évidemment qu’il est difficile pour les quidams non usagers du circuit numéro 11 de voir l’entièreté de l’exposition, mais pour ceux qui y transitent quotidiennement, c’est une manière subtile et immersive de voir l’art contemporain. Si tu ne vas pas au musée, le musée vient à toi! Cette formule est tout à fait réussie, d’autant plus qu’une partie de l’exposition se trouve en extérieur et que l’impression numérique colle parfaitement au milieu d’accueil.

Valérie Morrissette a un Baccalauréat en arts plastiques de l’UQTR, ainsi qu’une Maîtrise en arts visuels de l’Université Laval. En plus de la bourse d’acquisition Gilles-Verville, elle est aussi récipiendaire du prix de la Relève GORDO, remis par la Corporation de développement culturel de la ville de Trois-Rivières. Elle est membre de l’Atelier Presse Papier où elle poursuit son travail de sérigraphie qui lui va à ravir. L’exposition L’art contemporain se déplace! est actuellement en cours et se termine en décembre 2016.

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