
1ère mention spéciale au concours de poésie du Zone Campus (édition 2025)
L’arrivée
Pour la ville de Trois-Rivières qui
m’a accueillie
…
Dans le bleu de tes yeux
l’étincelle d’un poème à naître
Ce matin-là, j’ai regardé la ville
comme on se plonge dans le regard
d’un nouveau-né, à la recherche de l’innocence.
Entre le bleu de ses yeux et le froid de son grand vide,
je repense à mon pays, à mes frères et sœurs violentés
par tant de malheurs innommables.
C’était un 1er janvier.
Je suis venue vers cette ville
comme on va vers un prêtre, chargée de péchés.
Elle m’a tendu ses longs bras,
comme pour me faire une révélation.
J’ai promené mes doigts dans ses cheveux,
elle m’a raconté l’histoire des Premières Nations,
l’odeur chaude des danses interdites.
J’ai vite embrassé son innocence
dans l’urgence d’un côte à côte,
l’aube bleue de nos corps froids
marchant main dans la main.
Nos gestes,
jetés dans la confidence du jour,
ont réinventé des soleils au goût d’extase
et bercé nos vides dans l’insomnie de chaque rue.
…
j’enveloppe dans son silence
la grammaire d’autres villes
et j’épouse ses folies
dans le charme des grands chemins
je tus mes ratures
pour cette ville
…
corps ouvert
j’embrasse son froid
ses longues rues dénudées
m’entraînent aux saisons
par des pas qui se suicident
…
un soleil éphémère
en collier d’amertumes
traine son rayon glacial
dans les lignes de ma main
pour brûler l’abécédaire du jour
dans l’errance des heures perdues.