En pleine face : Ce fut un honneur

0
Publicité

Note de la rédaction : un sous-titre incorrect a été inséré par erreur dans la version papier de cette chronique. Zone Campus offre ses excuses les plus sincères à M. Simon Fitzbay et à ses lecteurs.

Nous y voilà arrivé, ma toute dernière chronique d’actualité pour le compte du Zone Campus. Après deux ans et demi à écrire sur l’actualité étudiante, je crois pouvoir dire «mission accomplie» en allant rouler ma bosse ailleurs.

Ce fut un honneur d’occuper la page 5 du journal des étudiants de l’UQTR, un média qui représente un des derniers ciments de la vie étudiante sur le campus. En effet, à force de couvrir tout ce qui se déroule quotidiennement chez nous, le Zone donne le rythme à cette vie tout en la rendant beaucoup plus intéressante. Nous devons en être fiers.

Si je quitte mon poste, que je chéris et que j’adore tellement, c’est que j’ai l’impression d’avoir fait le tour et d’avoir accompli la lourde tâche qui m’a été confiée, soit celle d’observer la vie étudiante et de représenter une certaine ligne éditoriale au travers de mes chroniques. J’ai assez baigné dans la politique étudiante et le quotidien du campus pour comprendre que je dois laisser ma place. Je refuse de tomber dans l’acharnement et dans la redondance que j’ai sentie s’installer dernièrement. Du même coup, je ne me vois pas occuper le même poste pendant plusieurs années. Je n’ai pas envie d’être encore au même endroit dans cinq ou même dix ans. Je ne me vois pas m’immiscer encore et toujours dans les débats des étudiants, toujours vissé au même bureau, à lire le même journal matin après matin. Non, la routine n’est pas «Monfort». Je crois d’ailleurs avoir un peu plus d’ambition que cela.

Une position de choix

J’ai toujours eu l’impression d’être plus un éditorialiste qu’un chroniqueur, n’en déplaise à certains de mes patrons. Il existe une différence fondamentale entre le chroniqueur, qui donne son opinion sur une situation donnée en son propre nom, et celui d’éditorialiste, qui doit apporter une opinion nuancée selon les différents enjeux et les différentes approches envisageables. C’est d’ailleurs pourquoi les deux genres sont différenciés. L’éditorialiste se doit aussi de représenter la ligne éditoriale du journal, ce qui devrait, en temps normal, définir l’orientation du média. Heureusement (ou malheureusement, tout dépend comment vous le prenez), le Zone Campus est dépourvu de toute ligne éditoriale.

Mes débuts ont certainement été des plus arrogants. J’ai longtemps cru que seule mon opinion prévalait et que ceux qui me critiquaient étaient des imbéciles heureux. Cependant, à force de réflexions sur l’actualité, je me suis rendu compte que ma vision bien personnelle des choses n’a aucune importance. En tant qu’«éditorialiste», je devais plutôt revoir l’enjeu dans son ensemble et prendre en compte l’opinion des autres et essayer de proposer une issue plus globale.

On m’a d’ailleurs accusé d’avoir changé d’opinion, plus d’une fois et fréquemment dans la dernière année. C’était comme si j’étais un traître envers moi-même ou quelque chose de la sorte. Pourtant, tout ce que j’ai fait, c’est réajuster la ligne éditoriale de mes chroniques pour me rapprocher de la réalité des étudiants de l’UQTR. C’est particulièrement vrai lorsque j’ai constaté les résultats du vote de reconduction de la grève en mars 2012. J’ai compris que mon opinion n’était pas en phase avec celle de la majorité des étudiants et que je devrais peut-être réévaluer mon message en considérant l’opinion des autres, tout en mettant en doute les différentes prises de position, autant à gauche qu’à droite. J’ai choisi de regarder autour plutôt que de tourner en rond avec toujours la même opinion, telle une mule attachée à un carrousel.

Mes deux années au journal m’ont fait comprendre ce que vit un «vrai» éditorialiste à une micro-échelle. On les accuse souvent d’être à la solde de leurs patrons, de ne jamais (ou bien de trop) changer d’avis ou de défendre une idéologie X ou Y. Cependant, ils ne font que leur travail. Ils ont la lourde tâche de représenter le journal qui les embauche en plus de plaire à son lectorat tout en esquivant les critiques d’à peu près tout le monde. Il ne s’agit pas d’une tâche facile. Ayez donc un peu de respect pour ceux qui vont au bûcher jour après jour pour faire leur job.

Mea culpa

Je m’en voudrais de quitter mon poste sans saluer certaines de mes têtes de Turcs et autres acteurs de l’actualité préférés.

D’abord, je voudrais saluer Jean-Martin Aussant et ses partisans. J’ai eu beaucoup de plaisir à me moquer du «jeune Aussant» ces deux dernières années. C’est comme si je ne pouvais m’empêcher de lancer quelques craques aux «onistes» une fois de temps en temps. Chers nationalistes, continuez à vous mobiliser. Vous avez la force de vos convictions politiques, ce qui est très important. Vous ne formerez jamais un gouvernement, mais vous continuerez à brasser la cage des autres partis.

Aux élus de l’AGE, je vous dirai ceci : rappelez-vous que vous êtes élus pour servir les étudiants et non pour faire avancer un quelconque programme politique. La dernière année nous a montré à quel point vous pouvez avoir du mal à rejoindre les étudiants. Vous devez vous reconnecter avec votre base en vous intéressant à ce qu’ils veulent, et pas à ce que vous pensez qui est bon pour eux.

Aussi, chers représentants présents et passés, j’aimerais vous saluer dignement. Il vous faut du courage pour exercer vos fonctions. L’engagement politique n’est pas pour tout le monde et plusieurs s’y brûlent rapidement. Si vous avez été choqués par certaines de mes chroniques ou si vous avez pris certains de mes textes trop personnellement, je m’en excuse. Peut-être n’êtes-vous pas faits pour la vie politique si tel est le cas. Les vrais chroniqueurs peuvent être bien pires, sinon plus justes, que moi.

Et vous, chers lecteurs de mon cœur, je vous en supplie : impliquez-vous dans la vie de votre campus! Il en va de l’image de l’UQTR, de la démocratie des associations jusqu’aux activités extrascolaires qui sont tenues partout sur le campus. La vie étudiante devrait se résumer à plus que la Chasse Galerie ou l’entrepôt Molson. Elle devrait se vivre par la politique, l’organisation d’activités, la vie culturelle et l’action concrète et locale.

L’implication des étudiants a toujours été ma plus grande préoccupation. J’ai parfois l’impression d’avoir rejoint certains d’entre vous avec mes textes, mais je suis conscient que la grande majorité est encore trop distante pour se sentir interpellée. Il n’y a que vous, chers étudiants, pour choisir de changer la donne. Si vous ne prenez pas votre place, vous laissez les autres choisir en votre nom et l’image du campus se retrouve affectée par la vague de désintérêt qui la ronge. Notre temps à l’UQTR est court, profitez-en donc pour vous impliquer!

En finissant, j’aimerais remercier certaines personnes sans qui je n’écrirais pas ces lignes. Merci à Stéphanie Paradis, Mathieu Plante et toute l’équipe du journal Zone Campus pour m’avoir laissé autant de liberté pendant ces années. Merci à François-Olivier pour m’avoir donné ma chance et à tous ceux qui ont su m’endurer et aux autres qui m’ont ramené sur terre quand c’était le temps. Mais surtout, merci à vous, chers lecteurs. Vous qui m’avez lu, aimé, ou détesté. Merci pour vos critiques, vos opinions et même vos insultes! Ce fut un honneur d’écrire pour vous.

C’est à votre tour de prendre le crachoir.

REPONDRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici