
Des milliers d’enfants en Haiti, issus des quartiers défavorisés, se font voler leur enfance et sont recrutés de force dans les rangs des gangs armés. Cette situation est causée par la prolifération et la consécration du trafic de drogue, la précarité économique et sociale.
Les causes
En Haïti, le phénomène des enfants soldats et des jeunes recrutés de force par les gangs est une plaie ouverte qui gangrène la société. Derrière cette situation, se cache une réalité complexe, tissée d’un ensemble de facteurs socio-économiques et politiques qui privent des milliers d’enfants de leur enfance et pousse 70% d’entre eux à rejoindre les gangs, selon l’UNICEF.
La pauvreté endémique, combinée à une inégalité sociale criante, constitue l’un des principaux moteurs de ce fléau. De nombreux enfants haïtiens, issus des quartiers les plus défavorisés, n’ont d’autre choix que de se tourner vers les gangs pour survivre. Ces derniers leur promettent de la nourriture, un toit et un sentiment d’appartenance, des éléments fondamentaux qui leur font cruellement défaut. « Il est de notre responsabilité collective de leur garantir protection, espoir et la possibilité de bâtir un avenir meilleur », a ainsi déclaré Arielle Jeanty Villedrouin, directrice générale de l’IBESR.
L’impact sur les enfants
L’instabilité politique chronique qui secoue Haïti depuis des décennies a également un impact dévastateur sur les enfants avec l’absence de politiques publiques concrètes. Les conflits armés, les coups d’État et les catastrophes naturelles à répétition fragilisent les institutions, détruisent les infrastructures et sèment le chaos. Dans ce contexte, les gangs profitent du vide laissé par l’État pour étendre leur influence et recruter de jeunes recrues, dans le but de promouvoir une économie parallèle avec pour fonds de commerce, le trafic de drogue, la prostitution et le trafic d’armes. C’est dans ce sens que Geeta Narayan représentante de l’UNICEF en Haïti, souligne qu’« il est impératif d’intensifier les efforts pour répondre à cette crise ».

Le manque de perspectives d’avenir pousse de nombreux jeunes haïtiens vers les gangs. Un système éducatif défaillant et sous-financé ne leur offre pas d’alternatives. Sans emploi ni espoir, ils sont facilement recrutés. De plus, une culture de la violence, profondément ancrée, normalise l’usage de la force. Les enfants grandissant dans un tel environnement sont plus susceptibles de perpétuer ce cycle de violence.
Les conséquences
Le phénomène des enfants soldats en Haïti engendre des conséquences désastreuses à long terme, tant pour les individus concernés que pour la société dans son ensemble. Ces jeunes, arrachés à leur enfance et contraints à la violence, portent en eux les stigmates d’expériences traumatisantes. Ils souffrent souvent de troubles psychologiques profonds, tels que le stress post-traumatique, l’anxiété et la dépression. De plus, leur intégration sociale est rendue extrêmement difficile. Marqués à vie par leur passé, ils peinent à renouer des liens avec leur famille et leur communauté et ils ont du mal à trouver leur place dans la société.
Sur le plan social, le recrutement d’enfants par les gangs contribue à perpétuer un cycle de violence. Ces jeunes, une fois désarmés, peuvent à leur tour devenir des recruteurs, perpétuant ainsi un cercle vicieux. De plus, la présence d’enfants-soldats au sein des gangs fragilise encore davantage le tissu social et alimente la peur au sein des communautés.
Au niveau économique, le phénomène entraîne également des répercussions importantes. Les enfants-soldats représentent une main-d’œuvre bon marché et sont facilement manipulables pour les gangs. Leur exploitation prive la société haïtienne d’une génération entière, qui aurait pu contribuer à son développement. Enfin, les conflits armés liés à l’activité des gangs entraînent des conséquences désastreuses sur l’économie haïtienne, en détruisant les infrastructures et en décourageant les investissements.
Références
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2122138/haiti-gangs-armes-groupes-enfants-unicef