Depuis hier jusqu’à dimanche, le Théâtre des Nouveaux Compagnons (TNC) présente Le Pillowman, pièce écrite à l’origine par l’Irlandais Martin McDonagh, traduite par l’auteure et scénariste Fanny Britt puis mise en scène par Adamo Ionata, une première pour lui.
Dans un État dirigé par une dictature policière, un aspirant romancier (Patric Saucier) est interrogé par deux enquêteurs (Patrick Lacombe et Martin Bergeron) aux méthodes musclées. La raison de cet interrogatoire: une série de crimes similaires aux histoires du suspect.
Résumée ainsi, une telle pièce de théâtre semble mettre en scène une intrigue policière classique. Toutefois, il s’agit en fait d’aborder les sujets de l’abus de pouvoir, de la liberté de créer, de l’amour fraternel et du traumatisme d’enfance. L’interrogatoire et ses issues deviennent alors un cadre pour ces thèmes.
Pour les habitué.e.s du TNC, je dois vous avertir que vous risquez de ressortir de la salle Louis-Philippe Poisson complètement touché.e.s, voire ébranlé.e.s, plutôt que d’être diverti.e.s et amusé.e.s et ce, malgré quelques moments d’humour dus à certaines répliques un peu «baveuses» ou remplies de candeur. Je vous avise également qu’il y a de la violence et des jurons. Toutefois, rien n’est gratuit et le tout s’avère nécessaire afin de rendre crédible l’histoire et d’en renforcer son intensité.
Une pièce coup de poing, où traumatisme familial et violence policière se côtoient.
Les acteurs sont convaincants dans des rôles qui demandent beaucoup d’intensité et d’énergie, dont le jeu atteint son paroxysme vers le dernier tiers rentre-dedans. Cependant, le mélange de langage soutenu avec un registre plus familier gomme parfois l’aspect rustre et sadique des deux enquêteurs.
Soulignons également le jeu de Jean-François Pinard dans le rôle de Michal. Initialement «pas certain d’avoir le casting pour combler ce rôle» (livret de la pièce), l’acteur réussit à incarner une personne vivant avec un retard cognitif avec beaucoup de tact et de professionnalisme.
Adamo Ionata a révélé au Zone Campus être pleinement satisfait de la première, conclue par une longue ovation debout. Le metteur en scène aura donc été capable, à partir d’un coup de cœur personnel découvert en 2008, de surmonter les appréhensions initiales de la part du TNC pour ensuite conquérir le public présent.
Date de présentation
Vendredi 12 janvier, 20h
Samedi 13 janvier, 20h
Dimanche 14 janvier, 14h
Lieu
Salle Louis-Philippe-Poisson, Maison de la culture de Trois-Rivières