
Pour leur numéro 129, la revue Le Sabord a laissé les artistes explorer le thème de l’antichambre. Les différents éléments questionnent ce lieu d’entre-deux. Le Sabord, mêlant arts et création littéraire, est une revue trifluvienne qui souhaite engager les conversations entre artistes. Créée par Guy Marchamps et Jean Laprise, la revue est établie dans le milieu québécois depuis 1983.
Antichambres
Désignant originellement une salle d’attente, l’antichambre peut qualifier une situation ou un lieu qui provoque un sentiment d’attente. Toutefois, l’antichambre peut également être le lieu d’une anticipation positive, un moment d’attente avant le bonheur. Au travers des oeuvres autant poétiques qu’artistiques, l’errance règne, qu’elle soit positive ou négative.
Moments poétiques
Les poèmes contenus dans la revue sont d’une grande qualité littéraire. Cependant, certains d’entre eux peuvent sembler herméneutiques pour des lecteurs novices. Même si le sens du poème nous semble inaccessible, nous pouvons toutefois ressentir l’émotion que tentaient de nous transmettre les poètes et nouvellistes.
Nous avons eu un coup de cœur pour la nouvelle « Onires » de J.D. Kurtness, elle qui nous plongeait dans une position d’attente anxieuse. L’univers créé de toutes parts par l’artiste rendait les détails fictifs et étrangers complices de notre anxiété grandissante. Même si la lecture nous a facilement rendu incomfortable, ce n’était pas dû à la qualité des textes, mais parce qu’ils avaient le talent de nous faire ressentir ce qu’ils voulaient nous dire.
Compositions artistiques

Pour ce qui est des oeuvres artistiques qui parcourent la revue, les textes descriptifs de Karine Bouchard, directrice générale de la revue, ont pu permettre aux lecteurs de voir le lien avec l’antichambre. Toutefois, leurs intentions artistiques correspondent bel et bien avec le thème imposé.
Les types d’oeuvres présentées sont variées : compositions organiques de diverses oeuvres, toiles, performances, etc. La revue ne permet pas d’encapsuler la profondeur des performances d’artistes. Alors, on retrouve des codes QR parsemés dans la revue qui permettent aux lecteurs de visionner leurs prouesses artistiques.
Le jumelage entre les oeuvres artistique et les textes de création permettent une meilleure immersion dans les oeuvres. Les photos sont magnifiques et les couleurs saturées, faisant ressortir le moindre détail qui serait normalement manqué au premier regard. De plus, la composition des oeuvres est décrite, de la taille aux matériaux utilisés. Cela nous donne l’impression d’y être.
Ancrages
Cette portion de la revue permet d’investiguer plus profond dans l’oeuvre d’un.e artiste, autant littéraire qu’artistique. Pour ce numéro, c’est l’artiste visuel Klaus Scherübel qui a pu voir son projet METRO-Net au coeur de cette chronique. À l’intérieur, Karine Bouchard et lui discutent notamment de ses inspirations et de sa démarche créative. S’inspirant de l’oeuvre de Martin Kippenberger, l’oeuvre de Scherübel québécise cette idée originale.
Fils créatifs
Anne-Marie Duquette s’est ici entretenue avec l’autrice Mélikah Abdelmoumen afin de discuter de son oeuvre Petite-ville. Alors que l’écrivaine a amplement discuté de son rapport à l’antichambre dans son essai Baldwin, Styron et moi, elle utilise son vécu pour nourrir a nouvelle parution. Ses personnages incarnent aussi ce non-lieu en flânant entre la vie et la mort, mais également dans cette attente de liberté. Un livre qui donne envie d’explorer ce que l’on tente d’échapper.

Prix Louise Paillé 2024
Edmond Rochette Pelletier, avec son projet Jouer à se laisser tomber, se retrouve dans ce numéro. Son oeuvre se colle bien à ce thème, lui qui place son oeuvre dans le ciel, entre terre et epace. Armé de sa création en papier kraft et d’un ballon météorologique, Rochette Pelletier utilise le hasard du vent pour faire retomber son oeuvre. L’entrevue, réalisée par Karine Bouchard, permet de mieux comprendre l’intention de l’auteur et son processus créatif.
À livre ouvert
Dans cette dernière section de la revue, on y propose quelques lectures pour approfondir notre compréhension de l’antichambre. On y retrouve autant de la fiction que de la non-fiction, faisant côtoyer le populaire roman Amiante de Sébastien Dulude et Denis Rousseau : Électron libre/Free Spirit.
Critique de ce numéro
Bien que certains textes soient difficiles à comprendre, les oeuvres visuelles valent le détour. Cette issue permet d’explorer des angles de l’antichambre que nous n’aurions jamais considéré auparavant grâce à la créativité des différents artistes. Si j’avais une oeuvre à vous conseiller, ce serait probablement les photographies tirées de l’oeuvre Conversations aquatiques microscopiques d’Olivia Boudreau. Nous restons sans voix devant les images magnifiques qui encapsulent une variété d’émotions.
Pour contribuer aux prochain numéro, rendez-vous sur leur site web. Et pour vous procurer le prochain numéro sous le thème « sas », gardez l’oeil ouvert lors de votre prochaine visite en librairie.