L’économie du pays : réélection de Donald Trump : quelles conséquences pour l’économie canadienne et mondiale ?

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Crédit: Camille Limoges

La réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis marque le début d’une nouvelle ère économique et diplomatique aux répercussions potentiellement profondes pour le Canada et le reste du monde. Sa première présidence a mis en place des politiques résolument protectionnistes et nationalistes, avec un impact majeur sur les relations commerciales et les équilibres géopolitiques. Alors que Trump entame son second mandat, de nombreuses questions se posent sur l’avenir de l’économie mondiale et sur les défis particuliers qui attendent le Canada, son principal partenaire commercial. Cette chronique explore les effets que pourraient avoir ce nouveau chapitre de la présidence Trump, notamment en matière de commerce, de chaînes d’approvisionnement, de stabilité géopolitique et d’environnement.

Un protectionnisme intense et des effets directs pour le Canada

La politique « America First » chère à Donald Trump a déjà eu des conséquences importantes sur les échanges commerciaux, et son second mandat semble bien décidé à poursuivre dans cette voie. Le Canada, qui dépend largement des États-Unis pour ses exportations, pourrait voir émerger de nouvelles barrières commerciales, avec des répercussions directes pour les entreprises canadiennes. En effet, des secteurs clés tels que l’automobile, l’agriculture et l’énergie, fortement intégrés au marché américain, risquent d’être particulièrement touchés si Trump impose davantage de droits de douane ou de restrictions pour encourager la production domestique.

Dans ce contexte, le Canada pourrait être contraint d’accélérer ses efforts pour diversifier ses partenaires commerciaux, notamment en se tournant vers l’Europe et l’Asie, afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des États-Unis. Cependant, une telle transition nécessiterait du temps et des investissements, et il est peu probable que d’autres marchés puissent compenser à court terme les pertes potentielles résultant de restrictions américaines. Cette situation pourrait également inciter Ottawa à revoir certaines politiques fiscales et commerciales pour soutenir les exportateurs canadiens dans cette période d’incertitude.

Le nouveau Président Donald Trump lors d’un meeting de campagne à Grand Rapids, dans le Michigan, aux États-Unis, le 5 novembre 2024. Crédits: afp.com/KAMIL KRZACZYNSKI

Perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales

Sous Trump, les États-Unis ont amorcé un découplage économique avec la Chine, visant à rapatrier certaines chaînes de production considérées comme stratégiques pour la sécurité nationale. Ce processus, relancé avec force sous le second mandat, pourrait avoir des impacts importants sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, et donc sur le Canada, qui joue un rôle clé dans ces réseaux intégrés entre les États-Unis et la Chine.

Les entreprises canadiennes qui dépendent de ces chaînes de valeur mondiales pourraient voir leurs coûts augmenter, alors que des biens intermédiaires et des matières premières risquent de devenir plus chers et moins accessibles. Cela pourrait contraindre plusieurs secteurs industriels canadiens à repenser leurs chaînes d’approvisionnement et à investir dans des alternatives locales ou régionales, un processus coûteux et complexe. Cette transition pourrait prendre des années, et les entreprises les plus petites pourraient avoir des difficultés à supporter ces ajustements.

Instabilité géopolitique et volatilité des marchés

La politique étrangère de Trump, caractérisée par un style souvent imprévisible et des positions unilatérales, risque d’amplifier les tensions géopolitiques dans plusieurs régions, notamment avec la Chine et le Moyen-Orient. Un tel climat pourrait exacerber les risques pour les marchés financiers mondiaux, affectant indirectement l’économie canadienne, fortement dépendante des exportations et sensible aux fluctuations des prix des matières premières, comme le pétrole.

Si de nouvelles tensions émergent avec la Chine, cela pourrait entraîner une volatilité accrue des prix du pétrole et des autres ressources naturelles, des marchés dont le Canada est largement tributaire. Par ailleurs, l’incertitude géopolitique pourrait réduire la confiance des investisseurs, poussant ceux-ci à éviter les investissements risqués dans des secteurs exportateurs, un coup dur pour les économies ouvertes comme celle du Canada. Une telle instabilité pourrait également influencer la politique monétaire canadienne, incitant potentiellement la Banque du Canada à maintenir des taux bas pour stimuler l’économie dans un contexte d’incertitude.

Environnement et retrait des engagements climatiques

Partisans de Donald Trump. Crédit : Washington Post

L’une des premières mesures de Donald Trump lors de son premier mandat avait été de se retirer des accords de Paris sur le climat, et son second mandat promet de maintenir cette orientation. Cette décision pourrait freiner les initiatives internationales en matière de climat, d’autant plus que les États-Unis jouent historiquement un rôle central dans les accords environnementaux. Pour le Canada, qui a adopté des politiques ambitieuses de réduction des émissions de gaz à effet de serre, cette réélection pourrait rendre plus difficile la transition écologique, surtout dans les secteurs énergétiques transfrontaliers, comme les pipelines.

En outre, sans la pression des États-Unis pour réduire leurs propres émissions, d’autres grandes puissances mondiales pourraient être moins enclines à accélérer leurs propres transitions énergétiques. Cela pourrait, à terme, désavantager les entreprises canadiennes soumises à des réglementations environnementales strictes, tandis que leurs homologues américaines, moins contraintes, conserveraient un avantage concurrentiel. Ce retrait de l’engagement américain dans la lutte contre le changement climatique pourrait donc renforcer les pressions économiques sur le Canada pour maintenir sa compétitivité, tout en respectant ses engagements écologiques.

Conséquences pour la politique intérieure canadienne

La victoire de Donald Trump pourrait également influencer le climat politique au Canada. En effet, la montée des mouvements populistes aux États-Unis et l’intensification des discours protectionnistes risquent de renforcer certaines tendances similaires au Canada, créant ainsi des pressions pour adapter la politique économique nationale aux priorités de l’électorat.

Avec un voisin américain qui privilégie des politiques économiques plus fermées, le Canada pourrait être tenté de durcir ses propres positions pour se protéger des retombées potentielles. Une telle situation pourrait renforcer les discours nationalistes, affectant l’élaboration de nouvelles politiques commerciales et de nouvelles stratégies d’investissement. En d’autres termes, la réélection de Trump pourrait alimenter la montée d’un protectionnisme canadien qui pourrait freiner les efforts d’ouverture et de diversification initiés pour réduire la dépendance aux États-Unis.

Donald Trump en plein discours. Crédit: Adam Gray/Bloomberg via Getty Images

Conclusion : Vers une économie mondiale et canadienne transformée

La réélection de Donald Trump aura des conséquences considérables pour le Canada et l’économie mondiale. Les entreprises canadiennes devront s’adapter à un environnement commercial plus restrictif, où les tensions géopolitiques et les barrières commerciales risquent d’introduire de nouvelles incertitudes et des coûts supplémentaires. La politique environnementale des États-Unis, largement influencée par la nouvelle administration, pourrait également freiner les efforts climatiques globaux et ajouter de la pression sur les entreprises canadiennes, déjà soumises à des normes strictes.

Dans ce contexte, le Canada devra renforcer ses efforts de diversification économique et rechercher de nouveaux partenariats, tout en consolidant ses chaînes de production nationales pour mieux faire face aux chocs externes. Cette situation appelle également à une réflexion sur les politiques intérieures, notamment en matière d’infrastructures et de résilience économique, pour permettre aux entreprises canadiennes de rester compétitives dans un monde en mutation rapide.

L’avenir des relations canado-américaines sous le nouveau mandat de Donald Trump s’annonce donc complexe et délicat. Le Canada devra naviguer habilement entre l’adaptation aux réalités d’une économie mondiale en mutation et le maintien de son autonomie économique pour garantir la stabilité et la prospérité de ses industries dans les années à venir.

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