L’économie du pays : Le Canada face à une tempête politique et économique en 2025

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L’économie du pays est une chronique bimensuelle. Illustration : Camille Limoges.

En ce début d’année 2025, le Canada se trouve confronté à une série de crises inédites qui mettent à l’épreuve sa stabilité politique et sa résilience économique. Entre la démission inattendue de Justin Trudeau, les menaces tarifaires de Donald Trump, et l’idée provocatrice de faire du Canada le 51e État des États-Unis, le pays navigue en eaux troubles. Cette situation complexe suscite des interrogations sur l’avenir de la nation, tant sur le plan économique que géopolitique.

La démission de Justin Trudeau : un coup dur pour la stabilité politique

Le 8 janvier 2025, Justin Trudeau a annoncé sa démission après une décennie marquée par des succès mitigés et des controverses croissantes. Ce départ, perçu comme soudain, est intervenu dans un contexte de tensions politiques internes, de pressions sur le Parti libéral, et de critiques concernant sa gestion des défis économiques post-pandémie.

Premier ministre Justin Trudeau. Crédit : Getty Images / AFP/Dave Chan

Sous Trudeau, le Canada a cherché à se positionner comme un leader progressiste sur la scène mondiale, avec des politiques axées sur le changement climatique, l’inclusion sociale et l’expansion du commerce international. Cependant, des scandales politiques, des divisions croissantes au sein du pays et une opposition de plus en plus structurée ont fragilisé son gouvernement. Sa démission laisse un vide dans une période critique, où le pays a besoin d’une direction claire face à des défis externes sans précédent.

L’épée de Damoclès des tarifs douaniers américains

Sur le front économique, une menace bien plus directe pèse sur le Canada : Donald Trump, de retour au pouvoir après sa réélection en 2024, a annoncé son intention d’imposer un droit de douane de 25 % sur tous les produits canadiens. Cette mesure s’inscrit dans une rhétorique protectionniste renforcée par le slogan de campagne revisité de Trump, « Make America Great Again, Again ».

Pour le Canada, l’impact potentiel de ces tarifs serait colossal. Les États-Unis représentent environ 75 % des exportations canadiennes, couvrant des secteurs stratégiques comme l’énergie, l’automobile, l’agriculture, et les produits manufacturés. Une taxe de 25 % augmenterait considérablement le coût des exportations canadiennes, rendant ces produits moins compétitifs sur le marché américain. Cela pourrait entraîner :

  • Une contraction significative des exportations canadiennes.
  • Des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement transfrontalières.
  • Des pertes d’emplois massives dans les industries dépendantes des exportations.

Selon des analystes économiques, l’instauration de tels droits de douane pourrait amputer le PIB canadien de 1,5 % à 2 % dès la première année. L’impact sur les petites et moyennes entreprises, souvent moins résilientes face aux chocs tarifaires, serait particulièrement dévastateur.

Le spectre d’un « 51e État »

Dans un geste encore plus provocateur, Trump a suggéré que le Canada pourrait être annexé en tant que 51e État des États-Unis. Cette déclaration, bien que largement considérée comme une provocation politique, a trouvé un écho chez certains segments de la population américaine et canadienne. Les partisans de cette idée avancent des arguments économiques, soulignant que l’intégration pourrait simplifier le commerce, unifier les politiques monétaires, et renforcer la position géopolitique des deux pays face à des puissances comme la Chine.

Donald Trump. Crédit : Evan Vucci / Press

Cependant, cette proposition soulève des questions fondamentales sur la souveraineté canadienne. Le Canada, avec son identité distincte fondée sur des valeurs de diversité, de multilatéralisme, et de gouvernance indépendante, ne se résumerait pas à une simple extension des États-Unis. Cette rhétorique risque d’alimenter un ressentiment nationaliste et d’exacerber les divisions entre ceux qui souhaitent préserver l’autonomie du Canada et ceux qui pourraient être séduits par la promesse d’une stabilité économique à court terme.

Une économie déjà sous pression

Avant même ces développements récents, l’économie canadienne était déjà sous pression. Les effets résiduels de la pandémie de COVID-19, combinés à une inflation persistante et à une croissance molle, ont créé un climat d’incertitude. Le secteur immobilier, autrefois pilier de l’économie, montre des signes de surchauffe, avec des niveaux d’endettement des ménages atteignant des sommets inquiétants. Parallèlement, la transition énergétique reste un défi majeur, alors que le pays cherche à réduire sa dépendance aux hydrocarbures tout en maintenant des milliers d’emplois dans les provinces productrices comme l’Alberta.

La Banque du Canada, face à une inflation encore supérieure à sa cible de 2 %, a maintenu des taux d’intérêt élevés, ce qui freine les investissements privés et pèse sur la consommation des ménages. Dans ce contexte, les menaces tarifaires américaines et l’instabilité politique interne ne font qu’ajouter à la volatilité.

Comment le Canada peut-il surmonter ces défis ?

Face à cette conjoncture, plusieurs pistes d’action émergent pour le Canada :

  1. Diversification des partenaires commerciaux : L’une des solutions les plus souvent évoquées est de réduire la dépendance économique aux États-Unis en renforçant les échanges avec l’Europe et l’Asie, notamment à travers des accords comme le CETA et le Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP).
  2. Renforcement de l’unité nationale : La crise actuelle nécessite une approche unifiée. Les nouveaux dirigeants politiques devront travailler à rassembler les différentes provinces, notamment le Québec et l’Ouest canadien, autour d’une vision commune pour l’avenir.
  3. Investissement dans l’innovation et la transition énergétique : Accélérer la transition vers une économie verte pourrait positionner le Canada comme un leader mondial dans les technologies propres, tout en réduisant sa vulnérabilité aux fluctuations des marchés de l’énergie.
  4. Approfondissement des relations multilatérales : En renforçant son rôle au sein du G7, de l’OTAN et d’autres institutions internationales, le Canada peut continuer à peser sur la scène mondiale, malgré les défis bilatéraux avec les États-Unis.

Une nation à un carrefour historique

Le Canada de 2025 est une nation à un carrefour, confrontée à des choix difficiles qui détermineront son avenir. La démission de Justin Trudeau, les menaces protectionnistes de Donald Trump, et l’idée controversée d’une annexion sont autant de défis qui mettent en lumière la nécessité d’une action décisive et stratégique. Si ces épreuves sont redoutables, elles représentent également une opportunité pour le Canada de redéfinir son identité, de diversifier son économie, et de renforcer sa résilience face aux turbulences mondiales.

Le chemin à parcourir est incertain, mais comme le montre l’histoire du Canada, c’est dans les moments les plus difficiles que le pays a su trouver sa force et son unité. Reste à savoir si ses dirigeants, ses institutions et ses citoyens sauront se mobiliser pour relever les défis qui les attendent.

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