L’économie du pays : L’impact de la santé mentale sur la productivité économique aujourd’hui

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La santé mentale est devenue un enjeu majeur, non seulement pour les individus, mais aussi pour les entreprises et les économies dans leur ensemble. Longtemps négligée, elle fait désormais partie des priorités des organisations qui cherchent à optimiser leur productivité. En effet, les troubles psychologiques comme l’anxiété, le stress et la dépression influencent de manière significative la performance des travailleurs et, par extension, la croissance économique. Cette chronique propose de décrypter l’impact de la santé mentale sur la productivité économique à l’heure actuelle.

La santé mentale : un pilier de la performance individuelle

Illustration d’une personne souffrant d’anxiété. Crédit : iStock/Ici-radio-Canada

Pour comprendre l’impact de la santé mentale sur la productivité, il est d’abord essentiel de saisir la manière dont elle affecte directement la performance des individus. La santé mentale englobe l’équilibre émotionnel, psychologique et social. Lorsque cet équilibre est perturbé, les conséquences peuvent être graves, non seulement pour la personne concernée, mais aussi pour son environnement de travail. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 264 millions de personnes souffrent de dépression, un trouble souvent associé à une baisse de productivité au travail.

  • Répercussions sur la concentration et la prise de décision : Les troubles de santé mentale comme l’anxiété peuvent entraîner des difficultés de concentration, ce qui affecte la qualité du travail. La prise de décision est souvent altérée, provoquant des erreurs coûteuses.
  • Taux d’absentéisme élevé : Les employés souffrant de problèmes de santé mentale sont souvent absents plus fréquemment que leurs pairs en bonne santé. Cela se traduit par des périodes de maladie plus longues, ce qui affecte le bon fonctionnement des équipes.
  • Présentéisme : À l’inverse de l’absentéisme, le présentéisme désigne la présence physique des employés, bien qu’ils soient incapables de fournir un rendement normal en raison de leur état mental. Cela peut peser lourd sur la performance globale de l’entreprise.

Coûts économiques liés à la santé mentale

Une personne souffrant de stress. Crédit : Pexels/women’s brain health initiative

Les troubles mentaux ont un coût économique important, à la fois direct et indirect. Il serait judicieux pour les économies de comprendre l’ampleur de ces coûts afin de prendre des mesures efficaces.

  • Les coûts directs : Ils incluent les frais médicaux pour le traitement des troubles mentaux, tels que les consultations psychologiques, les médicaments et les hospitalisations. Ces dépenses peuvent être particulièrement lourdes pour les systèmes de santé publique, ainsi que pour les entreprises qui prennent en charge une partie de ces coûts à travers les régimes d’assurance.
  • Les coûts indirects : Ils sont souvent beaucoup plus difficiles à mesurer, mais leur impact est tout aussi significatif. Le plus important d’entre eux est la perte de productivité. Une étude menée par Deloitte a révélé que les entreprises britanniques perdent environ 45 milliards de livres par an en raison de la mauvaise santé mentale de leurs employés, principalement en raison du présentéisme, de l’absentéisme et du roulement de personnel.

Les entreprises doivent donc investir de manière proactive dans la prévention et le soutien des troubles mentaux pour minimiser ces pertes. Les initiatives comme les programmes de bien-être mental, l’accès à des conseillers ou encore la promotion d’un environnement de travail sain peuvent jouer un rôle essentiel.

L’évolution du travail : facteur aggravant ou solution ?

Le monde du travail évolue rapidement, notamment avec la montée en puissance du télétravail et des technologies numériques. Ces changements peuvent avoir des effets ambivalents sur la santé mentale.

  • Télétravail et isolement : Le télétravail, s’il permet une plus grande flexibilité, peut aussi accentuer le sentiment d’isolement chez certains employés. Sans une séparation claire entre vie professionnelle et vie personnelle, les travailleurs peuvent souffrir d’un épuisement psychologique, qui affecte leur productivité à long terme.
  • Technologie et surcharge d’information : Les outils numériques, s’ils facilitent la collaboration, peuvent aussi contribuer à la surcharge cognitive et au stress. Le flot constant d’informations et d’interruptions (emails, notifications, réunions virtuelles) laisse peu de place à des moments de déconnexion et de récupération mentale.

Cependant, des solutions existent. De nombreuses entreprises commencent à prendre des mesures pour protéger la santé mentale de leurs employés dans ce nouveau contexte. Par exemple, la mise en place de journées sans réunion ou l’introduction de horaires de travail flexibles permet de mieux gérer la charge mentale.

Le télétravail est un facteur contribuant à dégrader la santé mentale des employés. Crédit : crizzystudio@stock.adobe.com

Vers une économie plus inclusive de la santé mentale

Face à l’ampleur des enjeux, certaines entreprises et gouvernements ont décidé d’agir pour intégrer la santé mentale dans leurs politiques de gestion des ressources humaines et de santé publique. L’idée est de passer d’une approche réactive à une approche proactive.

  • Les politiques publiques : De plus en plus de pays prennent conscience de l’impact des troubles mentaux sur leur productivité économique. En France, par exemple, le gouvernement a introduit des programmes de sensibilisation à la santé mentale au travail, notamment à travers des campagnes d’information ou encore le renforcement des services de soutien psychologique pour les employés.
  • L’entreprise comme acteur du changement : Certaines entreprises ont également pris l’initiative de prioriser le bien-être mental de leurs salariés. Microsoft et Google, par exemple, offrent des services de thérapie et de coaching en ligne, tout en promouvant un environnement de travail flexible et centré sur l’humain.

Ces actions s’inscrivent dans une vision d’une économie durable, où la productivité ne se mesure plus uniquement à court terme par le rendement immédiat, mais aussi à long terme par la capacité à maintenir une main-d’œuvre en bonne santé.

Ce qu’on peut retenir…

La santé mentale n’est plus un sujet secondaire dans le monde de l’entreprise et dans l’économie en général. Les données montrent clairement que le bien-être psychologique des employés a un impact direct sur la productivité des entreprises et sur la performance économique globale des pays. Négliger cet aspect reviendrait à compromettre le potentiel de croissance à long terme.

Ainsi, à l’heure où les entreprises doivent relever des défis complexes liés aux nouvelles formes de travail et à la gestion des talents, elles se doivent d’intégrer la santé mentale au cœur de leurs stratégies. C’est en favorisant un environnement de travail sain et en soutenant activement leurs employés que les entreprises pourront atteindre un niveau de productivité durable et performant.

En fin de compte, investir dans la santé mentale, c’est investir dans une économie plus productive, plus inclusive et plus résiliente.

Références

https://www.deloitte.com/global/en/about/people/blogs/mental-health-at-work.html

https://www.who.int/health-topics/mental-health#tab=tab_1

https://www.lemonde.fr/en/science/article/2023/02/14/one-in-five-young-french-people-has-a-depressive-disorder_6015640_10.html

https://medlineplus.gov/howtoimprovementalhealth.html

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