
La rentrée est arrivée et, avec elle, le moment de prendre un pas de recul sur ce qui a marqué l’été 2025 sur le plan économique. Tandis que plusieurs profitaient de la belle saison, l’actualité économique a continué de bouger, souvent dans la douleur : finances publiques fragiles au Québec, marché du travail chancelant au Canada, tensions commerciales et défis climatiques à l’échelle mondiale. Pour comprendre dans quel état nous abordons l’automne, faisons un tour d’horizon des principaux faits saillants qui ont rythmé les derniers mois, d’ici et d’ailleurs.
Québec : déficit et vulnérabilité

Au Québec, l’été 2025 a mis en lumière des finances publiques sous forte pression. Le déficit pour l’exercice 2024-2025 s’est élevé à 8,1 milliards de dollars, et les projections annoncent une hausse à 11,4 milliards en 2025-2026. Ce niveau place la province parmi celles qui affichent les déséquilibres budgétaires les plus lourds au pays, un signal préoccupant alors que la croissance économique ralentit.
Pour stimuler l’activité, le gouvernement mise sur un vaste plan d’infrastructures s’échelonnant sur dix ans. Ce programme doit moderniser les transports, les écoles et les hôpitaux, tout en soutenant l’emploi dans le secteur de la construction. Toutefois, ses effets immédiats restent limités, car les chantiers prennent du temps à se concrétiser et les retombées économiques tardent à se faire sentir.
Parallèlement, l’économie québécoise demeure vulnérable aux chocs externes. Les tensions tarifaires à l’échelle nord-américaine compliquent les exportations manufacturières et affaiblissent la compétitivité des entreprises locales. À ces incertitudes commerciales s’ajoutent les aléas climatiques : les feux de forêt et la sécheresse de l’été 2025 ont lourdement affecté l’agriculture, réduit les rendements et mis en péril plusieurs exploitations. Ces événements rappellent que le Québec, comme d’autres économies, doit composer avec une forte dépendance aux conditions climatiques et aux fluctuations du commerce international.
Canada : chômage en hausse et récession en vue

L’économie canadienne a traversé un été difficile, marqué par un net affaiblissement du marché du travail. En août 2025, le pays a perdu 65 500 emplois, un recul concentré dans les services professionnels, le transport et l’entreposage. Le taux de chômage a ainsi grimpé à 7,1 %, son plus haut niveau depuis 2016 si l’on exclut la période pandémique. Les jeunes ont été particulièrement frappés, avec un chômage de 14,5 %, un record qui traduit leurs difficultés d’insertion sur le marché du travail malgré la saison estivale habituellement plus favorable.
Cette détérioration s’inscrit dans une tendance plus large de ralentissement. Le PIB réel a reculé de 0,1 % en avril et en mai, et une récession technique semble de plus en plus probable. Les exportations peinent à croître dans un contexte de tensions tarifaires, les ventes au détail reflètent une consommation prudente et les investissements des entreprises stagnent malgré un environnement de taux d’intérêt en baisse.
Pour réagir, le gouvernement fédéral a présenté un projet de loi visant à accélérer l’approbation des grands projets, réduire les barrières commerciales internes et attirer de nouveaux investissements. L’objectif est de redonner un souffle à l’économie et de préserver l’emploi dans les secteurs stratégiques. De son côté, la Banque du Canada a déjà abaissé son taux directeur à 2,75 % et pourrait encore le réduire d’ici la fin de l’année pour soutenir la reprise. Toutefois, ces efforts se heurtent à une autre réalité : l’été a été marqué par des chocs climatiques majeurs. Les incendies de forêt et la sécheresse ont touché plusieurs provinces, détruit des récoltes et entraîné des évacuations massives. Ces événements ont alourdi la facture économique et miné la confiance des ménages et des entreprises.
Monde : croissance fragile malgré la résilience

Sur la scène internationale, l’économie mondiale a montré une résilience relative, mais les perspectives demeurent fragiles. La croissance mondiale, estimée à 3,3 % en 2024, a permis de mieux absorber les tensions commerciales et tarifaires qui se sont intensifiées en 2025. Des achats anticipés, des plans de relance ciblés et l’essor des investissements en intelligence artificielle ont soutenu la dynamique. Toutefois, les grandes institutions internationales ont revu leurs prévisions : le FMI table désormais sur 3,0 % de croissance en 2025 et 3,1 % en 2026, alors que l’OCDE abaisse ses estimations à 3,1 % pour 2025, évoquant des risques liés aux guerres commerciales, à l’inflation et à l’instabilité géopolitique. Les économies avancées devraient rester sous la barre des 2 %, et le Canada figure parmi les pays les plus fragilisés, avec une croissance projetée de seulement 0,8 % en 2025.
En parallèle, la question climatique s’impose de plus en plus comme un facteur macroéconomique mondial. Les incendies et sécheresses qui ont marqué le Canada trouvent leur équivalent dans plusieurs autres régions, pesant sur les chaînes d’approvisionnement et sur les prix alimentaires. Dans ce contexte, le G7 tenu en Alberta en juin a mis en avant la nécessité de diversifier les chaînes d’approvisionnement, de renforcer les partenariats multilatéraux et d’intégrer plus systématiquement l’adaptation climatique dans les stratégies économiques. Ainsi, l’été 2025 a révélé une économie mondiale encore capable de résister, mais tiraillée entre des dynamiques de relance technologique et des pressions commerciales, climatiques et géopolitiques qui assombrissent l’horizon.
À retenir…
En somme, l’été 2025 aura laissé une empreinte lourde sur l’économie, du Québec au reste du monde. Déficits budgétaires, marché du travail fragilisé, croissance mondiale sous tension et chocs climatiques rappellent à quel point la conjoncture reste instable. À l’aube de l’automne, les gouvernements comme les entreprises devront naviguer entre incertitudes et adaptations rapides pour préserver la confiance et préparer l’avenir.