
Depuis samedi dernier, un décret américain impose des droits de douane au Canada. Cette mesure, annoncée par le nouveau président, vise à inciter Ottawa à lutter contre des menaces affectant la sécurité des Américains.
L’escalade des tensions commerciales
Les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis connaissent une nouvelle crise avec l’imposition de droits de douane massifs sur les produits canadiens. Décidée par le président américain Donald Trump, cette mesure impose une taxe de 25 % sur l’ensemble des produits canadiens, avec une exception relative pour les ressources énergétiques, qui seront tout de même taxées à hauteur de 10 %. L’annonce a été faite par décret présidentiel diffusé le samedi dernier et prendra effet dès le mardi 4 février.
Selon les justifications avancées par l’administration Trump, cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large visant à lutter contre l’immigration clandestine et le trafic de fentanyl, un opioïde de synthèse hautement addictif en provenance de Chine. Le président américain a invoqué la loi sur les pouvoirs économiques d’urgence internationaux, déclarant une « urgence nationale » afin de justifier ces sanctions économiques contre le Canada.
L’argumentaire de Washington repose notamment sur l’accusation de laxisme de la part du Canada dans la gestion de ces problématiques. L’administration Trump affirme que le territoire canadien sert de point de passage aux migrants clandestins et aux produits stupéfiants destinés aux États-Unis. Le président a même évoqué la présence supposée de cartels mexicains opérant au Canada, facilitant ainsi le transit de drogues vers le territoire américain.
La riposte d’Ottawa et ses conséquences
Face à cette offensive commerciale, le gouvernement canadien a réagi avec fermeté. Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé une série de contre-tarifs douaniers visant un ensemble de produits américains, pour un montant total de 155 milliards de dollars. Ces mesures de rétorsion s’appliqueront en deux phases : dès le 4 février, des tarifs de 25 % seront appliqués sur 30 milliards de dollars de produits importés des États-Unis. Parmi les secteurs les plus touchés figurent les denrées alimentaires, comme la volaille, les produits laitiers, le sucre, le vin et les boissons alcoolisées, ainsi que des produits manufacturés, tels que les pneus, les articles en plastique, les douches et baignoires. Une deuxième vague de mesures, prévue dans les 21 jours suivants, portera sur un montant supplémentaire de 125 milliards de dollars de produits américains, portant le total à 1200 produits visés.

Canadienne / Justin Tang
Cette riposte a reçu le soutien des premiers ministres provinciaux, notamment celui du Québec, François Legault, qui y voit : « une opportunité pour les entreprises canadiennes de remplacer les fournisseurs américains et d’explorer de nouveaux marchés ». Toutefois, la réaction de l’opposition canadienne est plus nuancée. Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur, a déclaré que « le Canada est le plus proche voisin, le plus grand allié et le meilleur ami des États-Unis », soulignant ainsi l’importance de préserver des relations diplomatiques équilibrées.
En parallèle, Ottawa a décidé de contester ces sanctions commerciales devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en s’appuyant sur les accords de libre-échange qui lient les deux pays. Le gouvernement canadien dénonce une violation flagrante des engagements commerciaux pris par les États-Unis et mise sur une intervention rapide de l’OMC pour dénouer cette crise.
La situation pourrait encore évoluer, alors que des discussions entre Donald Trump, le Canada et le Mexique sont prévues lundi. Cet affrontement commercial risque non seulement d’affaiblir l’économie des deux pays, mais aussi de perturber les chaînes d’approvisionnement nord-américaines. Si aucun compromis n’est trouvé, cette guerre économique pourrait s’intensifier, avec des conséquences significatives pour les entreprises et les consommateurs des deux côtés de la frontière.
Références.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2137236/trump-guerre-commerciale-canada-trudeau-riposte