Un berger en Provence : le rêve d’un montréalais au cinéma

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Inspiré en grande partie du roman d’autofiction D’où viens-tu, berger? (2006, éditions Lemeac) de Mathyas Lefébure qui co-signe également le scénario, cette production cinématographique de Sophie Deraspe nous fait voyager au cœur de la Provence jusqu’aux crêtes des Hautes-Alpes françaises.

En quête de sens

Affiche du film Bergers, de Sophie Deraspe. Crédits: Maison 4:3 / Dossier de presse.

Mathyas, publicitaire montréalais, plaque toute sa vie sans crier gare pour se réfugier en terre d’Arles, dans le Sud de la France. Sympathisant avec des habitants de la vieille ville, il commence à s’informer sur le pastoralisme et l’art d’élever des moutons, avant d’aller en quête d’un éleveur qui voudra bien lui laisser sa chance. Il va se heurter à la rigidité administrative de l’immigration et aux expressions locales dont l’accent chantant rend la compréhension plus délicate aux oreilles naïves.

Sans baisser les bras, le jeune québécois se voit offrir plusieurs chances offertes par des éleveurs, dont les différentes préoccupations et la force de caractères vont lui apprendre autant sur les réalités concrètes de la vie de berger que sur ses propres limites. Adopté par un patou (chien de berger) du nom de Hola, il va vite être rejoint par la jeune fonctionnaire Élise. Mathyas va s’apercevoir que son rêve peut basculer s’il ne s’y consacre pas corps et âme.

« [C’]est presque de l’ordre du conte: Mathyas, avec toute sa candeur et sa persévérance, malgré son inexpérience, entame une transformation […]. Tout en apprenant la vie de berger, il s’inscrit dans une activité plus que millénaire, celle des déplacements nomades avec des troupeaux. »
Extrait d’entrevue avec Sophie Deraspe, réalisatrice du film. Crédits: Dossier de presse Maison 4:3.

Un bouquet garni à l’écran

En septembre dernier, ce long métrage a reçu, lors de sa présentation au TIFF (Toronto International Film Festival), le prix du meilleur film canadien. Inspiré de la vie de Mathyas Lefebure, adapté de son livre D’où viens-tu, berger ? (2006), l’auteur co-signe le scénario avec la réalisatrice Sophie Deraspe (Antigone). On retrouve à l’affiche Félix-Antoine Duval (La Faille, Saint-Narcisse, Fragments) et la jeune actrice française Solène Rigot (Le Visage, Chère Léa, La confession) aux côtés de la formidable Guilaine Londez (Le bonheur est dans le pré, Liberté-Oléron, Encore heureux) et d’autres acteurs français moins connus ici (David Ayala, Younès Boucif ou Bruno Raffaelli).

« J’écrivais pendant la première année où j’ai été berger, où j’ai vécu l’expérience de l’alpage, ou la montagne. Je ne savais pas encore que ce que j’écrivais deviendrait un livre. Et vers la fin de l’alpage,(…) j’ai vécu une épiphanie sur la cime.(…) je la voyais comme devant être partagée. […] C’était une idée floue, mais filmique. » Propos tenus au cours d’une entrevue de Mathyas Lefebure, auteur et co-scénariste. Crédits : Dossier presse Maison 4:3.

L’histoire d’une vie

En entrevue presse, la réalisatrice concède qu’une part de fiction est décelable lorsque l’on connaît la topographie de la Provence: « on passe de la plaine sèche du sud de la France à la montagne verdoyante dans les Hautes-Alpes. Le réel et l’authenticité tant recherchés ne sont pas toujours en adéquation exacte avec les impératifs du cinéma ». Autrement, il serait étonnant de voir autant de verdure et de cols montagneux si dominants dans une région souvent très aride. Néanmoins, la transition est réussie, et l’œil néophyte se laissera facilement (et agréablement) duper.

Les images capturées parviennent régulièrement à couper le souffle, et il s’en faudrait de peu pour ressentir un vertige au bord du précipice quand tout est recouvert d’un épais brouillard. La ligne entre la fiction et la réalité est mince à l’écran, venant ainsi confirmer qu’il fallait bien faire les choix judicieux de tournage avec de vrais troupeaux et leurs éleveurs, et ce malgré les difficultés que cela engendrait.

Mathyas (Félix-Antoine Duval) et Élise (Solène Rigot) goûtent aux plaisirs de la solitude peuplée de rêves , face aux montagnes. Crédits: Maison 4:3.

Ce qu’on en pense

Bien que le film Bergers ait pris l’affiche cet automne, le voir en cette période de pré-festivités de fin d’année a un quelque chose de majestueux, comparable à une grande bouffée d’air frais. Il saura vous faire voyager en Europe, découvrir les magnifiques paysages du Beaufortin, puisque les alpages ont été tournés proche d’Albertville. Le spectateur pourra également découvrir le quotidien loin d’être aisé des bergers et des éleveurs au fond de leur campagne, les enjeux d’élever des animaux, les soins, les imprévus comme la météo ou les employés notamment. On aime, car il nous permet un rappel à l’essentiel en ces temps de surconsommation. On aime aussi le décalage entre ces cultures proches et néanmoins si éloignées.

À aller voir sans plus attendre au cinéma pour du rire, des larmes, et de la sérénité ! Vous pouvez vous procurer le livre directement à la librairie L’Exèdre et visionner le film au Tapis Rouge. L’histoire est également à retrouver gratuitement en version balado !

Bande annonce du film Bergers, de Sophie Deraspe. Crédits: Maison 4:3
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