Le Centre culturel Pauline-Julien fait place à l’artiste Cindy Loup. Pour son exposition Troubles, la jeune femme propose une quinzaine de toiles grand format d’une perplexe noirceur. Les portraits accrochés ont des regards difficilement cernables et témoignent des angoisses vécues par la peintre. Malgré la grande tourmente se dressant sur les murs, l’ambiance était plutôt à la célébration ce dimanche 22 janvier lors du vernissage.
Cindy Loup est inscrite au baccalauréat en arts visuels, profil arts plastiques de l’UQTR, mais effectue un arrêt pour l’année en cours. La grande pression occasionnée par les cours et les évaluations ont eu raison de son plaisir de créer. Elle se retire donc quelques mois, afin de reprendre le goût, de revenir à ses pulsions créatrices. Cette remise en question se ressent dans l’ensemble de l’exposition. Les doutes et les nuits blanches se retracent dans les visages présentés.
Les plans très serrés des protagonistes s’additionnent au sentiment anxieux qui s’échappe de l’exposition. La composition des toiles demeure une grande force pour l’ensemble des tableaux. La quasi-absence de couleurs participe à l’ambiance globale, ce qui lie davantage les œuvres entre elles. L’homogénéité de l’exposition fait en sorte que la visite coule facilement, malgré la lourdeur qui émane des toiles.
Les visages errent en suspens comme autant de spectres.
Les traits des personnages sont grossiers, donc pratiquement anonymes. Les visages errent en suspens comme autant de spectres. Ils paraissent flotter dans l’esprit de celui qui tourne dans ses pensées sans pouvoir se poser tout à fait. Les quelques pointes précises d’ocre enluminent les tableaux et aident à poser le regard. À leur manière aussi, les taches de rouge brisent le rythme presque morbide qui rôde sur les canevas.
Cindy Loup intègre toujours du sable à ses peintures. C’est une vieille habitude qui remonte à son enfance, alors qu’elle peignait ses premières toiles. Cet élément exogène ajoute de la texture aux tableaux sans toutefois les saturer, le sable demeurant discret et bien dosé.
En peignant sur des toiles de grand format, Cindy Loup peut alors privilégier le geste. C’est en effet ce qui ressort de ses œuvres, la place au mouvement. Ce geste traduit l’expressivité excessive qui habite l’artiste et le lâcher-prise nécessaire à la libération émotive.
Cindy Loup a invité le duo Les folles du Roi à venir offrir quelques chansons, afin de rendre le vernissage plus festif. Sarah Genest et Lorri Audet étaient accompagnées de Jean-Philippe Therrien à la guitare, pour reprendre des chansons à succès. L’attention avec laquelle la peintre a accueilli le public démontre la grande douceur de l’artiste, qui n’a rien à voir avec la troublante exposition.
Les plans très serrés des protagonistes s’additionnent au sentiment anxieux qui s’échappe de l’exposition.
Derrière la délicatesse de Cindy Loup se cache une tourmente qui paraît s’estomper. La création n’est pas toujours de tout repos et l’espoir de retrouver une série de tableaux plus lumineux se pointe. Peut-être à l’occasion de son projet de fin d’études, l’artiste aura expulsé tout ce qui lui reste de sombre.
Originaire de Victoriaville, Cindy Loup habite Trois-Rivières depuis sept ans. Elle est venue étudier au Cégep de Trois-Rivières en Théâtre et créations médias, pour ensuite poursuivre ses études à l’UQTR. La jeune femme a d’ailleurs participé à la dernière production du Théâtre des Gens de la Place, assumant un rôle dans la pièce Lucky Lady de Jean-Marc Dalpé.