La première fois que j’ai lié un contact avec la lecture, c’était lors de mon tout jeune âge. J’avais cet intérêt pour les encyclopédies du règne animal ainsi que celles qui concernaient le système solaire et la faune et la flore. Je m’asseyais les jambes croisées, sur le sol de ma chambre, et dévorait les énormes bouquins remplis d’images et de brèves descriptions. C’était les yeux écarquillés de curiosité que j’en apprenais toujours un peu plus sur le monde qui nous entoure. Plus tard, j’ai découvert la bande-dessinée. Garfield, en particulier. Le 9e art m’a appris, en quelque sorte, comment se construisait une histoire, case par case. Puis, les romans de Sylvie Desrosiers sous l’édition de La Courte échelle m’ont donné le goût de l’intrigue.
Arrivée au secondaire, j’ai littéralement rompu avec la littérature jeunesse pour laisser venir à moi Shakespeare, Molière et Ionesco. L’Étranger de Camus, La Nuit du renard d’Higgins Clark, Le Bateau ivre de Rimbaud, Soir d’hiver de Nelligan : chacune de ces lectures m’apparut comme une révélation divine. Elles me poussèrent à me questionner sur ma propre personne, sur le monde social, sur l’Histoire, sur la grammaire en soi, sur l’écart entre la réalité et la fiction, etc. Il s’agissait d’interrogations de tous les jours qui passaient par la prose et la poésie jusqu’à moi, tel un passage obligé. Depuis ce temps, je considère le processus de lecture comme une chasse aux trésors et le terme d’une lecture comme la caverne d’Ali Baba, le jackpot quoi! Finir un livre mène toujours à mille et une réflexions et de là en résulte un engrenage infini de réponses. J’ai donc appris à me poser plus de questions que je ne m’en posais devant ces images de phoques communs et d’orchidées.
la lecture vient, d’une certaine façon, provoquer une cassure entre la réalité et l’univers du livre. Elle a la capacité de vous faire vivre des aventures qu’on ne pourrait pas nécessairement vivre dans la réalité.
D’ailleurs, il y a cette question qui vient souvent me tracasser pendant mes lectures : Pourquoi lire? Même après mes études en lettres, je n’y ai pas trouvé de réponse concrète. C’est comme si je me demandais à quoi sert la littérature… même trou noir! Il y en a des réponses… beaucoup même, mais elles s’apparentent davantage à des explications éparses, disparates en constante évolution. Par exemple, il y a sans doute des gens qui croient que la lecture est indispensable à la réussite professionnelle, d’autres qui croient plutôt qu’elle est utile à la compréhension de la vie et nombreux sont ceux qui lisent pour se divertir. Chacun établit son propre lien avec le livre, étroit ou éloigné soit-il.
«Il s’agissait d’interrogations de tous les jours qui passaient par la prose et la poésie jusqu’à moi, tel un passage obligé.»
Lire, pour échapper au réel. En effet, la lecture vient, d’une certaine façon, provoquer une cassure entre la réalité et l’univers du livre. Elle a la capacité de vous faire vivre des aventures qu’on ne pourrait pas nécessairement vivre dans la réalité. Faire le tour du monde en 80 jours, vivre sur une île déserte, être chasseur de baleines ou mousquetaire, lire peut vous donner cette opportunité! Que dis-je? Cette chance! Cela peut peut-être paraître enfantin, voire même absurde comme réponse, mais si vous réfléchissez au-delà des mots, vous comprendrez que la lecture peut se révéler, en fait, comme la floraison de l’imaginaire. Lire nous met dans l’obligation, en tant que lecteur, de visualiser l’action, les personnages et les lieux décrits par l’auteur. Alors, à partir de la créativité de ce dernier, nous pourrons, grâce à notre inventivité propre, créer un univers unique en lien avec l’œuvre. Lire, pour décrocher du réel. Pour faire une pause de la réalité qui, parfois, nous emprisonne. Alors pourquoi ne pas s’évader dans un livre de Jules Verne?
Lire, pour s’instruire. Évidemment, il y a je ne sais combien de notions, théories et définitions qu’on peut apprendre en lisant et ce, sans parler des événements et personnages marquants qu’on peut rencontrer. Effectivement, une culture se développe grandement par la lecture. La littérature sert à laisser une trace, à marquer les mémoires. La lecture, elle, permet de redonner vie à ces souvenirs, au passé en soi. C’est à partir de la lecture que l’on forge sa propre histoire et celle des autres. Lire, pour s’éduquer. On peut apprendre à bien écrire en lisant. Côtoyer constamment des mots peut permettre l’amélioration de la connaissance grammaticale. «C’est donc comme cela que ce mot s’écrit!» est, pour ma part, une pensée qui revient sans cesse (Parce que oui, il y a des mots que je ne connais pas encore).
Toi, personne en train de lire, lecteur et liseux, tu te demandes sûrement où je veux en venir avec cette chronique qui parle de façon très éphémère de la lecture en soi. Eh bien, absolument nulle part! Je crois seulement qu’il n’est pas mauvais de remettre certaines choses en perspective et de déblatérer un peu. C’est peut-être aussi parce que j’ai une rage de lecture ces temps-ci… Gaston Miron, Charles Perrault, Les frères Grimm, Jean De la Fontaine… des auteurs fondamentaux qui manquaient à ma précieuse caverne littéraire sont désormais dans ma tête à un moment ou à un autre dans la journée. Lire, source d’inspiration.


