
Le grand vide

Le Grand Vide, réalisé par Jessy Dupont, suit le périple d’Eliott, un sexagénaire parti en quête de son fils en Acadie. Motivé plus par la menace de divorce que par un véritable désir de renouer, son voyage est semé d’embûches et de rencontres.
Il débute son épopée aux côtés d’un motard sans moto, ancien fournisseur de drogues dures selon ses dires, avec qui il va essayer d’aider un jeune autochtone qui consomme et vie dans la rue. Ensemble, ils vont se rendre à la dernière adresse connue du fils d’Eliott à Edmonton, puis à Halifax.
Un grand vide
On apprécie les beaux plans aériens de l’Acadie. Jean Drolet (Eliott, le père), qui incarne globalement avec conviction un personnage complexe, porte le film. On apprécie quand même les performances de Mathieu Richard (Gabriel), le fils perdu et ancien drogué qui a refait sa vie comme cuisinier, et celle de sa compagne à l’écran Bianca Richard, qui nous charme par son interprétation et son accent acadien. Le jeu des acteurs est inconstant, alternant moments de justesse et excès.
Si l’idée d’un père en quête de rédemption est prometteuse, l’exécution souffre de quelques lacunes. Le film aurait gagné à bénéficier de moyens plus importants, tant en terme de budget que de matériel technique. Les décors et certains choix esthétiques nuisent parfois à l’immersion.
Le Grand Vide est une œuvre ambitieuse qui explore des thèmes universels, mais qui ne parvient pas à pleinement convaincre. Il s’agit d’un premier pas intéressant, mais qui laisse entrevoir un potentiel inexploité. En soi, on pourrait dire que c’est un « pourquoi pas » qui mériterait d’un travail plus approfondi du scénario et de la réalisation.

La bataille de Saint-Léonard

Félix Rose (Les Rose (2020), Yes (2017), Avec la gauche (2014)) nous plonge au cœur d’une période charnière de l’histoire du Québec. En s’appuyant sur des images d’archives inédites et des témoignages poignants, le réalisateur retrace les événements tumultueux qui ont secoué la communauté de Saint-Léonard à la fin des années 1960. À travers les parcours de Mario Barone, un immigrant italien devenu entrepreneur prospère, et de Raymond Lemieux, un acteur clé du mouvement nationaliste, Rose explore les tensions linguistiques et identitaires qui ont déchiré la province.
Crédits affiche : Maison 4:3.
«Ce que [le film] nous propos[e], c’est de voir les deux côtés»
Félix Rose au micro de Xavier Ganon (Radio Canada).
Une crise sur fond de conflit identitaire
55 ans après la bataille de Saint-Léonard, les problématiques demeurent identiques et cette crise, loin d’être un simple conflit local, a eu des répercussions profondes sur l’ensemble du Québec, accélérant le processus de nationalisation et conduisant à l’adoption de la Charte de la langue française (Loi 101). En mettant en lumière les enjeux complexes qui sous-tendaient cette bataille, le réalisateur québécois Félix Rose offre un regard nuancé sur un épisode souvent caricaturé de l’histoire de Québec.
«La langue de la business à Montréal, c’était l’anglais.»
Extrait de La bataille de Saint-Leonard.




En réalisant le film sur sa famille Les Rose (2020), Félix Rose voulait aborder ce pan de l’histoire québécoise. Mais en s’apercevant que c’était un trop gros morceau à traiter, il a choisi d’y consacrer un film documentaire au complet et a poursuivi ses recherches sur le sujet pendant sept ans. En s’appuyant sur des recherches minutieuses et des entretiens avec les acteurs de cette histoire, il a réussi à donner vie à un pan méconnu de notre passé. Son film, La bataille de Saint-Léonard, est à la fois un document historique et une réflexion sur l’identité québécoise.
La crise de Saint-Léonard marque un tournant dans l’histoire du Québec. Elle a cristallisé les tensions linguistiques et identitaires qui traversaient la société québécoise de l’époque. Les événements de Saint-Léonard ont accéléré le processus de nationalisation et ont conduit à l’adoption de la Charte de la langue française, un texte fondateur qui a redéfini le statut de la langue française au Québec.
On irait bien voir…


