
Le film à succès mettant en scène un petit faon revient bientôt sur grand écran au Québec, et nous avons remarqué que les réactions ne sont pas unanimes. Entre ceux qui en gardent le souvenir d’un excellent Disney réconfortant, ceux qui ont été traumatisé de perdre à leur tour leur mère, et puis les connaisseurs du roman dont Bambi est inspiré, tout le monde ne semble pas s’accorder sur ce qu’a représenté ce film dans leur enfance. Mais Bambi le petit faon n’est pas une exception.
Histoires réinterprétées… mais traumatisantes ?


Bambi, l’histoire d’une vie dans les bois sort en salles au Québec le 21 février prochain. Inspiré du roman de Félix Salten, ce film est réalisé par Michel Fessler, qui signe également l’excellent La marche de l’empereur (2005). Si l’oeuvre de fiction originale s’inspirait de la situation en Europe et de la montée de l’antisémitisme, sa reprise par Disney (1942) en a fait un classique des films d’animations destinés aux enfants.
On y suit la vie d’un petit faon né au printemps, qui accompagne sa mère dans la forêt. Leur quiétude est rompue lorsqu’arrive un chasseur et son chien, et (sans spoiler) la mère est tuée sous les yeux de son petit. Bien que certains se seront focalisés davantage sur l’amitié nouvelle que Bambi crée avec les autres animaux de la forêt, notamment le petit lapin Panpan, cette scène tragique a marqué bon nombre de spectateurs.
Anxiété de séparation, angoisse de la mort: la perte d’un parent
Au même titre, on retrouve le Roi Lion (1994) avec une scène fratricide similaire, ainsi qu’une autre scène marquante. Les hyènes, fidèles acolytes du vil Scar, encerclent le jeune Simba et le poursuivent dans un décor lugubre où résonnent leurs rires grinçants. Ce conte africain dont les noms de personnages sont empruntés à la langue swahili (simba voulant dire lion, rafiki ami, etc.), s’inspirerait de l’histoire du roi malien Mansa Musa (ou Moussa), contraint à l’exil et à se cacher à la mort de son père.

Les couleurs s’estompent, la musique se fait plus pesante, la luminosité baisse… L’empathie embarque et notre pouls s’affole ! C’est une scène tragique de Disney, sortez les mouchoirs. Si les contes dont sont issus ces films sont noirs, voire pour certains morbides, ces adaptations animées demeurent d’excellents déclencheurs émotionnels, des triggers universels. On assiste dans ces deux précédents exemples à l’impuissance d’un petit face au meurtre de son parent. De quoi en terroriser plus d’un ! Quoi de pire comme situation pour un enfant que d’imaginer perdre son repère parental de façon aussi tragique ?
Histoire de jouets et outils de l’horreur

Dans le premier film Histoire de jouets (1995), la poupée cowboy Woody se trouve prisonnier dans la chambre de Sid, voisin d’Andy auquel il appartient. Il cherche désespérément un moyen de s’enfuir lorsque la bande des jouets altérés par Sid apparaissent alors, terrifiants, mais emplis de bonnes volontés. On retrouve les éléments de l’horreur, mais aussi le cliché du garçon renfermé sociopathe qui s’amuse à défigurer, dépiauter, et démembrer les jouets sans compassion.
L’effroi de Woody est palpable et très clairement observable sur son visage. La peur exprimée est renforcée par ces effets de lumière en contre-plongée, qui accentuent les défauts et les atrophies de Babyface et ses compagnons. D’ailleurs, peut-être que rendus adultes, vous aurez fait le lien de cette tête de poupon éborgné avec des scènes de films d’horreur tels que L’Exorciste (1973) ou Jeux d’enfants (1989). Et on ne parle même pas ici de la femme-crochet (hooker) et ses ressemblances avec une prostituée…
La liste n’est pas terminée, mais nous la poursuivrons dans notre prochaine chronique. En attendant, n’hésitez pas à mettre en commentaire quels sont pour vous les films marquants qui n’avaient pas vocation à faire peur. L’occasion peut être aussi d’en revoir quelques uns ?