Les journées raccourcissent, la température redescend, adieu soirées tardives auprès du feu dans la cour… Mais c’est le temps de retourner se lover dans la quiétude des salles obscures!
Une rentrée éclectique
Loin d’apporter son lot de morosité, la rentrée 2024 nous emmène en terre nostalgique avec des suites longtemps attendues, telles que 1995 de Ricardo Trogi ou Beetlejuice Beetlejuice (Tim Burton), pour une dose de frissons avant Halloween. On découvre et on apprend avec le beau documentaire Amazonie, et puis on rit! On rit avec des comédies québécoises: Nos belles-soeurs, inspirée de l’œuvre de Michel Tremblay, réalisé par René Richard Cyr, Ababouiné par André Forcier nous fait voyager dans le temps, ainsi que celles qui mettent l’eau à la bouche, la faim dans le ventre, et de la chaleur dans le cœur, tels qu’Un festin pour le cœur (Umberto Spinazzola) et Tous toqués! (Manon Briand).
Sous l’égide de la gastronomie et des choix de consommation
On retrouve pour cela Un festin pour le cœur, d’Umberto Spinazzola, sorti en salles le 6 septembre dernier. Ce film italien, qui se déroule à Turin, suit un morceau de vie de Pier (Michele Di Mauro), grand chef déchu qui a perdu foi en l’humain et vit frugalement de ce qu’il trouve dans la rue.
Le rythme est tranquille, comme une promenade sur l’eau, et l’on trouve un personnage désabusé, qui ne retourne dans sa ville natale que pour honorer la mémoire de son ex-épouse qui vient de décéder. Sa fille adolescente, passionnée de musique, décolle bientôt pour Montréal. Leur lien est brisé ou il n’a seulement jamais été construit.
Les images sont belles, on apprécie les plans longs qui ne nous pressent pas, qui n’envahissent pas l’espace par des tirades inutiles. Les allées et venues au marché pour récupérer ici et là des légumes fanés, abimés ou bien malformés, ainsi que la musique originale rappelleront aux connaisseurs de cinéma français les films du cinéaste et acteur Jacques Tati, notamment avec Mon oncle (1958).
Pier a un doigté magique, transformant ce que certains considèrent des déchets et des rebuts en plats gastronomique abordables et écologiques. En ne cherchant rien de prime abord, il trouve peu à peu le goût de remettre le pied à l’étrier, se remet en selle, tout en restant cette fois fidèle à ses valeurs d’authenticité, de générosité et de communauté. En renouant ainsi avec son grand amour culinaire, il renoue également peu à peu avec sa fille Anna (Chiara Merulla), qui apprend elle aussi à apprivoiser cet homme qu’elle ne connaît pas vraiment.
Sous l’égide de la gourmandise et des choix de vie
La deuxième comédie est cette fois québécoise, réalisée par Manon Briand (Liverpool, La turbulence des fluides…). Le film Tous Toqués! est sorti en salles ce vendredi 13 septembre. Réunissant à l’écran d’excellents acteurs, on y retrouve un homme mature (Édouard Baer), aspirant chef depuis toujours, qui a passé sa vie à passer à côté : à côté d’opportunités, de gens, de prix, d’un peu de tout, et même du bonheur. Ce français d’origine est installé à New York depuis peu, sous prétexte de se rapprocher de sa fille qui vit à Montréal. Mais toujours les prétextes qu’il invente ou qu’il se crée l’empêchent de la retrouver et de partager un moment avec.
L’histoire se situe alors qu’il essaie de contourner les longues files d’attentes pour passer la frontière, et se retrouve face à une douanière redoutable incarnée par Julie Le Breton. Elle-même détachée de bien des réalités, elle jongle entre ses responsabilités, son passé, et sa fille qui subit des bousculades à l’école. Celle-ci décide de participer à un prestigieux concours culinaire pour enfants, et bénéficiera de l’aide de ce cuisinier français exilé et pas toujours très réglo.
On apprécie ce film pour sa couleur, sa chaleur réconfortante et son humour. L’idée scénaristique est certes un filon usé plus d’une fois, mais cette comédie est de celles qui font du bien. Avec une certaine légèreté, on nous présente une femme et mère célibataire, dont la profession prend de la place et du courage au quotidien. On aperçoit les violences scolaires, leurs impacts sur les enfants, leur développement, leurs ambitions. La réalisatrice et scénariste Manon Briand nous fait également un portrait peu commun, mais bien vrai, d’un univers culinaire où l’erreur et le doute n’ont que trop de place, laissant des carrières et des personnes brisées. On apprécie aussi de voir à l’écran un élan de solidarité et de communauté malgré les différents, montrant à qui en avait besoin que le pardon fait des miracles.
NOUVEAU! On irait bien voir…
Désormais, vous pourrez retrouver au bas de chacune de ces chroniques une sélection de films récemment sortis ou à venir que nous, nous irions bien voir… Bon cinéma et bonne rentrée!