Dans le cadre de la Biennale nationale de sculpture contemporaine (BNSC), la Galerie R3 présente l’exposition Entropé de Patrick Bérubé. Elle est constituée d’une grande installation qui est composée de plusieurs sculptures et espaces.
En cette neuvième édition, la Biennale nationale de sculpture contemporaine de Trois-Rivières (BNSC) a pour thème «Croire». Julie Alary-Lavallée et Dominique Laquerre, les deux commissaires de la biennale, ont ouvert le discours sur l’humainE et son rapport au monde. Qu’est-ce que croire? En quoi croyons-nous aujourd’hui? Qu’est-ce que la croyance peut nous apporter? Peut-elle être un élément fondateur de notre conception du monde? Au fil des siècles, l’humainE s’est transforméE, de même que son habitat. Aujourd’hui, il semble s’écrouler. «À bout de l’excès et de la succession des « ismes », il [/elle] s’étonne aujourd’hui, et plus que jamais, devant la précarité de ses constructions et le déclin de la planète qui lui sert d’habitat», écrivent-elles.
La biennale regroupe huit lieux d’exposition: Galerie d’art du Parc, Centre d’innovation agroalimentaire, Centre d’exposition Raymond-Lasnier, Musée Pop, Atelier Silex, Galerie R3, Centre d’art Jacques-et-Michel-Auger (Victoriaville) et CIRCA art actuel (Montréal). Les artistes nous proposent à leur tour leur conception de «Croire».
Entropé
Le titre de l’exposition – Entropé – provient du mot «entropie». En 1865, ce terme a été introduit par Rudolf Clausius à partir d’un mot grec signifiant «transformation». Il signifie le «désordre» d’un système. Patrick Bérubé s’approprie le terme et utilise «Entropé». Il peut être perçu comme un mot valise qui englobe «entropie», «entrepôt» et «anthropologie», explique Lorraine Beaulieu, directrice de la Galerie R3. «Je m’intéresse aux rapports contradictoires, qu’ils soient émotifs, physiques ou charnels, qu’entretient l’Homme envers lui-même et son environnement», affirme-t-il (Cartel d’exposition, Galerie R3). Entropé, le désordre crée par l’Homme (ou plutôt l’humainE).
Nietzsche
L’exposition semble avoir comme point de départ le poème philosophique Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche (1883-1885). Patrick Bérubé raconte «– avec humour et ironie – la transition de l’homme, de ses origines jusqu’au surhomme» (Cartel de l’exposition, Galerie R3). «Tous les dieux sont morts : nous voulons, maintenant, que le surhumain vive!», écrivit Nietzsche dans son poème. Ce que nous propose l’artiste, ce sont les absurdités et les excès de notre existence.
Une des œuvres de l’exposition est une sculpture où un chou (factice) est déposée sur le livre de Nietzsche. Il ne s’agit pas d’un réel choux, mais d’une imitation de celui-ci. Il fait référence, entre autre, aux origines – «La cigogne», affirme Patrick Bérubé. L’humainE tente d’imiter la nature, de la copier. Il va même jusqu’à tenter sa propre reproduction. Jusqu’où irons-nous?
La nature et la technologie : jusqu’où vont-elles?
Depuis plusieurs années, les abeilles font l’objet de nombreuses discussions dans l’espace public. Elles sont vitales pour la survie de l’humain.e. L’abeille est un élément essentiel de la chaîne alimentaire. Au sein de l’installation, elle est omniprésente. Elle prend forme de diverses façons : alvéoles, hausses à miel et ruches. L’apiculture est ainsi mise à l’avant-plan ; il n’est pas question de l’abeille uniquement, mais de l’individu et son rapport à celle-ci, voire des transformations engendrées par l’humainE.
Au sein d’une partie de l’installation, on y retrouve une photocopieuse. En la contournant, on s’aperçoit qu’elle y cache des objets dont une hausse à miel et une sculpture de larve. Technologies et nature se mêlent. Depuis la création de l’outil pour chasser de l’être préhistorique à l’être d’aujourd’hui, l’humainE a sans cesse tenté de repousser ses limites et son contrôle sur le monde. L’humainE cherche à contrôler la nature, même à l’imiter, mais ne la mène-t-elle pas plutôt à sa destruction?
In girum imus nocte et consumimur igni
L’œuvre sur l’image ici-haute défile la phrase suivante: «In girum imus nocte et consumimur igni». Il s’agit d’un palindrome qui se traduit du latin par: «Nous tournoyons dans la nuit et nous voici consumés par le feu». CertainEs attribuent ce vers à Virgile. Ce vers a suscité l’inspiration de plusieurs, dont Guy Debord qui en fut un documentaire en 1978.
Entropé propose une réflexion sur notre monde actuel: la société de consommation, les relations que nous entretenons avec la nature, la technologique, la culture et l’objet, mais aussi avec nos prédécesseurEs. Elle nous porte à réfléchir sur nos propres comportements, notre rôle en tant qu’humainE, mais aussi à toutes les contradictions qu’on engendre. En quoi croyons-nous?
La biennale a débuté le 1er août et se poursuit jusqu’au 11 septembre 2020.