Comment briser le patriarcat par le rire ?
En ce 8 mars, journée des droits des femmes, s’est tenue une conférence sur le rapport qu’entretiennent le rire et les femmes. Présentée par Lucie Joubert et animée par Mélissa Thériault, la présentation a rencontré un vif intérêt. La conférence, titrée « L’humour des femmes, un ORNI (Objet de Recherche non Inventorié) », a duré une heure et demi et a été diffusée également en visioconférence.
Le pourquoi du comment
Originaire de Trois-Rivières, Lucie Joubert travaille notamment sur la littérature québécoise contemporaine, la théorie féministe et la question de l’humour. Le sujet de la conférence ne pouvait alors pas mieux lui correspondre!
L’humour des femmes, très peu étudié, est un domaine de recherche tout à fait laissé de côté, là où pullulent les études sur l’humour, l’ironie, le rire en général. Grâce à l’émergence de l’intérêt pour les études de genre et les questions féministes, la situation est en train d’évoluer et la recherche se développe. Lors de sa présentation, Lucie Joubert a réalisé, de façon synthétique et tout à fait pertinente, l’état de la recherche sur la question des femmes et du rire.
Contenu de la conférence
Pourquoi est-ce un sujet peu étudié ? Selon la conférencière, faire de l’humour est un moyen d’exercer une forme de pouvoir sur l’autre, ce qui n’est pas traditionnellement féminin. Le genre masculin a alors davantage de place et de légitimité – uniquement créée par les constructions sociales – pour faire rire. Là où le Québec est un pays qui compte beaucoup d’humoristes par rapport à sa densité de population, les femmes restent minoritaires et sont souvent perçues comme moins drôles que les hommes.
Chaque chercheur.se – plus souvent chercheuse, d’ailleurs – a été présenté.e avec son domaine de recherche. Lucie Joubert a introduit de nombreuses études passionnantes, notamment celle de Sophie Anne Morency, récompensée par l’université de Montréal par le prix de meilleur mémoire de maîtrise 2022 grâce à son travail sur les critiques féministes des humoristes et les réponses de ces derniers. Jeanne Mathieu-Lessard a également été présentée pour son travail sur l’humour littéraire, ainsi que Garihanna Jean-Louis, qui explore l’humour dans le milieu du travail. Bien d’autres seraient à citer : pour plus d’approfondissement, le livre de la conférencière L’humour du sexe, le rire des filles est à lire!
De tous les âges et domaines d’études, les chercheuses ont chacune exploré un aspect du rire des femmes jusqu’alors vierge de tout regard analytique et critique. Le travail d’anthologie réalisé par Lucie Joubert, dans ce contexte de sujet inexploré, devient alors nécessaire pour délimiter l’état de la recherche.
« Quand on dit que l’universel est non genré, ce n’est pas vrai. ça penche toujours du bord du masculin. »
Lucie Joubert, conférencière
Réception de la conférence
La salle, pleine à craquer, n’a pu contenir tous les intéressé.e.s. Lucie Joubert a su captiver son auditoire, majoritairement féminin, en présentant l’état de recherche avec humour et passion. Malheureusement, le temps a manqué pour les questions, mais certaines pistes de réflexion supplémentaires ont pu être proposées malgré tout. Les auditeurs.ices se sont interrogé.e.s notamment sur les parallèles avec la politique, la posture et les discours des femmes humoristes.
Lucie Joubert, passionnée par la question de la transmission qu’elle n’a cessé de mentionner, a réussi à partager à son auditoire l’intérêt de la recherche. De nombreuses pistes peuvent être explorées sur l’humour des femmes, il ne tient qu’aux nouvelles générations de chercheurs et chercheuses de s’y intéresser.
La conférence s’est achevée par un tirage au sort, permettant aux participant.e.s de la conférence de gagner des livres mentionnés lors de la présentation. De quoi passer une soirée de lecture enrichissante!