Du tapioca dans nos lacs !

0
Publicité

L’Holopedium glacialis est un organisme microscopique de zooplancton gélatineux qui vit dans les lacs boréaux, parsemés en groupe rappelant des billes de tapioca. Nous appelons ce phénomène « la gélification des lacs ».

Le chercheur Corentin Flinois tenant de l’Holopedium. Crédits: Corentin Flinois

Corentin Flinois étudie cet organisme gélatineux ainsi que sa relation à la fixation de carbone dans nos lacs dans le cadre de son doctorat à l’UQTR. Spécialisé en biologie marine à Larochelle, il y a aussi fait une maîtrise en gestion environnementale et géologie littorale avant de continuer son cursus au Québec. Il a même pu enrichir le confinement dans son pays d’accueil en publiant un article insolite sur l’apprentissage écologique dans le jeu vidéo « Animal Crossing« .

La nature est un magnifique « melting pot »

La rencontre avec Corentin fût d’une étonnante envergure ! Une captivante conversation à propos d’un organisme microscopique a rapidement animé d’autres enjeux beaucoup plus grands. Les problématiques actuelles des méduses dans nos océans, les obscurs changements climatiques, la perte de la biodiversité souvent passée sous silence et le véritable rôle d’un scientifique nous ont mené à observer à quel point la nature est vaste, mais pourtant interconnecté.

Une nature en changement

C’est autour des années 70-80 que le monde scientifique a commencé à s’intéresser à l’Holopedium. De plus en plus, ce zooplancton prolifère dans une eau plus acidifié ; des eaux plus abondantes en carbone et moins en calcium [entre autres]. Contrairement aux populaires Daphnies (avec qui ils sont en compétition), les Holopedium fabriquent leur capsule gélatineuse avec du carbone plutôt que du calcium. Le CO2 est alors capté par ces organismes plutôt que par l’atmosphère, créant un effet tampon.  

Holopedium glacialis au bêta carotène! Crédits: Corentin Flinois

Transfert de carbone

On dit des océans qu’ils sont des tampons de carbone atmosphérique. Par exemple, les méduses vont emmagasiner des puits de carbone au fond de l’eau lorsqu’elles meurent. Corentin s’intéresse à la capsule gélatineuse de l’Holopedium glacialis, car il pourrait en être de même dans nos lacs : « sera-t-elle intégrée aux sédiments elle aussi pour créer un puit de carbone dans fond de l’eau, ou bien sera-t-elle dégradée par des bactéries avant même d’arriver au fond ? Dans les deux cas, il y aura un transfert du carbone, mais de quelle dimension ? ». Certains voudront parler d’avantages ou d’inconvénients (aux vues des changements climatiques ou de perte de la biodiversité par exemple), mais comment agir ou juger des phénomènes où la planète trouve toujours le moyen de compenser nos négligences et imprudences passées ?

NOUS avons besoin de la terre pour survivre, pas le contraire

Le doctorant évalue les facteurs de la prolifération de l’Holopedium dans certains lacs, ses causes, mais analyse aussi la composition de ces capsules gélatineuses ainsi que leur processus de vie et de mort. Ces observations soulèvent des enjeux importants. Par exemple, les impacts sur la chaine alimentaire des poissons, l’impact sur l’économie (industrie de la pêche), ainsi que récréotouristiques (gélification des lacs). Étant donné que « beaucoup de gens et d’industries dépendent de l’utilisation de l’eau des lacs », la prolifération de l’Holopedium peut être perçue comme dévastatrice et « trouver une solution » semble primordial.

« Il faut arrêter de penser à un avantage pécuniaire avec tout. mon travail, ce n’est pas de réfléchir à ça. ce qui m’intéresse est de savoir comment le monde fonctionne, comment amener le monde à être plus aux faits, à mieux vivre en harmonie et à renforcer notre pouvoir de survie. »

Corentin Flinois

Un travail bien utilisé

Au lieu de chercher des façons d’intervenir comme solution à un soi-disant « problème », peut-être devrions-nous davantage percevoir la recherche scientifique comme un outil pour nous signaler comment s’acclimater à un environnement en constante évolution.

Merci Corentin de partager ton travail passionné et inspirant !

Équipement, prêt à partir à la récolte d’Holopedium glacialis. Crédits: Corentin Flinois
Publicité

REPONDRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici