En pleine face : Les autres

3
Publicité

Le printemps s’annonce mouvementé pour les étudiants qui se préparent tous à scander haut et fort leur indignation au gouvernement Charest. Par contre, grève, manifestations et moyens de pression ne semblent pas être la tasse de thé de nombreux étudiants.

La plupart des association étudiantes ont, dans les dernières semaines, voté ou proposé la grève générale illimitée afin d’offrir un poids considérable au mouvement contre la hausse des droits de scolarité. Cet effort coordonné entre les différentes associations sur les nombreux campus de la province occupe une grande part de la place publique. D’ailleurs, la population en générale associe habituellement l’ensemble des étudiants à ce mouvement général de contestation.

Cela étant dit, n’importe qui un peu informé sur la situation de la hausse comprend qu’il ne s’agit pas d’une position unanime sur la plupart des campus et départements universitaires du Québec. Les étudiants en faveur de la hausse existent.

À l’UQTR, nous avons pu constater que les étudiants ne sont pas majoritairement en faveur de grèves et autres manifestations en votant en masse contre ces moyens de pression lors de la dernière assemblée sur ce sujet à l’automne.

Ce positionnement plus à droite et en faveur de l’individualisme et l’auto-détermination des étudiants face à la hausse n’est pas autant représenté chez d’autres universités. Heureusement, un mouvement tout à fait pour eux a vu le jour dernièrement.

Étudiants debouts!

Le Mouvement des Étudiants Socialement Responsables du Québec (MERSQ) est une organisation regroupant les étudiants en faveur de la hausse des droits de scolarité d’un peu partout au Québec. Ils revendiquent un meilleur système d’éducation post-secondaire et un enseignement de qualité que la hausse devrait mettre en place. Ils sont contre toutes formes de grève, prônent le libre choix et la responsabilité étudiante envers l’état des finances au Québec. Vous l’aurez probablement deviné, ils se revendiquent généralement de droite.

Le MERSQ regroupe près de 700 étudiants éparpillés entre les écoles secondaires, les cégeps et universités d’un peu partout au Québec. Il dénonce le manque de couverture médiatique qu’ont ses membres, basé sur un jugement de valeur des médias qui sont monopolisés par les étudiants contre la hausse des frais. Toujours selon le MERSQ, les étudiants devraient acquitter une partie du poids de la dette «toujours grandissante» du Québec en payant leur juste part de leur éducation.

Loin de moi l’idée de défaire ouvertement les arguments de cette «majorité silencieuse» d’étudiants en faveur de l’augmentation des frais de scolarité. De toute façon, même si je voulais le faire, il n’y a pas vraiment d’arguments autres que des situations bien personnelles.

Lorsque l’on visite la page de ce regroupement, on retrouve beaucoup d’étudiants qui s’affichent contre une grève. Ils affirment qu’elle irait à l’encontre des libertés individuelles en empêchant les étudiants «qui paient» d’aller à leurs cours. D’autres se disent trop occupés à étudier et travailler fort sur leurs études pour manifester.

On n’y retrouve aucune étude sérieuse prouvant les bienfaits d’une hausse des frais. Aucun article (scientifique ou non) démontrant la nécessité d’ajuster les frais de scolarité à la moyenne canadienne. On ne retrouve que des analyses bien personnelles et des lettres d’opinion d’étudiants «engagés» qui ne veulent tout simplement pas faire la grève.

Les étudiants socialement responsables reprennent par contre l’argument qui dit que les boomers ont payé beaucoup plus de droits de scolarité que nous le faisons présentement et que le gel, en vigueur depuis 1994, a assez duré. Ils retrouvent des appuis chez les radios-poubelles de Québec et dans des regroupements tel que le RLQ, dirigé par la «jeune» cégépienne Johanne Marcotte.

Malgré tout, ils ne récoltent pas tous les appuis de la droite. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’entendu Éric Duhaime, ce pape de la droite qui comparait celle-ci à «une étoile qui guide sa vie» (oui, il a vraiment dit ça), affirmer qu’il était contre la hausse des droits de scolarité! Celui-là même qui est en faveur d’un démantèlement complet de l’état au profit du privé! Le pamphlétaire libertarien adepte de la mentalité de «au plus fort la poche» est, lui-même, contre la hausse.

Soulignons également la tendance à contre-courant de gouvernements «communistes» d’autres provinces canadiennes. L’Ontario s’apprête à abaisser ses frais pour l’année 2012 de 30% afin de favoriser l’accès aux études post-secondaires. Cette démarche fut également entreprise dans les Maritimes et le Parti libéral de l’Alberta promet d’éliminer les frais de scolarité pour les universitaires de la province afin de favoriser l’éducation. Nous avons ici une autre preuve que le Québec nage constamment à contre-courant du R.O.C.

Faut-il être socialement responsable ou socialement équitable? Ces étudiants favorisent une responsabilité qui risque grandement de nuire à un nombre grandissant d’étudiants qui ne pourront pas s’acquitter de droits de scolarité, qui représenteront bientôt la plus grande partie de leur maigre budget annuel. Alors qu’on défend les libertés des uns, on semble oublier celles des autres. Il s’agit ici d’un manque d’équité envers les autres au profit d’une responsabilisation forcée et fondée sur «un gros bon sens» qui règlera assurément l’ensemble des maux du Québec moderne.

De nombreuses études ont prouvé qu’un diplômé rapportera beaucoup plus d’argent à l’état que ce que celui-ci aura investi dans ses études. Alors pouvons-nous attendre de faire un peu d’argent avant d’en donner?

Publicité

3 COMMENTAIRES

    • 1500… et toujours plus de témoignages personnelles — « émouvant » la famille rapprochée de chacun d’eux à montrer leur engagement « responsable » — à payer fièrement davantage.

      Vous confondez la « responsabilité » avec votre geste peu glorieux d’être « du bord du plus fort » et il est conséquent que vous vous dispensiez de faire un effort de penser par vous-mêmes, d’argumenter à propos de l' »intérêt public » d’augmenter les frais de scolarité. C’est un rapport de force d’ordre politique entre le gouvernement et une part très déterminée de citoyens à ne pas se faire avoir et vous êtes des opportunistes qui allez profiter soit du gel des frais, soit d’un rapprochement avec le parti autoritaire au pouvoir. Gardez une petite gêne!

  1. Je trouve bien dommage que votre article ne soit pas plus pertinent. Les arguments qu’on les étudiants contre la hausse sont de loin beaucoup plus percutants. Ils sont mieux renseignés, ont des statistiques, des valeurs, des idéologies et du coeur que vous semblez manquer. C’est bien triste de voir que l’UQTR , une université publique, soit moins investie dans ces manifestations que certaines autres université, y compris privées.

REPONDRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici