La dette est vitale pour le fonctionnement de l’économie. Mais ces dernières années, le niveau d’endettement des pays connaît une forte augmentation. Au mois d’octobre 2022, le Fonds monétaire international (FMI) estimait que l’économie mondiale serait endettée à hauteur de 300 000 G de dollars, soit 349% du PIB mondial.
Alors que les chocs négatifs tels que la guerre en Ukraine et l’instabilité de la chaine d’approvisionnement persistent, les principales banques centrales du monde s’efforcent en même temps de contenir l’inflation. Toutes choses qui ne font qu’augmenter la dette au point où plusieurs experts estiment que la prochaine crise financière mondiale sera la crise de la dette.
Le rôle de la dette dans l’économie
La dette ou le financement par emprunt joue un rôle important dans la croissance économique d’un pays. Elle permet aux entreprises d’investir dans de nouveaux projets et d’étendre leurs activités. Ce qui entraîne la création d’emplois et des revenus plus élevés. Elle fournit également aux ménages les fonds dont ils ont besoin pour acheter des maisons et d’autres biens durables. Ce qui stimule la consommation et l’activité économique.
Cependant, la dette peut également avoir des effets négatifs sur la croissance économique. Un pays qui emprunte trop d’argent, peut devenir accablé par des niveaux élevés de dette qu’il est difficile de rembourser. Cela peut entraîner une stagnation économique ou même une récession. De plus, des niveaux élevés d’endettement peuvent entraîner des taux d’intérêt plus élevés. Ce qui peut entraver davantage la croissance économique.
Par conséquent, il est important que les pays examinent attentivement leur niveau d’endettement. Celui-ci doit être viable à long terme. Un pays qui emprunte de manière responsable et utilise les fonds pour stimuler la croissance peut récolter des bénéfices importants. Cependant, si un pays emprunte excessivement, il peut faire face à de sérieux défis économiques plus tard.
La situation d’endettement actuelle
La crise financière mondiale de 2008 était censée avoir enseigné au monde les dangers d’un endettement excessif. Mais les emprunts ont augmenté depuis lors. La dette des gouvernements, des entreprises et des ménages représentait 195 % du PIB mondial en 2007. Aujourd’hui, elle est de l’ordre de 349%. Cette montagne de dettes devient difficile à supporter car les taux d’intérêt augmentent pour étouffer l’inflation. Entre temps, la pandémie de Covid-19 et la crise de l’énergie en Europe entravent la croissance. Dès lors, les investisseurs sont de plus en plus réfractaires au risque. Toutes choses qui entraînent des tensions économiques, en particulier en Europe, en Chine et dans les pays en développement.
Selon le FMI, environ 15% des pays à faible revenu sont déjà surendettés et 45% seraient exposés à un risque élevé de surendettement. Le Sri Lanka, le Ghana et la Zambie sont déjà en défaut de paiement. Dans les pays développés, la situation n’est non plus reluisante. Certains pays de la zone Euro notamment l’Espagne, l’Italie, le Portugal et la Grèce sont au bord de l’asphyxie. Aux États-Unis, le pays aurait atteint son plafond d’endettement et le risque d’un défaut de paiement n’est pas à écarter.
En effet, le 13 janvier 2023, la secrétaire d’État au Trésor américain annonçait que le pays atteindrait son plafond d’endettement maximal le 19 janvier. Soit 31 381 G de dollars. Si aucun accord n’était trouvé, le Trésor ne pouvait plus émettre de nouveaux bons et le Congrès laisserait ainsi le gouvernement faire défaut. Malgré des assurances sans cesse répétées que le gouvernement américain ne s’est jamais trouvé en défaut de paiement, un article récent a évoqué quatre occasions – en 1862, 1933, 1968 et 1971 – où il n’a pas honoré ses dettes.
Des perspectives sombres
Lorsque la dette devient insoutenable, elle doit être restructurée. Cela vaut autant pour les pays que pour les entreprises et les ménages. Mais la restructuration de la dette mondiale est devenue encore plus difficile qu’elle ne l’était dans les années 1980, après la crise de la dette latino-américaine en 1982.
À l’époque, les principaux créanciers étaient quelques grandes banques occidentales, des gouvernements occidentaux et des institutions financières internationales (IFI) dominées par l’Occident. Il était au moins relativement facile de coordonner ces entités. La principale difficulté était d’admettre à quel point certaines banques occidentales étaient en faillite. Aujourd’hui, il y a beaucoup trop d’acteurs diversifiés. Ce qui crée aussi une diversité d’intérêts à gérer.
Selon le Financial Times, rien qu’entre 2000 et 2021, la part de la dette extérieure publique des pays pauvres (autre que celle détenue par les IFI) est passée de 10 à 50%. La Chine étant le principal créancier avec 15%. Parallèlement, la part détenue par les 22 membres majoritairement occidentaux du Club de Paris des prêteurs officiels est passée de 55 à 18%. Ainsi, la coordination des créanciers dans une opération globale de restructuration de la dette est devenue beaucoup plus difficile, en raison de leur plus grand nombre et de leur diversité. De plus, personne ne souhaite restructurer sa dette si cela ne profite qu’à d’autres créanciers, et non à son pays lui-même. Toutes choses qui compliquent la gestion de la dette des États et nous dirigent vers une crise mondiale de la dette.
Références
https://www.reuters.com/breakingviews/end-cheap-money-reveals-global-debt-problem-2022-10-03/
https://www.ft.com/content/889fec5a-cb62-463f-af8c-22c841bddb65
https://www.imf.org/en/Blogs/Articles/2022/12/12/riding-the-global-debt-rollercoaster
https://www.imf.org/en/Blogs/Articles/2022/12/12/riding-the-global-debt-rollercoaster