Place à la Relève au CEIDEF: Comprendre le fonctionnement psychique des agresseurs sexuels

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Josiane Leclerc présentait son sujet de recherche dans le cadre des conférences «Place à la relève» du CEIDEF. Photo: Marie Labrousse.
Josiane Leclerc présentait son sujet de recherche dans le cadre des conférences «Place à la relève» du CEIDEF. Photo: Marie Labrousse.

Le lundi 14 novembre dernier avait lieu, au Pavillon Michel-Sarrazin de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) la deuxième conférence «Place à la relève» de l’automne, organisée par le Centre d’études interdisciplinaires sur le développement de l’enfant et la famille (CEIDEF). Elle portait sur la compréhension des mécanismes psychologiques des agresseurs sexuels.

«Place à la relève», une activité du CEIDEF

Le CEIDEF organise régulièrement des activités adressées à la fois à la communauté universitaire et au grand public. Parmi ces activités, les conférences-midi mettent en avant un invité, souvent chercheur ou professeur au Département de psychologie de l’UQTR, venu présenter un projet, une notion particulière en psychologie ou le résultat de ses travaux actuels de recherche.

«Place à la relève» décline le concept des conférences-midi, en se concentrant spécifiquement sur les étudiants de cycles supérieurs au Département de psychologie de l’UQTR. Ces derniers viennent introduire le sujet de leur recherche, et échanger avec les personnes présentes. Les conférences «Place à la relève» sont terminées pour cet automne, mais trois autres sont prévues pour l’hiver prochain.

La conférence du 14 novembre dernier était présentée par Josiane Leclerc, étudiante de troisième cycle au Département de psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Cette dernière était venue exposer les principaux enjeux de son projet de recherche, ainsi que les résultats préliminaires qu’elle a obtenus au cours de sa recherche.

Agresseurs sexuels, déni et rapport altéré à l’autre

Josiane Leclerc s’intéresse principalement au niveau de reconnaissance des actes chez les auteurs d’agressions sexuelles. Son étude se concentre spécifiquement sur les pédophiles, mais pourrait se généraliser aux auteurs d’agressions sexuelles en général.

D’après cette étude, les agresseurs sexuels ont une nette tendance à vouloir minimiser les faits dont ils sont les auteurs, minimisation qui peut dans certains cas aller jusqu’au déni total. Il est possible d’élaborer plusieurs classifications du niveau de reconnaissance des faits des auteurs d’agressions sexuelles, et de comparer ce niveau de reconnaissance à leurs mécanismes mentaux.

Ainsi, si l’on simplifie grossièrement les grandes lignes de cette étude, on peut constater que plus le niveau de reconnaissance des faits est bas, et plus les caractéristiques psychiques des agresseurs sexuels sont altérées. Ces personnes ont très souvent de graves troubles du narcissisme, une moins grande capacité de mentalisation (soit la capacité d’une représentation intellectuelle d’un phénomène) que la moyenne, et un rapport aux autres particulièrement malsain.

Ce rapport aux autres se traduit souvent par de grandes difficultés interpersonnelles, et par une capacité d’empathie bien moindre que la moyenne. Les auteurs d’agressions sexuelles ont bien plus de mal à percevoir les autres comme des sujets, mais les voient plutôt comme des objets. Ces caractéristiques semblent également accentuées lorsque la reconnaissance des faits est basse.

D’après l’étude présentée, les agresseurs sexuels ont une nette tendance à vouloir minimiser les faits dont ils sont les auteurs.

Mieux comprendre pour mieux prévenir

Plusieurs personnes ont réagi lors de la période de discussion qui a suivi la conférence. Pour compléter le thème de recherche, quelqu’un a notamment évoqué le projet Dunkelfeld, mis en place en Allemagne. Ce programme de sensibilisation prend en compte le fait que de nombreuses personnes sexuellement attirées par les enfants n’ont jamais agressé quelqu’un. Le programme consiste à repérer ces personnes et à les aider psychologiquement pour prévenir tout passage à l’acte.

L’étude des caractéristiques psychiques de ces personnes et la comparaison avec celles qui sont passées à l’acte permettraient donc de mieux comprendre les mécanismes psychologiques des agresseurs sexuels. Cela pourrait sauver un certain nombre de victimes potentielles.

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