ACCALMIE
Le Centre de prévention du suicide Accalmie dispose d’une ligne d’intervention 24/7 au numéro suivant: 1-866-APPELLE
Il y a près de quatre ans et demi que le projet Sentinelles a été lancé à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Outil de prévention contre le suicide et ressource de première ligne, où en est le projet aujourd’hui?
Du côté des ressources humaines
Nathalie Cardinal travaille aux ressources humaines, au 2e étage du pavillon Pierre-Boucher. Dans cette petite ruche, les dossiers à gérer sont nombreux. La problématique du suicide, tant chez les collègues de travail que dans la population étudiante, peut parfois paraître marginale dans la spirale du quotidien. Madame Cardinal s’est ainsi trouvée à court de mots quand elle a reçu un jour l’appel d’un employé lui disant faire face à un collègue qui menaçait de passer à l’acte.
«On ne sait jamais quoi dire dans des circonstances comme cela; ça tombe en dehors de nos compétences», se remémore la conseillère en gestion des ressources humaines. Ainsi, il y a cinq ans, quand on est venu vers elle avec l’idée du projet Sentinelles, madame Cardinal a vu une occasion de briser les tabous et «d’humaniser le milieu de travail», comme elle l’imagine.
Des approches ont donc été faites auprès de la direction pour leur vendre l’idée d’une brigade d’intervention de première ligne en prévention du suicide. Le projet Sentinelles existait déjà ailleurs et avait fait ses preuves. L’accueil a été positif, d’autant que les seuls investissements de la part de l’institution se limitaient à des prêts de locaux, et à la libération des employé.e.s intéressé.e.s pour une journée de formation. L’apport du Centre prévention suicide les Deux Rives – devenu depuis le Centre de prévention du suicide Accalmie – s’est par ailleurs avéré crucial pour lancer le projet.
Du côté étudiant
Anthony Morin est finissant en psychologie. Il est aussi président de l’Association des étudiants en sexologie (AES) et chroniqueur dans nos pages. Ses nombreuses implications dans la vie étudiante le mèneront finalement à assister à une réunion où siège Nathalie Cardinal, à l’époque responsable du projet Sentinelles depuis deux ans. C’est alors qu’il prend conscience qu’aucune formation sur le suicide à proprement parler n’est donnée dans tout le cursus du baccalauréat en psychologie. Il se désole de la situation et décide d’agir.
Anthony voit dans les différentes associations étudiantes la porte d’entrée pour tenter d’éveiller les consciences étudiantes sur cet enjeu qu’il juge trop peu abordé. «Je suis un étudiant mature», dit-il en référence à son âge, «je ne suis pas à l’université pour faire du «social», je veux laisser une trace tangible de mon passage. J’étudie dans un domaine où nous apprenons à nous soucier de l’être humain. Pour moi, ça commence maintenant», fait-il valoir. Il rencontre donc les responsables de l’Association générale des étudiants de l’UQTR (AGE UQTR), qui se montrent réceptif.ve.s au projet. Des étudiant.e.s sont formé.e.s et intègrent la brigade des Sentinelles.
Aucune formation sur le suicide à proprement parler n’est donnée dans tout le cursus du baccalauréat en psychologie.
«L’idéal serait que les différentes associations étudiantes intègrent l’adhésion au projet dans leurs statuts et règlements. J’aimerais voir émerger une culture de la prévention du suicide à l’UQTR», idéalise le sexologue en devenir. À ce jour, selon Annie Therrien, chargée de projet et de la formation au Centre de prévention du suicide Accalmie, plus de 130 étudiant.e.s ont été formé.e.s à l’UQTR dans le cadre du projet Sentinelles.
Et maintenant?
Il n’existe pas de statistiques sur les suicides dans le milieu universitaire. Statistique Canada révèle cependant qu’après les accidents, le suicide demeure la seconde cause de mortalité la plus importante chez les 15 à 34 ans. «Encore l’an passé, nous sommes intervenus lors du suicide d’un étudiant», se désole Nathalie Cardinal. Il s’agit en effet de l’aspect le plus difficile du travail des Sentinelles: l’intervention en aval d’une tragédie.
«Nous avons-nous même des ressources pour nous soutenir dans ces moments difficiles» souligne madame Cardinal, en parlant du travail des partenaires du Centre de prévention du suicide Accalmie. Rappelons que le rôle des Sentinelles, au-delà de l’écoute, demeure de diriger les personnes en difficulté vers une ressource professionnelle.
Selon Statistique Canada, le suicide demeure la seconde cause de mortalité la plus importante chez les 15 à 34 ans.
Les enjeux auxquels fait face le projet sont différents, selon la perspective étudiante ou celle des ressources humaines. Les Sentinelles étudiantes n’ont pas de bureau pour s’afficher, contrairement aux employé.e.s de l’UQTR ou des membres des associations étudiantes. «On a pensé à des t-shirts pour s’identifier, mais ça n’a pas vraiment levé à ce jour. C’est sûr que l’on devra réfléchir à une forme de communication pour se faire connaître davantage», souligne Anthony Morin. Si les médias sociaux peuvent constituer une piste de solution, il mentionne cependant que le temps et les ressources manquent parfois.
Du côté des ressources humaines, la conciliation entre un horaire chargé et l’implication dans le projet fait partie des problématiques que l’on rencontre. Selon Annie Therrien, compte tenu de la nature changeante des associations étudiantes et du continuel renouvellement de la population étudiante, le suivi du projet est plus ardu que lorsqu’il est question des ressources humaines, où Nathalie Cardinal assure une permanence. Dans le même ordre d’idées, la relève est une autre réalité à laquelle le projet fait face, car le responsable du côté étudiant, Anthony Morin, termine bientôt ses études.
Semaine de la prévention
Entretemps, la question du suicide est mise en avant du 4 au 10 février, alors que se tient la Semaine nationale de prévention du suicide. Des épingles à linge sont distribuées sur le campus. Initiée par l’Association québécoise pour la prévention du suicide (AQPS), la symbolique est la suivante: «T’es important pour moi», avec mention «faire circuler» au verso.
Le Centre de prévention du suicide Accalmie dispose d’une ligne d’intervention 24/7 au numéro suivant: 1-866-APPELLE.
Des ressources
Le Centre de prévention du suicide Accalmie dispose d’une ligne d’intervention 24/7 au numéro suivant: 1-866-APPELLE (1-866-277-3553) et d’une page Facebook. Les personnes intéressées par le projet Sentinelles peuvent consulter la page du projet sur le site web de l’UQTR, ou contacter Nathalie Cardinal à l’adresse suivante: nathalie.cardinal@uqtr.ca.
Notons en terminant que parmi les services offerts aux étudiant.e.s de l’UQTR, on compte un service de psychologie. Accessible sur le portail étudiant, le service offre des consultations individuelles, des ateliers de groupe, un bottin de ressources communautaires, des chroniques, etc. On y offre, notamment, des techniques de gestion du stress.