
Pour la troisième édition de La performance comme espace de rencontre, la commissaire Lorraine Beaulieu a invité six artistes à livrer des œuvres éclectiques. La Galerie R3 a célébré cet art, entre le théâtre et les arts visuels, avec quatre tableaux surprenants qui posent une fois de plus la question de la présence du spectateur, ainsi que sa réception. Le public, attentif, a reçu des propositions où la parole dominait.
La soirée a commencé avec l’intervention Passé, Présent, Futur du duo The Two Gullivers, composé du professeur Besnik Haxhillari et de la chargée de cours Flutura Preka. Le duo d’artistes a fait son entrée dans la Galerie avec un grand câble rouge. Lentement, le couple a traversé l’espace en forçant les spectateurs à se déplacer vers le fond de la galerie. À la manière des cordes de velours qui délimitent l’accès dans les musées, The Two Gullivers a ciselé avec fermeté l’espace des spectateurs et l’espace spectaculaire.
Une vidéo projetée, représentant un groupe de jeunes, faisait face à l’amas de spectateurs entassés dans le fond de la galerie. La rumeur de leur voix s’entendait et révélait le cri humain, cacophonique et impersonnel, à la manière des envolées d’outardes qui lézarderont bientôt le ciel. En réponse à ces murmures, The Two Gullivers a invité le public à s’exprimer haut et fort sur leur passé, leur présent et leur futur. Le bruit des spectateurs résonnait dans la galerie au rythme des gros drapeaux brandis où étaient inscrits en lettres grasses PASSÉ, PRÉSENT et FUTUR.
Pour la performance «Parc», les deux hommes se sont livrés certes à des gestes qui appelaient à la douleur, mais ils ont offert des images empreintes d’une grande beauté.
En continuité avec son exposition performative Socles de paroles, l’artiste Agnès Aubague a poursuivi en offrant sur un socle quelques dictapoèmes. Les textes étaient empreints d’un humour léger qui semble définir le style d’écriture de la performeuse. La Bureaulogie expliquée aux oiseaux s’inscrit absolument dans la démarche de l’artiste, qui convoque tout un champ lexical et numéral au travail de bureau.
La parole a momentanément été éclipsée de la soirée pour laisser place à une performance qui se rangeait plutôt dans la lignée de Chris Burden, qui blessait volontairement son corps. Sébastien Dulude et Sébastien Goyette-Cournoyer ont mis les leurs à l’épreuve dans une proposition mettant en avant la souffrance. Le spectateur devait donc supporter les impacts au sol et les plaintes vocales sans intervenir et sans réagir. Le spectateur de l’art de la performance se retrouvait souvent dans une période de malaise, soit parce qu’il était en demande et en interaction avec les artistes, soit parce qu’il observait des scènes percutantes dans un état de latence étrange.

Pour la performance Parc, les deux hommes se sont livrés certes à des gestes qui appelaient à la douleur, mais ils ont offert des images empreintes d’une grande beauté. À la suite de leurs explorations, les deux protagonistes, presque nus, se sont enlacés dans une accolade sincère qui est venue estomper le souvenir de l’étrange spectacle qui venait de se dérouler.
Le spectateur de l’art de la performance se retrouvait souvent dans une période de malaise, soit parce qu’il était en demande et en interaction avec les artistes, soit parce qu’il observait des scènes percutantes dans un état de latence étrange.
La performance aux accents fortement théâtralisés de Hélène Matte a joliment éteint la soirée. Sa variation sur le thème de la rose était d’un ludisme absurde et humoristique plaisant, qui a également interrogé au passage la manière de penser le concept spectaculaire. Ce numéro varié, coloré et multisensoriel a donné lieu à des tableaux aussi loufoques que de voir l’artiste porter des souliers en pain ou de ramer avec une serpillère assise dans la cuve.
[…] des initiatives artistiques qui semblent dérangeantes, voire provocantes. Par exemple, mentionnons l’article de Marie-Christine Perras sur la troisième édition de La performance comme espace de rencontre qui s’est déroulée à la […]