La pandémie apporte son lot de changements sociaux et le journalisme n’est pas épargné. Le journaliste actuel doit composer avec une nouvelle réalité: le télétravail. Une bénédiction pour certaines personnes et un calvaire pour d’autres. Pour en parler, nous avons rencontré Stéphan Frappier, rédacteur en chef et directeur général du Nouvelliste de la Mauricie.
«Le journalisme en pandémie se résume à trois mots: Zoom, Zoom, Zoom», s’esclaffe Stéphan Frappier, ajoutant que le virage télétravail était prévu avant l’arrivée de la pandémie au Nouvelliste.
Visionnaire et précurseur
«[…] Quand on a relancé notre modèle, on avait déjà décidé au Nouvelliste de travailler en télétravail. En janvier 2020, on est, appelez-nous visionnaires, précurseurs, peu importe, on avait déjà décidé que les journalistes allaient travailler de la maison, sauf qu’on allait avoir huit postes, où les journalistes pouvaient venir au journal, prendre leur ordinateur de façon un peu in and out, de venir de temps en temps comme ça. Et j’avais même deux journalistes qui en janvier et février avaient servi de cobayes […] et ils aimaient ça être à la maison, c’était convivial puis il n’y avait pas de problème», renchérit-il.
Or, selon Stéphan Frappier, l’arrivée de la pandémie est venue complètement changer les perceptions. «Au mois d’avril, c’était différent parce que là, le plaisir du télétravail était court-circuité par le confinement», précise le directeur général du Nouvelliste. «C’est là que la dimension pandémique enlève tout plaisir. Parce que si tu es en télétravail et le soir tu peux sortir, aller au cinéma, aller voir les ami.e.s. Et même, de temps en temps venir au journal quand tu as le blues de la gang, puis tu t’en viens faire un tour. […] Mais là, les quatre murs sont venus exacerber les perceptions», rajoute-t-il. Bref, le confinement imposé en mars 2020 a compliqué les choses pour tous et toutes.
La façon de faire son travail de journaliste a changé en contexte de pandémie. «Et pour la pratique aussi, je pense au présentiel, les conseils de villes, les points de presse, il y a de la collecte d’informations qui se fait souvent de façon parallèle aux évènements établis, des contacts, des discussions de couloir. Il y a beaucoup de choses qui se trament dans ces contacts-là. Donc, il a fallu les faire autrement, c’est des coups de fil, mais ce n’est pas pareil», s’exclame t-il. Les contacts humains sont quasi-inexistants dans cette nouvelle réalité.
Hâte de «feeler» les relations humaines
«C’est une dimension qui est complètement différente, qui est plus lourde, puis j’imagine qu’autant que vous [étudiant.e.s], vous avez hâte de revenir à l’école pour vous assoir dans une classe pour jaser, prendre un café dans le couloir après. Autant que les journalistes ont hâte de retourner sur le terrain pour un peu feeler les relations humaines, un peu les vivre plus. Tout est un peu synthétique, tout est un peu formel. Donc, on a beau s’habituer, mais dans les contacts humains, puis dans l’information, il y a une grosse différence, de sentir l’humain, de lui parler, de le garder après la conférence de presse pour dire: Ah j’ai deux petites questions pour toi. Mais un jour, un jour», souligne le rédacteur en chef du Nouvelliste.