
Pour la deuxième année consécutive, le Théâtre des Gens de la Place produit un spectacle en marge de sa saison régulière. La troupe amateur a présenté, à la salle Louis-Philippe-Poisson, Contes à rebours, un montage de six monologues écrits par autant d’auteurs, spécialement pour l’occasion. Cette initiative remarquable et admirablement bienvenue dans le paysage théâtrale de la région est une réussite sur toute la ligne. Nul besoin de mentionner les accrocs.
Rien n’est parfait, évidemment. Dans l’ensemble, le rythme est superbe, les longueurs quasi inexistantes. Cela étant dit, il est davantage de mise de souligner le superbe travail des différents artisans. Habituée de briller sous les feux de la rampe, la comédienne de longue date du TGP, Cindy Rousseau, livre une deuxième mise en scène discrète et une direction d’actrice subtile. Elle a su dynamiser les monologues dans un espace de jeu restreint où les spectateurs se font face.
L’allée surmontée de quelques lumières en tube se termine sur un miroir. Cette scénographie rappelle l’espace des défilés de mode, un lieu où la femme ne sert que de socle au service de conventions stupides. Pour l’édition Filles en série, les auteurs de conte n’ont eu comme unique contrainte que d’écrire pour une femme. La touche légère véhiculée par cette organisation spatiale reflète bien les forces tranquilles de cette production.
Habituellement habitué de briller sous les feux de la rampe, la comédienne de longue date du TGP, Cindy Rousseau, livre une deuxième mise en scène discrète et une direction d’actrice subtile.
Chantale Rivard resplendit dans son personnage de fille de région. La grande Julie, le troisième conte de la programmation, vient briser le rythme et la tendance dramatique que prenait la représentation. L’allure générale de la comédienne est incarnée dans tout son corps et est d’une grande crédibilité. La caricature est justement dosée. La regarder se déhancher sur les mots de Marjolaine Arcand est d’un amusement franc. Originaire de Champlain, l’auteure intègre son village natal avec un humour délectable, dans une histoire qui fraye avec l’absurde.

Étienne Bergeron a écrit une histoire fort surprenante, rendue par la fabuleuse Rollande Lambert. Cette actrice ne joue pas, elle est. La voir sur scène est un plaisir assuré. Elle a su faire voyager les spectateurs dans les sous-bois de l’Île St-Quentin, un univers créé par Bergeron. Le vocabulaire précis qui ébranle sans choquer de l’habile écrivain devient sans prévenir un drame pour la pauvre dame incarnée par Rollande Lambert.
La touche légère véhiculée par cette organisation spatiale reflète bien les forces tranquilles de cette production.
Les références régionales dans plusieurs textes ajoutent au plaisir de découvrir les créations originales. La mention d’un spectacle de Jean Leloup au Festival de l’Art vocal (désormais FestiVoix) en fait partie. Ce moment, généreusement donné par Alexandrine Piché-Cyr, est un bijou. À la manière d’un flashback, alors qu’elle se lamente sur sa laideur, elle chantonne et danse au son de la musique de Leloup. Cette trouvaille de mise en scène et l’énergie de la comédienne en font un extrait fort agréable. Le conte Karine est écrit par Benoît Drouin-Germain.
Parmi les autres auteurs, tout aussi pertinent, se retrouvent le metteur en scène Marc-André Dowd, qui a écrit pour la comédienne Andréanne Cossette. En plus de jouer, cette dernière signe le conte Les papillons. Ce dernier est interprété par Caroline Clément. Le don, raconté par Marie-Andrée Leduc, est écrit par le poète et performeur Sébastien Dulude