Un œil sur l’actualité internationale: Une course à la propreté pas toujours très propre

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Gwendoline Le Bomin. Photo: Mathieu Plante
Gwendoline Le Bomin. Photo: Mathieu Plante

L’été s’est clôturé par une bonne nouvelle pour l’environnement: depuis le 28 août, les sacs plastiques au Kenya sont bannis dans les lieux publics et magasins. Une victoire pour les écologistes! Cependant, si l’on regarde de plus près, ce genre de mesures prises par certains gouvernements en cachent d’autres, moins réjouissantes: le commerce des déchets.

La première victoire des écologistes et défenseurs des animaux s’est célébrée en mai 1977. Le Kenya décide alors de protéger sa faune sauvage et interdit le braconnage, qui prenait alors des proportions inquiétantes. Avant d’y mettre totalement fin en 2003, l’État autorisait toutefois l’abattage contrôlé du gibier pour la viande.

Cette année, pour lutter contre la pollution, le Kenya a interdit l’utilisation, la fabrication et l’importation de sacs plastiques. Cette mesure est d’ailleurs déjà en place dans plusieurs pays africains. Pour tous contrevenants, ces derniers se verront infliger une amende de 32 000€ (environ 47 000$ CAN), ainsi qu’une peine de prison de quatre ans maximum.

Les supermarchés kényans distribuaient encore récemment jusqu’à 100 millions de sacs en plastique par an. Toutefois, cette interdiction ne concerne pas les produits emballés dans du plastique, ni les sacs à ordures.

Pratique et à bas coût, le sac plastique est devenu indispensable dans notre quotidien, mais il représente une véritable catastrophe pour l’environnement, et en particulier pour la faune marine.

Pratique et à bas coût, le sac plastique est devenu indispensable dans notre quotidien, mais il représente une véritable catastrophe pour l’environnement et en particulier, pour la faune marine. En effet, les animaux prennent les sacs plastiques pour de la nourriture, ce qui provoque alors une suffocation et la mort de ceux-ci.

Mettant entre 500 et 1000 ans à se dégrader, les sacs en plastique menacent indirectement l’homme, car ces derniers rentrent dans notre chaîne alimentaire à travers notre consommation de poissons, principalement.

D’autres pays ne sont pas en reste

Sur les autres continents, certains pays s’illustrent également par leur avancée concrète dans la transition écologique. Depuis un quart de siècle, la Suède se distingue par rapport aux autres pays européens dans son chemin vers le développement des énergies renouvelables.

Le premier sommet de la Terre, organisé par les Nations unies dans la capitale, Stockholm, en 1972, marque durablement la population suédoise. Le pays souhaite dorénavant prendre la place de leader dans les énergies renouvelables.

En 31 ans, la Suède a diminué de 42% sa consommation de produits pétroliers. En 1991, le pays met en place un ensemble d’impôts visant à réduire l’usage des carburants fossiles, et se lance dans une course technologique qui lui permet d’obtenir près de la moitié de son énergie à partir des ressources renouvelables.

Depuis un quart de siècle, la Suède se distingue par rapport aux autres pays européens dans son chemin vers le développement des énergies renouvelables.

En mai dernier, la Suisse s’est exprimée par référendum sur la sortie du nucléaire pour faire place aux énergies renouvelables. D’ici 2035, le pays vise à réduire de 43% sa consommation d’énergie. Cette nouvelle loi interdit la construction de nouvelles centrales nucléaires, mais elle permet toutefois aux cinq réacteurs présents sur le territoire de continuer à fonctionner. Cette loi a été le fruit d’une longue bataille, engagée après l’accident nucléaire de Fukushima au Japon, en 2011.

On peut alors se demander pourquoi certains pays réalisent de grandes avancées dans le domaine écologique, tandis que d’autres sont à la traîne, comme si certaines mesures relevaient de l’impossible. D’autres reculent devant les groupes de pression et suivent, au grand dam de l’environnement et de notre santé, les intérêts des lobbys.

La valse des déchets

Derrière ces mesures phares, la réalité ne se montre pas toujours aussi rose. Dans la course aux énergies propres, un autre pan de la propreté montre les inégalités entre les pays: celui du commerce des déchets.

Depuis les années 1980, à la suite d’une réglementation de plus en plus stricte, les pays les plus riches déversent leurs déchets toxiques chez les plus pauvres. Aussi surprenant que cela puisse paraître, lorsque les États-Unis achètent des téléphones portables à la Chine, cette dernière lui achète tout simplement ses déchets (chiffons, ferraille, compression de bouteilles en plastiques, etc.).

Et ce marché est drôlement lucratif: pas moins six des dix premières entreprises exportatrices américaines brillent dans ce milieu, rapportant en 2016, 5,6 milliards de dollars.

Ces déchets, après avoir été reconditionnés par une main d’œuvre exploitée, feront le chemin inverse vers les supermarchés américains sous la forme d’objets tout beaux, tout neufs.

Depuis les années 1980, à la suite d’une réglementation de plus en plus stricte, les pays les plus riches déversent leurs déchets toxiques chez les plus pauvres.

Malheureusement, ce juteux et accommodant libre-échange a rencontré des difficultés en juillet dernier. En effet, Pékin a déclaré à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) vouloir mettre fin à l’importation, d’ici la fin de l’année, de 24 types de déchets. Le pays souhaite dorénavant protéger son environnement et la santé de sa population.

L’État américain doit alors se chercher de nouveaux partenaires, ou de nouveaux pays exploités. Il a peu de souci à se faire, car déjà, le Vietnam, la Malaisie et le sous-continent indien se portent candidats.

On imagine difficilement les pays du Sud rivaliser dans la course aux énergies renouvelables, lorsque d’autres vous salissent, au sens propre comme au figuré.

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