Le photographe Jean-François Tardif expose ses clichés noir et blanc à l’essence rétro, Les vestiges de la 20, jusqu’au 6 avril au Centre culturel Pauline-Julien. Ce photographe autodidacte a arpenté l’autoroute 20 d’ouest en est afin d’immortaliser les vestiges d’une époque nostalgiquement révolue.
Jean-François Tardif affiche un air timide et réservé, mais quand il parle de sa fascination pour les points de ravitaillement des autoroutes du Québec, son regard s’ouvre comme son obturateur. Une trentaine de photographies composent cette exposition qui fait indubitablement voyager dans le temps. Sillonner le Québec à la recherche de paysages, à la recherche de belles images, voilà une initiative somme toute assez banale. Par contre, capter de la sorte des images du passé, c’est une idée qui fait son chemin.
L’exposition est organisée pour que le spectateur défile d’ouest en est sur la 20. Les immeubles qui sont représentés sont devenus au fil des ans des points de repères, des bornes, des lieux de rendez-vous et, pour certains, de véritables institutions. Du Madrid au Gaz bar en passant par le Restaurant 228 et Le Martinet, le public est convoqué à une rencontre avec un paysage hors du commun tellement il est devenu courant.
Le grain de la photographie argentique avive davantage la mélancolie associée au passage du temps.
Les photographies rendent la mémoire aux anciens, font jaillir les souvenirs d’une époque qui a transformé le Québec. L’histoire des routes et des autoroutes au Québec n’est pas anodine. Entre Maurice Duplessis et Jean Lesage, les routes et autoroutes ont façonné la vie des Québécois. Véritables symboles de modernité et de progrès, les tours de machines sur la grande route ont fait sortir de terre multiples restaurants et stations-service. Des entreprises familiales qui ont servi d’oasis pour les voyageurs, de détente pour les usagers de la 20.
Le grain de la photographie argentique avive davantage la mélancolie associée au passage du temps. Le noir et blanc révèle les formes et la composition des photos. Sans la couleur, le spectateur n’est pas submergé par celle-ci, donc ce sont les éléments qui composent l’image qui sont visibles au premier regard. Le rituel associé au développement en chambre noire accentue l’importance qu’il faudrait accorder au passé, aux traces laissées par les précédents.
L’architecture des années 60 et 70 laisse souvent à désirer, mais ce n’est pas l’enjeu de ce travail. Loin de révéler les bijoux architecturaux, il révèle plutôt les bijoux d’une époque qui transpire la liberté naissante et l’ouverture sur le monde. La chasse du photographe a duré deux ans et depuis, certains des édifices qu’il a pris en photo ont été démolis, laissant souvent la place à des mégastations relais. C’est donc un travail nécessaire que celui-ci. Ce sont des documents d’archives importants, mais d’abord des bâtisses habitées d’une âme.
Les photographies rendent la mémoire aux anciens, font jaillir les souvenirs d’une époque qui a transformé le Québec.
Dans ses recherches, Jean-François Tardif a mis les pieds chez un ferrailleur et son objectif sur des wagons du train de l’Expo 67. Des artéfacts ruisselants d’un Québec porteur de rêve, d’un Québec d’avant la postmodernité individualiste, d’un Québec prêt à tout pour devenir, pour exister. C’est une exposition qui rend hommage au passé et qui fait état d’une génération plus rapide, avide de grandeur, individualiste et insensible au bien commun. Payer moins cher au détriment du bonheur de son prochain.
Bonjour Madame Perras.
Merci beaucoup pour ce très beau article!
Bonne journée!!!
Jean-François