
Le 24 janvier dernier avait lieu le vernissage de l’exposition Révolutions Intimes de Laurence Thériault en partenariat avec l’Atelier Silex. L’artiste, en finissant son baccalauréat en arts visuels à l’Université du Québec à Trois-Rivières, s’est vue décerner le Prix Silex, lui donnant l’occasion de faire sa première exposition solo. Le public peut profiter de l’installation jusqu’au 13 février prochain.
L’Atelier Silex au coeur de l’art actuel
Chaque année depuis 1992, l’Atelier Silex décerne le Prix Silex à un.e étudiant.e finissant.e de l’Université du Québec à Trois-Rivières qui s’est démarqué.e par son audace, son éloquence et son exécution. Le prix comprend une bourse de 250$ ainsi qu’un statut de membre de l’atelier pendant trois mois, donnant accès aux espaces et aux équipements de l’atelier. À la suite de cette exploration et de ce travail, le récipiendaire a l’occasion de présenter son travail dans un des espaces d’exposition, et ce, pendant trois semaines.
L’Atelier Silex a comme mission la promotion, le développement et la recherche en art actuel. Le centre offre des espaces et de l’équipement aux artistes émergent.e.s ou professionnel.les dans l’optique de les soutenir dans leur carrière artistique.
Une installation haute en couleur et en symbolisme
Le vernissage de l’exposition a eu lieu le 24 janvier dernier, dans une formule « 5 à 7 » conviviale. Dès l’entrée dans le local d’exposition de l’Atelier Silex, qui se trouve au deuxième étage, les spectateurs sont immédiatement lancés dans l’univers féministe de l’artiste. Vers la gauche se trouvaient une table avec quelques œuvres imprimées en vente, ainsi qu’une table de rafraichissements. De l’autre côté se trouvaient la salle d’exposition et les œuvres de Laurence Thériault.
Au premier regard, nous sommes frappé.e.s par le mur jaune, les accents de rouge au plancher et aux murs, ainsi que l’explosion de papier au centre de la salle. En se tournant un peu, on aperçoit l’immense guillotine en bois qui s’élève jusqu’au plafond. Le mur jaune, tout près de l’entrée, est agrémenté d’utérus étampés en groupe de quatre, créant un motif donnant l’illusion d’un simple papier peint. En levant un peu les yeux, on aperçoit des cordes jaunes tenant des seins en céramique rouge. Il y en a un peu plus d’une dizaine, suspendus au plafond à travers la salle.

Au centre de l’exposition, un tapis de velours rouge recouvre le plancher, surmonté de trois caisses de bois. Des feuilles de papier fripées débordent de ces caisses, cascadant jusqu’au sol. Ces feuilles de papier sont, en fait, des articles de journaux, principalement de La Presse, qui dénonce ou parle de n’importe quel sujet touchant les femmes. Les sujets abordés comportent, entre autres, les féminicides, les viols et l’acte de donner le sein. L’intention était de témoigner de la surabondance d’informations et d’événements qui bombarde les femmes au quotidien.
Deux murs adjacents portent des pans de velours rouge, rappelant celui du plancher. Sur ceux-ci se trouvent des oeuvres de céramique montées sur des planches de bois, qui rappellent la forme de trophées de chasse. Chaque oeuvre de céramique représente une première expérience dans la vie d’une femme. Ces expériences sont montrées comme des trophées pour lancer l’idée que les femmes devraient être fières de ces moments et cesser de les intérioriser.
La pièce de résistance
Chaque projet de l’artiste Laurence Thériault comporte un élément central, qui fait habituellement réagir plus que les autres. Dans celui-ci, il s’agit de la guillotine en bois qui monte jusqu’au plafond de la salle. Partout sur la guillotine et au sol se trouvent des utérus en céramique. L’artiste affirme que la guillotine « incarne la justice et la répression, mais en même temps l’oppression exercée par un système patriarcal sur les femmes. »
Un esprit fertile combiné à une mission féministe
L’artiste Laurence Thériault puise son inspiration un peu partout dans l’histoire et la culture féministe. Le point de départ de cette exposition est la nouvelle La Séquestrée de Charlotte Perkins-Gilman. L’histoire parle d’un papier peint jaune, qui est au départ anodin, mais qui prend vie tranquillement. On le voit à travers les yeux d’une jeune femme alitée à la suite de son accouchement, se faisant dire qu’elle n’a plus le droit de vaquer à ses activités.
« Je me représente comme une artiste féministe »
Laurence Thériault
La récipiendaire du Prix Silex s’inspire aussi beaucoup du travail de céramique de l’artiste Caitlin Rose Sweet, ainsi que de la vision féministe de Martine Delvaux, une femme de lettres québécoise. C’est important pour Laurence Thériault d’ouvrir ses horizons et de puiser son inspiration un peu partout. Elle affirme qu’« il y a des féministes autant dans l’écriture, que dans la musique, que dans les films ». Ces femmes méritent toutes d’être écoutées.
Un amour de l’art incontestable
Depuis l’école secondaire, Laurence Thériault touche aux arts visuels, en particulier dans le milieu scolaire. Elle a par la suite continué son exploration en arts au Cégep de Trois-Rivières, pour finir au sein de l’UQTR. Pour elle, l’obtention du Prix Silex est un rêve qui s’est réalisé. Elle nous assure que « le prix Silex c’était vraiment le but ultime, c’était le prix que je visais. »
Sa démarche artistique est recherchée et la passion dans sa voix est indéniable lorsqu’elle en parle. Elle décrit sa démarche comme portant sur l’activisme du corps, l’utilisant comme une matière en lui-même.
« L’art, depuis toujours, ç’a été dans mes veines. »
Laurence Thériault
L’exposition Révolutions Intimes est toujours en place jusqu’au 13 février prochain à l’Atelier Silex. Cette exposition pique assurément la curiosité et donne hâte d’assister à la continuité de la carrière de Laurence Thériault.