Avis à tous les nouveaux et même anciens étudiants, professeurs, collègues, lecteurs, historiens, il est toujours fascinant de constater à quel point nous connaissons à peine, la plupart du temps, la ville qui nous accueille pour continuer nos études. Voici la deuxième partie d’un panorama historique sur la chronologie trifluvienne.
1852 : Trois-Rivières, qui dénombre un peu moins de 5000 habitants, devient le siège d’un évêché. S’ensuivra jusqu’à nos jours une longue et décisive influence de la tradition religieuse catholique, dont la fondation du Collège des Trois-Rivières (Séminaire Saint-Joseph) par Joseph-Édouard Turcotte [1808-1864], avocat et maire de Trois-Rivières (1857-1863), avec Mgr Cooke en 1860.
1880 : L’abbé Napoléon Caron [1846-1932], chanoine de la paroisse Immaculée-Conception de Trois-Rivières est impliqué dans la création de l’hymne «Ô Canada», car c’est lui qui envoya une lettre à la Société St-Jean-Baptiste afin de doter les Canadiens français d’un hymne national, pour la Convention nationale des Canadiens français, du 23 au 25 juin à Québec, devant réunir des délégués du Canada et des États-Unis. La SSJB instaure alors un concours d’où émerge un «chant national» composé par Calixa Lavallée sur le poème français «Ô Canada» écrit par Adolphe-Basile Routhier.
22 juin 1908 : Alors que Québec fête son tricentenaire, Trois-Rivières brûle presque entièrement à cause d’un incendie violent s’étant déclaré dans le quartier des affaires. La majeure partie de la vieille ville est détruite, n’épargnant qu’une dizaine de bâtiments datant du régime français comme le monastère des Ursulines et le manoir de Tonnancour.
7 août 1936 : Élection du gouvernement du trifluvien Maurice Duplessis avec son parti l’Union Nationale, qu’il a créé un an auparavant. Après une absence au pouvoir de 1939 à 1944, son parti reprend le pouvoir pour quinze années consécutives (quatre mandats majoritaires), un record dans l’histoire du Québec. Par la suite, Duplessis adoptera plusieurs mesures nationalistes : Loi des pensions de vieillesse, installation du crucifix à l’Assemblée nationale dès 1939, récupération du fédéral de près de 50% de nos impôts, électrification des campagnes et adoption du fleurdelisé comme drapeau national officiel, le 21 janvier 1948. Au Canada, il faudra attendre 1965 pour l’adoption d’un drapeau officiel! Duplessis restera en poste jusqu’à sa mort, le 7 septembre 1959, lors d’un voyage à Shefferville sur la Côte-Nord.
1959 : Les armoiries de la ville de Trois-Rivières sont adoptées pour remplacer celles de 1857 qui ne respectaient pas les exigences de l’art héraldique. Le chevron et la devise sont hérités des armoiries du célèbre gouverneur Pierre Boucher [1622-1717] qui habitait déjà Trois-Rivières en 1635 : Deus nobiscus quis contra (Dieu est avec nous qui est contre), issue de l’Épître de St-Paul aux Romains aussi connue dans sa version biblique : «Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous?» Cette devise est également toujours celle du 12e régiment militaire actuel de Trois-Rivières.
- Le fond est bleu azur, comme la fleur de lys.
- Le chevron et les trois poissons sont argentés.
- Le castor est brun et les feuilles vertes.
- Les trois poissons symbolisent les trois rivières. Ils sont aussi le totem des premiers occupants des lieux, des Indiens attikameks.
- La fleur de lys indique les origines françaises de la ville.
- Les feuilles d’érables soulignent l’appartenance canadienne.
- Le castor représente l’esprit industrieux des habitants de Trois-Rivières.
24 juillet 1967 : Le général Charles de Gaulle, premier souverain d’une telle envergure à venir au Québec, invité par le Premier ministre de l’Union Nationale, Daniel Johnson, longe le Chemin du Roy et s’arrête à la Basilique du Cap puis à Trois-Rivières dès 13h, encourageant le peuple à «devenir maître de lui-même».
Automne 1969 : Alors que la première université d’État officiellement laïque est créée à Montréal (l’UQAM) dans le cadre du programme instauré par l’Union Nationale pour stimuler l’enseignement postsecondaire francophone (fondation du réseau des Universités du Québec en 1968), Trois-Rivières fonde l’UQTR.
Octobre 1970 : Tout comme près de 500 autres victimes de la Loi des mesures de guerre proclamée par le gouvernement libéral Trudeau, des trifluviens sont arrêtés : Marcel Desjardins, le futur député péquiste Gérald Godin, sa femme la chanteuse Pauline Julien et sa fille Pascale Galipeau, ainsi que quelques militants péquistes de Shawinigan dont Gilles Toupin et Robert Lafrenière. La plupart des arrestations concernaient des citoyens considérés suspects (comédiens, professeurs, chanteurs, poètes, écrivains, journalistes, syndicalistes, étudiants, imprimeurs, avocats), surtout des indépendantistes, une injustice historique qui jalonne la longue liste des attaques contre la population du Québec.
30 octobre 1995 : À l’occasion du deuxième référendum sur l’indépendance du Québec, Trois-Rivières vote en faveur à 55,64 % sur un total de 34 739 votes, c’est-à-dire 92,94 % de la population.
2009 : «Avec ses artistes, écrivains, poètes, créateurs; avec ses salles de spectacles, musées, galeries d’art, ateliers d’artistes, orchestre symphonique, festivals variés, troupes de théâtre, Trois-Rivières s’est mérité le titre de Capitale culturelle du Canada» pour la célébration de son 375e anniversaire de fondation.