Biennale internationale d’estampe contemporaine: Bacchanale d’œuvres disparates tout l’été

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La série Chimères de Valérie Guimond, chargée de cours au département des arts de l'UQTR, questionne les dogmes enfantins. Photo: Centre d'exposition Raymond-Lasnier
La série Chimères de Valérie Guimond, chargée de cours au département des arts de l’UQTR, questionne les dogmes enfantins. Photo: Centre d’exposition Raymond-Lasnier

La 9e Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières (BIECTR) s’est terminée le dimanche 6 septembre dernier. Pendant onze semaines, les 57 artistes en provenance de 26 pays ont exposé au total 300 œuvres. En plus des quatre lieux principaux de diffusion, un circuit d’expositions parallèles dans quelques villes de la région s’est greffé à cet évènement qui ne cesse de gagner en popularité, mais surtout en crédibilité. Depuis sa première édition en 1999, la BIECTR est devenue le plus grand rassemblement entièrement dédié à l’estampe au Canada.

Les œuvres éclectiques de la Biennale font voyager dans de multiples univers. Il est toujours impressionnant de voir avec quel génie et quelle dextérité les artistes de l’estampe arrivent à renouveler cet art traditionnel. L’expression de cette innovation audacieuse était exposée au Musée Pierre-Boucher. L’Ontarien Yael Brotman a sculpté ses impressions afin de créer des structures qui rappellent des ponts, des quais et des promenades. Ce sont pour lui des constructions humaines qui protègent de la force de l’eau. Ses gravures imprimées sur papier japonais sont collées sur du carton mousse et permettent ainsi à l’artiste de monter ses formes.

Parmi les œuvres plus classiques se distingue le travail d’Ariane Fruit. Cette artiste française grave sur des planches de linoléum grand format. Ses estampes noir et blanc sont d’une vibrance déconcertante. Les nuances de gris sont ciselées minutieusement aux fils des entailles dans la matrice. Ce sont les représentations de stations de gares ou de métros au moment où la ville va trop vite. Ces côtés artificiels et impersonnels des heures de pointe deviennent émouvants et transcendants devant cette force frémissante. Les estampes d’Ariane Fruit, présentées à l’ancienne gare ferroviaire, ont d’ailleurs reçu une mention d’honneur de la part de l’organisation de la BIECTR.

Il est toujours impressionnant de voir avec quel génie et quelle dextérité les artistes de l’estampe arrivent à renouveler cet art traditionnel.

La Belge Martine Souren exposait à la Galerie d’art du parc un travail ludique. Elle aime observer les passants, surtout les femmes. Elle leur invente des vies, des aventures. «Souvent ces destinées quotidiennes rejoignent l’universel. Ces femmes croisées dans la rue ressemblent aux héroïnes des légendes. Je les dessine plus tard, dans mon atelier. Je m’efforce de retrouver leur énergie, leur dignité et leur mystère», affirme Martine Souren. Haute d’un peu plus d’un mètre, mais suspendue de manière à ce qu’elle paraisse grandeur nature, cette horde de femmes dupliquées s’impose comme autant de guerrières du quotidien. Invitée par l’Atelier Presse-Papier, elle a aussi présenté une exposition solo au centre de diffusion de l’atelier pendant la Biennale.

Visiblement inspirés par le Pop Art, plusieurs artistes ont dénoncé l’actualité mondiale.

Du côté du Centre d’exposition Raymond-Lasnier, les tendances étaient beaucoup plus dans l’unification du quotidien et de l’art. Visiblement inspirés par le Pop Art, plusieurs artistes ont dénoncé l’actualité mondiale. De Monsanto aux technologies intrusives, de la restauration rapide aux faux superhéros, de l’austérité aux crimes de guerre, les débris d’une société qui regorge de maux sont dépeints avec brio. Parmi ces artistes revendicateurs, Valérie Guimond, chargée de cours au Département des arts, expose ses impressions grands formats qui portent un regard sur l’univers de l’enfance parfois corrompu. Chapeau bas aux artistes qui prennent position et offrent un miroir souvent désobligeant, mais toujours nécessaire à ceux peut-être qui refusent de voir. L’artiste iranien Mehdi Darvishi s’est vu décerner le grand prix de la Biennale pour ses œuvres. L’exécution sobre de son travail est touchante car son propos est directement en lien avec le climat de guerre du Moyen-Orient. Les œuvres respirent la mort désolante et le repli sur soi.

Solide de son administration et de ses nombreux partenaires, dont l’Université du Québec à Trois-Rivières, la 9e édition de cet évènement de grande envergure se clôture sur une note positive. Cette abondance de couleurs, de formes, de textures, de techniques est impressionnante. Vive la différence, la simplicité et la vérité.

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