La dixième édition de la Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières a battu son plein tout l’été dans la ville. Rassemblant 300 œuvres, 51 artistes représentant 19 pays, l’événement a de quoi faire rayonner la région tous les deux ans. La présence de l’Atelier Presse-papier au centre-ville et la formation en arts visuels de l’UQTR contribuent à l’envergure d’une telle manifestation.
C’est d’ailleurs à ces deux endroits que travaille l’artiste Valérie Guimond, qui expose pour la deuxième fois à la BIECTR. Privilégiant l’estampe lors de ses études à l’UQTR, la désormais chargée de cours remporte la Bourse Presse-papier pour son projet final en 2002. Membre de l’atelier depuis ce temps, elle cumule un deuxième mandat à la présidence du centre d’artistes.
Cette deuxième invitation à la biennale a été l’occasion pour l’artiste de mettre sur pied un projet solo, dans le cadre des expositions parallèles parsemées un peu partout dans la ville. Elle a présenté, à l’Espace 0…3/4 de l’Atelier Silex, Les fausses princesses, un travail qui a débuté dans un cours de deuxième cycle, et qui continue d’alimenter ses recherches.
Le lieu d’exposition est rempli de photographies de fillettes habillées en princesse, sérigraphiées sur de longues bandes de tissu vaporeux. S’ajoutent à ces spectres mystérieux des femmes vêtues légèrement, rappelant l’accoutrement des prostituées. Ces images sont imprimées sur des panneaux de bois, balafrés parcimonieusement par l’artiste de l’estampe. Valérie Guimond se plaît à parer ses personnages d’un masque à gaz. Il représente pour elle un objet qui coupe du monde et dirige vers une introspection obligatoire.
Les fausses princesses de Valérie Guimond sont le fruit d’un questionnement sur le déguisement, surmonté des stéréotypes rattachés aux genres.
Les fausses princesses de Valérie Guimond sont le fruit d’un questionnement sur le déguisement, surmonté des stéréotypes rattachés aux genres: le super-héros pour les garçons et la princesse pour les filles. L’un est davantage positif, soulignant la force et le courage, à connotation masculine, l’autre est plutôt négatif, véhiculant des idées de soumission et de superficialité. Pour entretenir ses réflexions, des auteures aussi variées que Lili Boisvert, Emily Witt et Anaïs Barbeau Lavalette se retrouvent tour à tour sur sa table de travail.
Valérie Guimond collabore actuellement avec l’Unité de recherche en arts visuels de l’UQTR. Douze professeurs, chargés de cours et étudiants de deuxième cycle du département de Philosophie et des arts participent à un projet audacieux, conjointement avec l’Université de Belgrade, en Serbie. Jumelée à une artiste serbe, Valérie Guimond a dû s’approprier une proposition de création qui lui a été remise.
À l’aube de sa quarantaine, Valérie Guimond peut se réjouir d’être devenue une excellente ambassadrice de l’estampe pour la région.
Déstabilisée d’abord, elle a su respecter sa démarche de recherche-création, et ce dépaysement lui a même permis d’explorer de nouveaux médiums. Bien qu’elle travaille en premier lieu avec la photographie, donc avec des modèles humains, elle a attaqué ce projet différemment. Toujours derrière la caméra, elle a mis en scène un stéréotype de prostituée sur la rue Sainte-Catherine Est à Montréal.
Cette immersion dans le monde de la performance et de la vidéo lui a valu son lot de réactions en direct et une nouvelle tangente. Pour la première fois, Valérie Guimond présentera une vidéo, projetée sur une sérigraphie. À l’aube de sa quarantaine, Valérie Guimond peut se réjouir d’être devenue une excellente ambassadrice de l’estampe pour la région.