Changer la vie: Pouvons-nous mettre fin à l’intimidation?

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10% des jeunes du Québec, de la prématernelle à l’université, subissent de l’intimidation. Certaines victimes s’étant suicidées, les médias, avides de sensationnalisme, se sont emparés de ces affaires… popularisant ainsi ce phénomène. Résultat: quand nous entendons parler d’intimidation, il s’agit surtout d’intimidation scolaire. D’où les questions: l’intimidation n’est-elle que scolaire? Est-il possible d’avoir des écoles sans violence dans une société violente?

Élargissons le problème

90% des intimidateurs sont de sexe masculin: devrions-nous y voir une influence de la société, des médias? Quels sont les jouets, les émissions de télé, destinés aux garçons? Les jeux de guerre, la lutte, les modèles sportifs: tout leur indique qu’ils devront recourir à la force pour obtenir ce qu’ils veulent. Mais, l’intimidation est-elle un sérieux problème seulement chez les jeunes? Ou est-elle présente tout au cours de la vie?

Entre les menaces d’intimidation des religions, menaces de l’enfer éternel, le monde de la politique, qui est une jungle où seule la loi du plus fort prévaut, nos immeubles d’affaires, conçus pour être des forteresses intimidantes (genre Wall Street), les actes de violence gratuits envers les personnes âgées, notre société a choisi son camp: elle glorifie l’entrepreneur qui «gagne», le sportif qui l’emporte sur ses rivaux. Alors, nous nous pensons civilisés: le sommes-nous vraiment?

Qu’est-ce?

Il ne faut surtout pas confondre l’intimidation avec des tensions normales, des conflits passagers, une certaine agressivité. Pour ceux qui ne savent pas de quoi il s’agit, voici une définition qui en vaut une autre: l’intimidation est une forme de violence sociale, caractérisée par la domination d’un individu sur un autre, au moyen d’actes répétés d’agression verbale, physique ou psychologique.

Causes?

Les Grecs nous ont appris que la connaissance réside dans le fait de découvrir les causes justes. Pourquoi certaines personnes en intimident-elles d’autres? Ou plus globalement: pourquoi vivons-nous dans une société violente? Dans l’état actuel de mon ignorance, j’identifie deux causes bien distinctes:

a) Cerveau reptilien: c’est un concept qui me vient de Paul MacLean: «les trois cerveaux en un». Le premier consiste en un cerveau reptilien: il est responsable non seulement des automatismes en tous genres, mais également des rituels agressifs. C’est ce cerveau qui incite l’être humain à vouloir dominer, être le plus fort, le premier. Ainsi, l’intimidateur intimidera pour l’excitation que procure le fait de dominer une autre personne.

b) Capitalisme: en quoi le capitalisme favorise-t-il l’intimidation? En ce qu’il oblige à une concurrence constante… dans le but de maximiser les profits… ce qui ne peut mener qu’à des luttes continuelles. Marx parlait de superstructures et d’infrastructures. De la façon dont je comprends les choses, l’infrastructure, c’est la façon dont tout le monde (individus et compagnies) est mis en compétition dans le libre marché. Quant aux superstructures, ce sont toutes les institutions qui nous influenceront de façon à faire de nous de féroces compétiteurs, que ce soit l’école, les sports, l’arène politique… bref, pour nous préparer à la lutte pour la survie… plutôt qu’à la coopération pour la vie.

À cause des «cellules miroir», l’intimidateur prendra conscience que maltraiter les autres, c’est se maltraiter lui-même.

Les acteurs:

a) Intimidateur: il est habituellement plus fort que la moyenne. Il intimidera pour se sentir important, pour le plaisir. Le problème, c’est que ce plaisir ne dure qu’un temps très court. Quand il se retrouvera seul, l’intimidateur sera en contact avec son cerveau limbique, celui responsable des émotions… en particulier de l’empathie. Il se mettra, en imagination, à la place de la victime. Un intimidateur peut-il se sentir bien dans sa peau en étant conscient du mal qu’il fait? Je ne le pense pas. À cause des «cellules miroir», l’intimidateur prendra conscience que maltraiter les autres, c’est se maltraiter lui-même.

b) Intimidé: devant plus fort que lui, la victime a toutes les chances de ressentir de la détresse psychologique, de la peur, de l’anxiété. Comment réagir? Surtout, ne souffrez pas en silence. Affirmez-vous. Constituez-vous un réseau d’amis. Au besoin, alertez les autorités. N’importe quoi, mais défendez-vous! Souvent, la réaction de la victime fera toute la différence.

c) Spectateurs: habituellement, ils restent silencieux ou rient avec l’intimidateur… de peur de devenir eux-mêmes victimes. La plupart du temps, ils ne seront pas d’accord avec ce qu’ils voient et ressentiront de l’empathie. Étant beaucoup plus nombreux, ils ont un réel pouvoir: ils peuvent rire et ainsi encourager… ou dire leur désaccord.

L’intimidateur : un monstre?

L’intimidateur est-il un être cruel, un sadique… sans espoir d’amélioration? En fait, j’ai bien l’impression que les humains qui usent de violence ne m’apparaîtront comme des monstres que tant que je refuserai d’admettre mes propres sentiments de haine, de fureur et de terreur. En clair l’agressivité étant un instinct, elle est, comme tout instinct, indéracinable… et elle existe chez tous les individus… sans exception. Concrètement, l’intimidation continuera tant que nous ne nous attaquerons pas aux causes.

En ce qui concerne le capitalisme, à court et à moyen terme, nous n’y pouvons pas grand-chose. Mais le fait de prendre conscience de la compétition acharnée qu’engendre le libre marché n’est-il pas déjà libérateur?

Quant à évoluer du cerveau reptilien au cerveau limbique, de façon à éprouver de l’empathie pour nos semblables, n’est-ce pas une tâche qui s’impose à chaque personne vivant sur notre planète?

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