L’Arménie et l’Azerbaïdjan, héritages de l’Union Soviétique sous Staline, sont dans un conflit essentiellement territorial à cause d’une entité séparatiste arménienne : le Haut-Karabagh. La genèse de ce conflit remonte à la chute de l’Union Soviétique et de l’auto proclamation de la république du Haut-Karabagh.
Détour historique
L’Arménie (Erevan), l’Azerbaïdjan (Bakou) et le Haut-Karabagh (Khankendi) sont des pays situés dans le Caucase du sud. En effet, 1921 marque le point de départ de l’histoire conflictuelle de ces républiques. Staline crée les frontières des républiques socialistes soviétiques parmi lesquels l’Azerbaïdjan l’Arménie et le Haut-Karabagh donné à l’Azerbaïdjan pourtant peuplé à 95% d’arméniens. La perspective de Staline était celle de maintenir des divisions au sein de ces républiques pour mieux régner. Ainsi la région autonome du Haut-Karabagh se présente dès lors comme une bombe à retardement.
De plus, en 1988 des manifestations ont eu lieu en Azerbaïdjan par les Arméniens du Haut-Karabagh qui demandaient leur rattachement à l’Arménie signe d’une velléité séparatiste qui ne va guère plaire à Bakou. À la chute de l’Union soviétique en 1991, les Arméniens présents en Azerbaïdjan proclament l’indépendance de la république du Haut-Karabagh. La première guerre va donc ainsi être déclenchée entre les séparatistes du Haut-Karabagh soutenues par l’Arménie et l’Azerbaïdjan qui va se solder par la victoire des séparatistes avec un bilan humain considérable.
En 1994 à la faveur d’un cesser le feu, l’Arménie prend le contrôle des zones assurées autour de l’enclave séparatiste. Malgré des attaques sporadiques, le conflit sera gelé pendant plus de 20 ans. Ces années de trêves, vont permettre à l’Azerbaïdjan de pouvoir reconfigurer et/ou reprogrammer son armée grâce à ses réserves d’hydrocarbures immenses mais surtout en se rapprochant d’Ankara (Turquie). Ce rapprochement était à dessein en ce sens que Bakou bénéficiait du soutient logistique et militaire d’Ankara, qui par ricochet déstabilisait dans une certaine mesure l’Arménie qui à subit un génocide en 1915 de sa part.
Après avoir réorganiser son armée, le 27 septembre 2020, Bakou va faire une démonstration de force de sa supériorité militaire face aux séparatistes et à l’Arménie. En six semaines, l’Azerbaïdjan reprend ses territoires. Cependant, l’interposition de la Russie va offrir un court répit aux séparatistes arméniens. Depuis le début de l’année 2023, Bakou a progressivement verrouillé l’accès au corridor de Latchine tout en bloquant aussi l’aide humanitaire. Il en découle dès le mois de juillet une crise humanitaire et sanitaire, avec des pénuries alimentaires en médicaments faisant ainsi du Haut-Karabach une prison à ciel ouvert. Elle traduit à suffisance « ce qu’un peuple peu subir de violence jusqu’au bout de la nuit. » avec une centaine de milliers de déplacés vers l’Arménie voisine.
Les positionnements
L’Arménie
À la suite de l’offensive de Bakou le 19 septembre 2023, la diplomatie arménienne ne cesse de dénoncer une agression de grande ampleur à des fins de nettoyage ethnique. Elle entre dans le prolongement du « génocide perpétré par l’empire ottoman à partir de 1915 ».
La Russie
Dans ce dossier sensible, Moscou a toujours eu une position configurationnelle et trouble en ce sens qu’elle évolue en fonction des configurations géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques de la région. Elle a été un acteur du dialogue en 1994 entre les acteurs, puis elle a fait un revirement progressif à cause de la dégradation des rapports avec l’Arménie depuis l’arrivée en 2018 au pouvoir du premier ministre Arménien Nikol Pachinian qui n’est pas aligné sur les positions de Moscou.
La Turquie
Dans ce conflit territorial, il faut rappeler que Ankara et Bakou partage le même ennemi historique qui est l’Arménie. C’est dans cette perspective que s’inscrit Ankara qui a toujours apporté un soutien sans faille à Bakou. C’est également dans cette logique que l’Azerbaïdjan conteste le génocide des Arméniens par l’empire ottoman.
Les occidentaux
La communauté internationale dans sa grande majorité et fidèle aux principes et valeurs démocratiques, reconnait que le Haut-Karabagh fait partie du territoire de l’Azerbaïdjan. Cependant, ils adoptent une position nuancée en soulignant que l’intervention militaire de Bakou est illégale et injustifiable.
Somme toute, il résulte au regard du positionnement des acteurs étatiques en présence et de leurs différents intérêts géopolitiques que la situation est partie pour durer et en faveur de Bakou.
Références
https://www.la-croix.com/Monde/Haut-Karabakh-quest-corridor-Latchine-2023-08-16-1201278951