Le vendredi 11 mars, le Cabaret aménagé à même la scène de l’Amphithéâtre Cogeco était rempli. Plus de 200 personnes se sont déplacées pour assister à la conférence de Jean-Martin Aussant, ancien député à l’Assemblée nationale et actuel directeur général du Chantier de l’économie sociale. Le thème du mois de mars était: le changement.
À son arrivée sur scène, Jean-Martin Aussant annonce qu’il ne s’agira pas d’une conférence théorique sur l’économie sociale. Jean-Martin Aussant rappelle qu’en général, on distingue deux visions du changement: «les gens pour qui ça va très bien le voient comme un risque, tandis que pour les autres, ils le voient comme une opportunité». Selon l’ancien homme politique, «il est dur de vendre le changement aux gens qui vont bien. J’ai eu l’expérience dans ma propre carrière, mais ça ne veut pas dire que c’est impossible à faire», ajoute-t-il avec une pointe d’humour. L’entrepreneuriat collectif représenterait entre 30 et 40 milliards de dollars au Québec.
Place aux changements
Tout au long de sa conférence, Jean-Martin Aussant émet quelques critiques sur le secteur privé et suggère plusieurs solutions. D’abord, il déplore le modèle actuel qui insinue que le succès, c’est de devenir millionnaire. Selon lui, il faudrait changer cette logique. Très vite, l’ancien député aborde le thème de la politique: «Je voudrais qu’on change notre perception, notre attitude, surtout en politique. Par exemple, pour parler d’un parti politique, on parle d’une ‘’machine de guerre’’». Un vocabulaire, selon lui, un peu trop agressif. Il appelle aussi les médias à changer leur couverture de presse: «Il faudrait davantage insister sur les bonnes nouvelles, ce qui se passe à l’Assemblée nationale, mais les médias parlent plus des désaccords».
Une seconde grande idée de changement: la mesure de la richesse. Actuellement, l’indice est le produit intérieur brut (PIB). Pour Jean-Martin Aussant, cet indicateur est extrêmement trompeur, car c’est une moyenne appliquée à tout le monde. Selon lui, plus de 90% des Québécois vivent mieux que plus de 90% des Américains. La raison proviendrait de la présence des nombreux milliardaires aux États-Unis qui tirent la moyenne vers le haut. Jean-Martin Aussant déplore l’absence d’entrepreneurs collectifs dans les médias, la publicité et les reportages. «Ce serait un grand plus de les mettre davantage à l’avant, car ces gens ont les mêmes talents que les millionnaires dans le privé.»
Quant au développement durable, il s’agit pour Jean-Martin Aussant «bien plus qu’un concept en l’air pour sauver la planète». Il faut le rappeler, l’industrie agroalimentaire est l’un des grands contributeurs de pollution. Ainsi, Jean-Martin Aussant pense que les habitudes de consommation pourraient changer. L’ancien député ajoute que les sondages illustrent le souhait de la population de consommer des produits locaux et qu’elle aimerait savoir ce qu’il y a dans son assiette. À noter également que l’ancien député est pour la gratuité de l’université. Toutefois, Jean-Martin Aussant nuance son propos: «Il ne faut pas que le changement devienne du changement pour le changement».
Jean-Martin Aussant déplore le modèle actuel qui insinue que le succès, c’est de devenir millionnaire. Selon lui, il faudrait changer cette logique.
Les Creative Mornings à travers le monde
Une fois par mois, une courte conférence est donnée sur un même thème partout dans le monde. Au total, 137 villes regroupent environ 140 000 personnes qui se lèvent le matin. Selon Denis Roy, l’hôte de la conférence, Trois-Rivières est la seule ville de moins de 500 000 habitants à organiser ce genre de déjeuners et elle n’a rien à envier aux autres villes. Le mois prochain, le thème abordé sera celui du risque.
