Crise de gestion à l’UQTR: Appartenance et démission

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Qui suit mes articles depuis un certain temps sait que les débuts de session sont ma bête noire. J’y déplore toujours que rien ne s’est passé encore; difficile, dans ce contexte, de sortir des banalités habituelles. Mais pas cette année!

Cette année, comme plusieurs le savent déjà surement, l’été s’est vu le théâtre de plusieurs rebondissements dans la saga épique opposant la dorénavant ex-rectrice, Nadia Ghazzali, et (apparemment) le reste de la haute direction de l’UQTR.

J’ai ajouté «apparemment» à cause de la simplicité apparente du problème pour l’observateur moyen. «Nadia Ghazzali» semble rimer avec «tyran autoritaire» et le restant de la population du Pierre-Boucher tremblerait face à ses caprices. Pas étonnant, dès lors, qu’autant de gens aient applaudi le jour où elle «s’est faite démissionner».

Rappelons toutefois que la majorité des rapports de ladite saga dans Le Nouvelliste étaient des témoignages de personnes ayant perdu des plumes dans cette histoire.

Indéniablement, ceux-ci étaient emplis d’amertume face à leur situation et ne se sont pas gênés pour écorcher au passage celle qu’ils considéraient comme coupable de leurs maux.

Mais qu’en est-il des autres?

Plusieurs fois, il a été rapporté que le parti de la rectrice refusait de commenter des situations qui étaient examinées en justice. Il est évident que ces scrupules n’ont pas été partagés par tous les acteurs de l’histoire.

N’en demeure pas moins que celle-ci s’est «faite démissionner», comme j’ai dit plus haut, par le ministre de l’Éducation. Était-ce bien judicieux de la part de ce dernier? Votre humble serviteur considère que non, pour deux raisons.

Premièrement, cela crée un horrible précédent. Les universités, y compris les Universités du Québec, se doivent d’être des organismes indépendants. Pour des raisons dont l’espace me manque afin de bien les exposer ici, la mission universitaire demande à ce que l’on laisse les universitaires se débrouiller entre eux.

En effet, un ministre appartient à un parti donné et, ainsi, à un véhicule idéologique donné. Si je suis partisan de la présence du politique sur le campus, le forum que j’y vois ne remplit pas son rôle si une idéologie donnée peut en couper la tête comme bon lui semble.

Peut-on donc prétendre que le ministre a fait preuve d’ingérence? Je pense que oui. Peut-on prétendre que cette ingérence était idéologiquement teintée? Il y a ici un terrain de football que je ne franchirai pas. Par contre, je ne me vois pas prétendre le contraire pour autant.

Deuxièmement, la faiblesse des arguments évoqués afin de retirer la confiance du ministère envers Mme Ghazzali laisse présager qu’il s’agissait d’une question d’image plutôt que de faits.

Par exemple, un des faits évoqués était une enquête de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) réalisée à l’UQTR et dont le rapport était apparemment désastreux. Or, alors que l’on faisait porter l’entièreté du blâme sur la rectrice, quiconque lisait les petits caractères apprenait qu’en fait, la période visée par l’enquête chevauchait deux rectorats et que, la moitié de cette période était imputable à un autre recteur.

Cet évènement a pourtant été, apparemment, la goutte qui a fait déborder le vase pour M. le ministre. C’est effectivement suite à cela qu’il a plié sous les pressions des critiques (notamment CAQuistes, ces grands défenseurs de l’éducation) et a désigné la sortie à Mme Ghazzali.

Évidemment, celle-ci n’est pas blanche comme neige. Il n’en est pas moins troublant de constater que les titres de journaux semblent avoir eu plus de poids que les faits.

Souhaitons bonne chance au recteur par intérim.

«Or, alors que l’on faisait porter l’entièreté du blâme sur la rectrice, quiconque lisait les petits caractères apprenait qu’en fait, la période visée par l’enquête chevauchait deux rectorats et que, la moitié de cette période était imputable à un autre recteur.»

Gestion de l’appartenance

Les plus anciens se rappelleront peut-être de la pose des fanions aux lampadaires de l’avenue Gilles-Boulet et des nouvelles affiches aux entrées du campus.

Tout ce bel exercice de branding avait couté plusieurs centaines de milliers de dollars, alors que l’on coupait dans le service aux étudiants (SAE). On nous promettait toutefois que cela allait contribuer à un sentiment d’appartenance et que, du coup, cet argent serait récupéré au centuple via la fondation.

J’admets n’avoir pas pris la peine de vérifier avec cette dernière instance l’impact de ces mesures sur les donations. Compte tenu de la grogne suscitée à l’époque par ces installations, je peine néanmoins à croire que cela fut rentable.

Observons d’un autre côté le spectacle de la rentrée, parrainé par divers organismes étudiants. Évidemment, la contribution de l’administration à cet évènement est minime.

Pourtant, il s’agit probablement de l’événement qui contribue le plus à forger une appartenance à l’Université.

Peut-être serait-il temps de cesser de concevoir l’Université comme une marque, dont il s’agit d’améliorer le branding pour créer une fidélisation. Moderniser le logo apparait bien logique pour qui désire vendre du Pepsi, mais ça n’a pratiquement rien à voir avec la fierté qu’on éprouve par rapport à son alma mater.

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