Critique cinéma : Seconde Guerre Mondiale, l’autre coté de l’Histoire

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Par Gabriel Couturier, chroniqueur

Das Boot (1981)

Une flotte sous-marine allemande part en mer lorsque l’équipage est surpris par un destroyer ennemi. Pris de court par l’attaque, le commandant n’a d’autre choix que de prendre la fuite. Quelques jours plus tard, alors qu’ils voguent en pleine tempête, le commandant ordonne l’attaque d’un destroyer isolé malgré l’absence d’un ordre de mission. C’est bien trop tard qu’il se rend compte que ce n’était pas une si bonne décision.

Survivant de peu, la flotte réussit à mettre pied à terre le temps d’un bref instant à La Rochelle, où elle reçoit comme mission d’attaquer une flotte navale pour finalement retourner à bon port par le détroit de Gibraltar. Le passage étant étroitement gardé, l’équipage a peur pour sa vie alors qu’il voit le sous-marin subir plusieurs dégâts majeurs.

D’une durée de trois heures, Das Boot raconte une histoire qui se base sur plusieurs missions réelles des flottes allemandes de la Seconde Guerre mondiale. Fait intéressant, l’auteur du livre qui a inspiré ce film, Lothar-Günther Buchheim, a été journaliste et les missions relatées dans son livre sont des expériences qu’il a lui-même vécues pendant ses années de journalisme de guerre.

Autre fait intéressant, à propos de la production cette fois : afin d’ajouter du réalisme au film, les scènes ont été tournées chronologiquement sur un laps de temps de près d’un an. De cette façon, le producteur s’assurait que non seulement l’apparence physique des acteurs était naturelle, mais les traits d’épuisement et d’éreintement également. En tout, la production de Das Boot a pris pratiquement deux ans (1979-1981) et la version complète du film dure près de cinq heures.

Avec son film, Wolfgang Peterson (producteur) n’avait pas pour but de divertir le grand public, mais bien de lui faire vivre une expérience humaine hors du commun. À travers le film, le spectateur est transporté avec l’équipage dans un espace plus que restreint où les conditions son difficiles. Le producteur réussit très bien à démontrer les multiples facettes de la vie de marin, soit la monotonie du quotidien, l’engouement ressenti en prévision d’une bataille ainsi que les angoisses et la peur de mourir, alors que tout semble perdu.

On s’attache aux personnages, on veut les voir réussir et on en vient presqu’à redouter ou détester l’ennemi. Ce qui est intéressant, c’est lorsque l’on se rend compte que l’ennemi, c’est nous. Il nous est permis de voir la guerre d’un autre point de vue, d’une vision humaine et non territoriale. En bref, ce film nous fait voir une autre perspective et nous amène à considérer notre Histoire avec plus de recul.

Die Brücke (1959)

Allemagne, 1945 : la situation au pays est critique, les bombardements ne cessent alors que la mère patrie est envahie par les forces ennemies. Dans un dernier cri d’espoir, tous sont appelés à servir dans l’armée, même les enfants. C’est après avoir été appelés qu’un groupe de sept élèves se retrouvent, après une seule journée d’entraînement, à défendre un pont qui doit être démoli. Seuls face aux Américains, sauront-ils défendre le pont et sauver leur innocence?

Les faits relatés dans ce long-métrage ont eu lieu le 27 août 1945. Il a été jugé non important de rapporter ces évènements et ainsi, il n’en est question dans aucun rapport de guerre. Le réalisateur australien Bernhard Wicki a cru bon de montrer au monde la réalité de la jeunesse allemande en ces temps difficiles. Ces jeunes qui, au début de l’histoire, font face aux problèmes normaux d’un enfant qui vieillit – l’amour, la jalousie, etc. – se voient arrachés de leur vie pour «défendre la mère patrie».

Un des aspects qui choque le plus dans ce film, c’est l’enthousiasme de ces enfants à servir dans la guerre. Au début du film, lorsqu’une bombe explose près du pont, tous sont excités à l’idée d’aller voir le cratère. Les garçons ne cessent de parler du moment où ils seront appelés à servir et tous suivent avec engouement l’avancement des combats. Lorsqu’ils sont appelés, plusieurs sont dégoutés par cette décision, dont leur enseignant qui s’en veut de leur avoir inculqué ce patriotisme malsain et d’avoir propagé des valeurs de la sorte à ces jeunes.

Ce film a été lauréat de cinq prix au German Film Awards en 1960 ainsi que de plusieurs autres honneurs, notamment le Golden Globe du meilleur film étranger et une nomination pour un Academy Award dans la même catégorie. Conséquemment, un remake a été réalisé en 2008 par le réalisateur Wolfgang Panzer à des fins de diffusion à la télévision.

Tout comme Das Boot, il est intéressant de voir cette guerre que nous connaissons tous d’un œil différent. Cette fois-ci, le spectateur fait non seulement face aux horreurs de la guerre vécues par les soldats – les enfants dans ce cas-ci – mais aussi par leur famille, leurs amis et leurs proches. Il est difficile parfois de s’imaginer que du point de vue des Allemands, nous étions les ennemis, nous étions les méchants qui assassinaient leurs enfants et leurs maris.

C’est sur cette piste de réflexion que je vous invite fortement à prendre le temps de regarder ces films avec un esprit ouvert et critique.  Tous deux disponibles en version originale allemande sous-titrée en anglais, c’est une belle façon de voir l’autre coté de l’Histoire.

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