Tout au long de l’année, j’ai voulu que ces chroniques du frisé soient un lieu commun pour la culture, où pouvaient se côtoyer l’actualité et l’art. Une sorte de fenêtre sur le monde par l’entremise de la littérature, de la musique, de la peinture et des arts en général. J’ai voulu qu’elles soient de simples constats sur la vie. Mon but était donc de partager ma vision de l’acte culturel et des performances scéniques.
Pour cette dernière chronique, je vous annonce leur fin. Et oui, j’ai fait ce que Foglia n’a pas fait, une chronique d’adieu. En effet, je me suis comparé à Foglia, à vous d’ignorer ce petit dérapage de chroniqueur. J’ai tout de même les blues.
Je disais. Je déclare cette chronique officiellement terminée. Mais juste avant, il me faut vous parler de mes coups de cœur culturels depuis le début de la session, et des choses à prévoir pour cet été.
Cette année, le spectacle de Patrice Michaud m’a vraiment fait vibrer. Par moments, j’avais l’impression d’assister à un spectacle d’Elvis, de Fred Pellerin et de Vincent Vallières, et ce, tout en même temps. Le Gaspésien est un véritable showman qui s’adonne dans le populaire et dans l’underground à la fois. Entre toutes les chansons, il fait un monologue à la Fred, parlant souvent de son petit village de Cap-Chat sur la côte gaspésienne. Très belle découverte en spectacle.
Côté cinéma, le film Les nouveaux sauvages, ou en espagnol Relatos Salvajes, réalisé par Damìan Szifròn et produit par Pedro Almodóvar m’a réellement surpris. Il s’agit d’un film à sketches où l’humour noir et insolite se partage l’espace avec la douceur et la simplicité. Un film saisissant tout en restant comique. À voir!
Si on se tourne maintenant vers le monde littéraire, je dois avouer que le roman de Robert Lalonde, À l’état sauvage, m’a plu grandement. Ce roman, qui aurait bien pu être associé au genre du recueil, présente un écrivain qui revisite des gens qui ont marqué l’essence même de son identité, soit l’instant d’une promenade en train ou encore le temps de faire des travaux ménagers avec un voisin plutôt âgé. Il s’agit d’un beau panorama sur la présence et l’absence de l’autre dans nos vies à nous tous. De plus, Lalonde manie habilement la plume, oscillant entre littérature, poésie et philosophie. Par la bouche de ses personnages, il peut la profondeur de l’humanité: «Pour dire vrai, j’ai voulu beaucoup de choses dans la vie, mais je n’ai jamais possédé rien d’autre que des désirs.» Quelle phrase terrible!
En arts visuels, j’ai vraiment craqué pour Expotypo: l’ABC des arts du texte qui s’organisait autour des projets de recherche de Sébastien Dulude en typographie. À la fois exploratoire et universitaire, cette exposition rassemblait plusieurs artistes et était réellement un incontournable à la vie culturelle de Trois-Rivières. Mention spéciale à la toile de l’illustrateur Pascal Blanchet et au collage de Marc-Antoine K. Phaneuf qui étaient tous deux très impressionnants. Blanchet a su faire rayonner Trois-Rivières par la couleur qui habitait sa toile et K. Phaneuf, en superposant des petites annonces dans lesquelles tout le monde se reconnait, a pu nous faire voir la fragmentation de notre époque, et ce, par l’entremise du texte.
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Pour plusieurs, l’été est une période morte pour la culture. Aucun artiste ne lance de nouveaux projets, les tournées des artistes prennent parfois une pause, et les lieux pour les arts undergrounds laissent leur place à la culture populaire et de masse, comme c’est le cas avec la Salle J.-Antonio-Thompson qui accueille un spectacle grand public avec la revue American story show ou encore Shrek, la comédie musicale.
Je ne juge pas ce transfert de la culture subversive vers cette culture populaire. Au contraire, je ne fais que le constater, et vous aidez à combler ce petit vide culturel qui se crée bien malgré nous.
Je ne juge pas ce transfert de la culture subversive vers cette culture populaire. Au contraire, je ne fais que le constater, et vous aidez à combler ce petit vide culturel qui se crée bien malgré nous.
Il faut d’abord choisir des œuvres plus légères afin qu’on puisse garder notre cerveau actif. Par exemple, ce n’est peut-être pas le meilleur temps de lire Guerre et paix de Léon Tolstoï ou encore de s’attaquer à la sixième symphonie de Tchaïkovski surnommée La pathétique. Il est encore moins le temps d’entrer dans La reprise de Kierkegaard par exemple.
Pour ma part, durant la saison estivale, j’aime bien lire pour le simple plaisir. Je ne tente donc pas d’approfondir une œuvre cinématographique, littéraire ou musicale afin d’y puiser toute son essence. J’opte plutôt pour la simplicité. Je termine les lectures que j’avais commencées durant l’année. Je termine aussi d’écouter les albums dont je n’ai pas pu entendre toutes les pièces qui les composaient, faute de temps. Et comme tout le monde, j’en profite pour prendre une petite pause, ayant toujours cette petite nostalgie de la vie intellectuelle qui règne durant l’année.
Voilà, j’ai les blues. C’est dit. C’est toujours comme ça quand la fin de la session approche. Les blues, trifluviens.