De l’esprit et des mots : pensée positive ou psychologie positive ?

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Christine Groleau, chroniqueuse psychologie et mieux-être.

Tout d’abord, je tiens à me présenter. Depuis janvier 2021, je suis étudiante en études françaises profil langue et communication, à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Auparavant, j’ai été infirmière pendant près de 20 ans, dont 10 années en santé mentale à l’Institut Philippe Pinel de Montréal. En 2020, je sentais le besoin d’aider les autres différemment. J’ai découvert l’approche énergétique du Tianshi et depuis, je travaille dans le domaine du mieux-être. J’aide les gens autrement. Quand on m’a proposé de rédiger une chronique au sujet de la psychologie, j’ai tout de suite accepté, sans trop réfléchir. Par la suite, je me suis questionné sur l’angle à prendre avec celle-ci. Après mûre réflexion, au fil de la session, j’aborderais des sujets scientifiques et également spirituels.

Comme première chronique de psychologie, j’ai décidé d’aborder le sujet de la pensée positive en opposition à la philosophie positive.

Attitude positive

La pensée positive est cette philosophie d’avoir une attitude positive en tout temps, peu importe les évènements. La majorité du temps, cette façon de penser peut aider à surmonter les obstacles de la vie. Tout d’abord, voici l’origine du mouvement de la pensée positive. Elle a été fondée par le pasteur américain Norman Vincent Peale en 1952. À cette époque, c’est avant tout une pseudo-science d’inspiration religieuse ayant provoqué une recrudescence d’adeptes 60 ans plus tard dans le secteur du développement personnel. De nos jours, c’est une entreprise devenue très lucrative et de niveau mondial. Son principal précepte est d’être optimiste en tout temps, en se concentrant sur les moments de bonheur plutôt que de focaliser sur le négatif. La pratique de la gratitude et de la visualisation de sa réussite future est de mise. [1]

 Nous n’avons qu’à penser au  « Ça va bien aller », en 2020, l’année de la pandémie. Également, le fameux : « Il faut voir le verre à moitié plein, pas à moitié vide ». Également, le cliché du « unE de perduE, dix de retrouvéEs ».

Ignorer ses émotions = toxique

En revanche, dans certains cas, la pensée positive peut devenir toxique.

Effectivement, c’est le cas lorsque la personne tente d’ignorer, d’éviter ou de supprimer ses émotions considérées comme négatives. Également, si la personne culpabilise simplement, car elle ressent des émotions. Une réaction redoutable peut survenir : l’effet rebond. Plus la personne essaie d’éviter une pensée, plus elle revient sans cesse. C’est le signe que quelque chose ne va pas. Il faut donc savoir écouter, accepter et exprimer ses émotions. [1]

Optimisme réaliste ou optimisme irréaliste

« Je parle pour ma part d’optimisme réaliste et d’optimisme irréaliste », dit Josée Savard, psychologue, chercheuse et professeure à l’Université́ Laval. Elle explique: « S’il est confronté́ à un événement difficile, un optimiste irréaliste imaginera seulement un scénario où tout va bien aller, alors qu’un optimiste réaliste considérera les différents dénouements possibles, tout en souhaitant un dénouement positif ». Par ailleurs, elle précise: « Je vois la pensée positive et la pensée négative sur un continuum. D’un côté́, on n’imagine que le positif. De l’autre, seulement le négatif. Le but, c’est de trouver un équilibre entre les deux, le juste milieu ». Ainsi, elle souligne également qu’il est important de ne pas tomber dans l’angoisse en ressassant sans arrêt des scénarios catastrophes.

« C’est culturel, c’est plus fort que nous. En général, on déteste ne pas savoir ce qui nous pend au bout du nez. Dans nos vies, on valorise beaucoup le contrôle et ça nous mène à la pensée positive, qui est une tentative de se rassurer ». Josée Savard, psychologue

Un problème de société

De plus, elle affirme que dans la société́ actuelle a encore beaucoup de mal à supporter l’incertitude. « C’est culturel, c’est plus fort que nous, estime-t-elle. En général, on déteste ne pas savoir ce qui nous pend au bout du nez. Dans nos vies, on valorise beaucoup le contrôle et ça nous mène à la pensée positive, qui est une tentative de se rassurer ». La chercheuse observe pourtant que la pensée positive n’a pas l’effet miraculeux qu’on lui prête. « Sur le coup, se dire – ou se faire dire – que “ça va bien aller” peut nous réconforter, mais plus on tente de chasser les pensées négatives, plus elles nous obsèdent. En se permettant d’envisager ce qui pourrait mal se passer, on évite l’effet boomerang. La stratégie d’évitement qu’est l’optimisme irréaliste ne fonctionne pas: il faut affronter nos angoisses pour éviter qu’elles reviennent nous hanter autrement ou avec encore plus de force ». Ainsi, il est important de vivre ses émotions négatives, d’en parler avec unE amiE ou de consulter si nécessaire.

Une science du bonheur

Cependant, la pensée positive ne doit pas être confondue avec la psychologie positive.

Cette deuxième découle de la psychologie humaniste et est une véritable « science du bonheur ». En effet, celle-ci s’emploie à définir, à mesurer et à comprendre les déterminants du bien-être et du fonctionnement optimal de l’être humain. Elle fut fondée en 1998 par Martin E. P¨. Seligman, chercheur en psychologie. « Le courant de la psychologie positive considère simplement qu’à côté des multiples problèmes de dysfonctionnements individuels et collectifs s’exprime et se développe toute une vie riche de sens et de potentialités », affirme Jacques Lecomte, psychologue d’origine française.

Pour définir la psychologie positive

« Le but de la psychologie positive consiste ainsi à catalyser un changement drastique en passant de la réparation des dommages à la construction d’une vie pleine. Pour redresser le déséquilibre antérieur, il faut faire de l’actualisation des forces la priorité du traitement et de la prévention (Seligman et Csikszentmihalyi, 2000).» « La psychologie positive repose sur trois piliers principaux. Au niveau subjectif, elle s’intéresse à l’expérience positive vécue: bien-être et satisfaction (pour le passé), joie, plaisirs sensibles et bonheur (pour le présent), puis espoir et optimisme (pour le futur). Au niveau de l’individu, il s’agit de caractéristiques et de traits : capacité d’aimer, courage, habiletés. Sur l’expérience optimale, interpersonnelle, sensibilité esthétique, persévérance, pardon, originalité, talent, sagesse. Au niveau plus large des vertus civiques et des institutions (comme l’école), il convient de préparer de bons citoyens : responsabilité, altruisme, civilité, modération, tolérance et éthique du travail. (Seligman, 2000, 2002; Seligman et Csikszentmihalyi, 2000) » [2].

En bref, c’est sain de ne pas toujours être positif. Nous vivons tous des moments plus difficiles. L’important est d’avoir une attitude positive pour nous aider à surmonter les obstacles et déplacer les montagnes en utilisant nos forces comme humain!

[1] https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/psychologie-pensee-positive-devient-toxique-92743/

[2] https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/pls/public/docs/FWG/GSC/Publication/1935/45/3974/1/48749/11/F2021246465_26_1_009.pdf

[3] https://www.crosemont.qc.ca/aide-reussite/psychologie/le-plaisir/

 

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