Alors que la lutte contre le Coronavirus fait toujours rage, certain-e-s se questionnent si le jeu en vaut la chandelle. C’est d’ailleurs le cas de deux professeurs de l’École de Gestion de l’UQTR, M. Frédéric Laurin et M. Marc Duhamel. Voici leurs travaux portant sur l’économie en temps de COVID-19.
Une analyse coût-bénéfice
Pour être efficace, une mesure ou un politique doit avoir plus de bénéfices que de coûts. Ces bénéfices et ses coûts dépassant les facteurs monétaires, mais y étant tout de même rapportés par la suite. Par exemple, une vie n’a pas de valeur attribuée en soi, mais on l’évalue à l’aide de ses revenus possibles ou encore projetés. Ces techniques sont notamment utilisées en assurances de personnes, dans les tribunaux et en analyse de politiques publiques.
Un point de vue macroéconomique
M. Laurin a effectué une analyse d’un point de vue plus macroéconomique. En effet, celui-ci soutien qu’une pause comme celle auquelle nous faisons face qui s’étalerait trois mois coûterait environ 43 milliards de dollars en perte de production, soit près de 10% de la production annuelle québécoise. À l’inverse, ne pas respecter les mesures de confinement actuelles représenterait des coûts supplémentaires entre 183 milliards et 857 milliards, soit une contamination de 15 à 70% de la population, à ce qu’estime le professeur et chercheur universitaire. Ainsi, celui-ci estime les mesures de confinement justifiées d’un point de vue économique, car les coûts de 43M$ du confinement sont bien inférieurs aux coûts d’une contamination.
Son penchant microéconomique
Du côté de M. Duhamel, qui est de son côté professeur de microéconomie, on voit ses enseignements transparaître dans son approche. Ainsi, la méthode utilisée est moins sous l’angle macroéconomique et plus sur celui de l’individuel. Du côté de M. Duhamel, on utilise la valeur des vies perdues comme indicateur d’efficacité de la mesure.
Se basant sur les données du secrétariat du trésor et de Statistique Canada, le professeur estime que la valeur d’une vie a 9.5M$. Ainsi, en utilisant les taux de mortalité en cas d’infection ainsi qu’un ensemble de variables, le professeur a su isoler le seuil de rentabilité des mesures de confinement. Le chercheur a donc déterminé que si le taux de contagion est supérieur à 47,3% sur 365 jours, les mesures auront valu la peine d’un point de vue économique. Dans un tel cas on pourra conclure que la valeur des vies sauvées aura été supérieure aux coûts des mesures imposées pour y arriver.
L’ASDEQ
Selon un sondage réalisé par l’Association des Économistes Québécois (ASDEQ) auprès de ses membres, près de 29,7 % des économistes québécois estiment que la mise en pause des activités non essentielles pour une période de deux mois ne causera aucun dommage important et permanent à l’économie. On pense notamment à des dommages tels la fermeture définitive de nombreuses entreprises. Pour une durée de trois mois, cette proportion s’élève à 39,2 %.
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*Crédits photos: UQTR