La Cigale ayant chanté
Une bonne partie de l’été,
Spectacles et festivaux,
De la saison furent son lot.
Le Jambon ne s’en plaignait,
Car les chansons il aimait.
Mais quand vint enfin le temps,
Pour notre gouvernement,
De déposer son budget,
Notre Jambon fut inquiet;
«Est-ce à nous, contribuables,
De payer pour ces minables?
Nous peinons à épargner,
Étant déjà surtaxés.
Refusons les artistes louches
Enlevant le pain de nos bouches!»
La pauvre bouc émissaire,
Condamnée à la misère,
Retourna au droit chemin
Bosser pour gagner son grain.
Sa voix et sa joie se turent.
À leurs places, dans les voitures;
Des propos sans réflexion,
Maîtres à penser de Jambon,
Des chants de langue seconde,
Envahirent aussi les ondes.
Le second été venu,
Cigale étant devenue,
Acharnée de son métier,
Bref, elle aussi aliénée.
Le soir elle se demandait;
«Peut-être que je devrais
Mieux meubler mes temps libres.
Musiciens de haut calibre,
Venez donc me divertir.»
Et quand elle voulut sortir
Cigale vit, un peu amère,
Autant d’artistes qu’un désert.
Ils avaient tous déserté,
Ceux restants; médiocrité!
Notre héroïne soupira,
Et à son tour insinua:
«Est-ce à nous, contribuables,
De payer pour ces minables?
Nous peinons à épargner,
Étant déjà surtaxés.
Refusons les artistes louches
Enlevant le pain de nos bouches!»
La morale de cette comptine:
«Culture, à la guillotine!
Tu nous fais perdre notre temps.
Où sont, artistes d’antan,
Qui, eux, valaient notre argent?»