En pleine face : Alors?

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Les étudiants peuvent enfin crier haut et fort leur victoire. La hausse des droits de scolarité est maintenant annulée, l’infâme loi 12 est remise au placard et nous nous dirigeons à vitesse grand V vers un Sommet sur l’éducation post-secondaire qui s’est longtemps fait attendre. Alors maintenant? Quelle est la prochaine étape? À qui la rue? Petit post-mortem d’un printemps chargé.

Avouons-le, nous n’aurions pu rêver d’un scénario plus parfait. Outre le départ de Jean Charest, l’annulation de la hausse des droits de scolarité, qui semblait de moins en moins atteignable, est maintenant chose faite. Bien sûr, certains pessimistes vous diront que l’annulation «n’est que temporaire» et que le gouvernement imposera l’indexation des droits de scolarité au coût de la vie. Peut-être. Par contre, ne pouvons-nous pas célébrer cette victoire et baisser la garde un peu? Nous verrons en temps voulu ce à quoi nous serons confrontés.

La puissance d’un symbole

Le carré rouge a été sans aucun doute le symbole unanime du mouvement contre la hausse. Celui-ci a su attirer la haine des pauvres mononcles-chroniqueurs impotents et dépassés par les événements, mais a aussi rejoint des couches aussi variées que distinctes de la population du Québec qui appuyaient le mouvement. Celles-ci ont aidé à transformer un bout de feutre en vrai symbole de solidarité sociale.

N’omettons pas de souligner aussi le petit frère du carré rouge, le carré vert. Il a été porté par ces étudiants drettistes et imbus d’eux-mêmes et de libertés individuelles primant sur l’opinion de la majorité de leurs confrères. Malgré la véhémence avec laquelle ces fils et filles à papa se sont attaqués au carré rouge, force est de constater que c’est de la puissance de ce symbole qu’est né le leur. Il s’agit d’ailleurs d’une preuve incontestable de la force du symbole lorsque l’on tente de le copier pour l’associer à une cause beaucoup moins noble.

Maintenant que la hausse des droits de scolarité est chose du passé, nous devons nous demander que faire de ces petits carrés que la plupart d’entre nous avons arborés fièrement tout au long du conflit. Pouvons-nous pousser l’audace et continuer de le porter? Doit-on accepter de l’abandonner à un groupe de pression ou toute autre formation politique ayant des positions plurielles quant aux droits de scolarité?

Un symbole perd sa signification lorsqu’il est banalisé. Le carré rouge, qui a été le symbole d’un mouvement contre la hausse, ne doit pas être récupéré pour des fins autres que celle qui l’a rendu célèbre. De plus, intégrer le morceau de feutre à sa garde-robe par nostalgie ou pour avoir l’air «cool» risque de nuire beaucoup plus à la crédibilité et l’impact du printemps érable qu’il n’aidera votre réputation personnelle. Nous devons nous y résoudre et honorer nos carrés rouges en les retirant de nos vêtements. Ils doivent garder cette signification que nous avons établie ce printemps. Sans cela, il risque grandement de devenir désuet.

La prochaine étape

Maintenant que la hausse est chose du passé, il est important d’organiser le plan de match pour la prochaine étape. L’annonce du Sommet sur l’éducation post-secondaire, qui devrait avoir lieu incessamment, représente cette prochaine étape. Les droits de scolarité y seront discutés et on risque également d’aborder le financement des universités ainsi que le fonctionnement interne de celles-ci. Peut-être devrions-nous nous concerter.

Si l’AGE UQTR veut être présente lors de ce Sommet, il faudrait que celle-ci prenne en compte la position et les attentes des étudiants concernant la pléiade de sujets qui seront mis sur la table. Principalement, nous devons adopter une position ferme et englobante sur les droits de scolarité.

Nous devons nous résoudre et honorer nos carrés rouge en les retirant de nos vêtements.

Présentement, la position officielle de l’AGE UQTR est d’être contre toute modification aux frais de scolarité jusqu’à la tenue d’États généraux sur l’éducation. Une position assez floue, née du compromis et qui sera difficile à défendre lors du Sommet. Encore faudrait-il considérer le Sommet sur l’éducation en soit, qui ne porte pas le titre d’États généraux sur l’éducation. D’ailleurs, plusieurs gens près de l’AGE UQTR ne considèrent pas le Sommet comme la finalité qu’attendait l’association générale, en ce qui concerne les frais de scolarité.

Les étudiants de l’UQTR doivent donc affirmer ou réaffirmer leur position à propos des droits de scolarité en vue du Sommet le plus rapidement possible. Ils permettront aux officiers de l’AGE UQTR de préparer un plan d’action. Une nouvelle position pourrait d’ailleurs être prise lors de l’assemblée générale du 3 octobre, sinon les étudiants devront le faire en assemblée spéciale plus tard dans l’année.

Il y a fort à parier que cette prise de position offrira sa part de polarisation, ce qui pourrait en effrayer certains. Par contre, nous nous devons de réaliser cet exercice pour le bien de notre démocratie et pour le bien de la représentativité étudiante. Il est important de faire valoir notre opinion, qu’elle soit rouge, verte, bleue pâle ou jaune. Nous ne pouvons nous permettre de manquer notre coup lors de ce sommet.

Cette chronique n’est qu’un premier coup d’œil à l’après printemps érable. L’examen des possibilités qui s’offrent à nous ne fait que commencer. Nous ne devons évidemment pas oublier tout ce qui nous a amené où nous sommes aujourd’hui. Nous devons considérer nos acquis, mais aussi décider d’agir en adultes et assumer la fin du printemps.

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