En pleine face : Ces ignobles élections grotesques – Entre stratégie électorale à vote stratégique

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Au moment où j’écris ces lignes, nous sommes toujours en pleine campagne électorale. Je ne peux seulement présumer, à ce jour, que le gouvernement est : majoritaire ou minoritaire, formé d’un parti politique qui a remporté une pluralité de votes, que le poste de Premier ministre est occupé par une personne ayant un sexe et qu’il y a au moins trois, au plus cinq, partis représentés à l’Assemblée nationale.

Le comble du ridicule

C’était le 27 avril 2012, lors de la démission de Lyne Beauchamp, que notre bon père de famille, Jean Charest, qualifiait des élections basées sur la crise étudiante de «grotesques» et «d’ignobles».  Celui-ci affirmait alors avoir une fenêtre d’opportunité d’un an et demi et qu’il n’était aucunement pressé de partir en campagne électorale. Seulement, nous voilà, moins de quatre mois après cette déclaration, en fin de campagne électorale.

Il est vrai que le candidat Charest s’est à peine servi de la crise qu’il a lui-même aidé à créer. Celui-là même qui déclarait à son premier jour de campagne qu’il était le gardien de la loi et de l’ordre en opposition à la rue n’a pu utiliser ce slogan que quelques jours avant de se faire couper l’herbe sous le pied par les étudiants qui, peut-être influencés par la tactique du PQ, ont changé leurs fusils d’épaule en laissant de côté de la rue pour retourner en classe.

Malheureusement, Jean Charest et son équipe semblaient attendre la reprise de la grève et des manifestations à la rentrée. Ils l’attendaient de pied ferme. Comme si c’était prévu, afin de démontrer à quel point il était impératif de le reporter au pouvoir afin de ramener la paix et de remettre ces dangereux étudiants buveurs de sangria et fainéants à leur place.

Soulignons également la démission du gourou des trotskistes, Gabriel Nadeau-Dubois, qui a lancé la première pierre à la stratégie de division des libéraux. Celui qu’on a toujours associé au mouvement étudiant a fait l’ultime sacrifice en se retirant de la vie publique. En redevenant un non-porte-parole du mouvement le plus radical depuis les Patriotes de Papineau, Gaby a enlevé aux libéraux l’opportunité de personnaliser le conflit. On s’entend, lorsqu’on a toujours le même adversaire devant soi, il est plus facile de l’attaquer, lui, plutôt que les centaines de milliers de personnes qu’il représente.

N’empêche que, si les Libéraux n’avaient pas prévu utiliser la crise pendant la campagne, force est de constater que celle-ci s’est essoufflée depuis le début en classe comme si quelque chose ne tournait pas rond dans la stratégie électorale du PLQ, qui a dû se rabattre, en mi-campagne, sur les maisons de retraités et l’épouvantail d’un troisième référendum pour espérer regagner des points auprès de la supposée «majorité silencieuse».

L’importance d’un vote

Outre celles des partis, qui sont plus ou moins réussies, les publicités du Directeur général des élections auront été un volet mémorable de cette campagne. Jamais les jeunes ne se sont sentis autant interpelés par ces publicités qui semblaient les cibler tout particulièrement.

Voter est devenu plus important que respirer, si l’on se fie au discours du DGE, des fédérations étudiantes, des artistes et des personnalités de la «twittosphère». De plus, si cette élection nous a appris quelque chose, c’est qu’il est mal de voter stratégique. C’est un discours qui a été répété jusqu’à plus soif par le jeune Aussant et les hippies de Québec Solidaire qui, voyant des appuis potentiels s’envoler au profit de Pauline Marois et du PQ, ont justifié qu’il ne fallait pas passer du «pire» au «un peu moins pire» et aspirer au meilleur choix avec notre vote.

On ne peut vraiment blâmer ces formations marginales de tenir un discours rendant le vote stratégique «ringard» ou «pas cool». En effet, n’oublions pas qu’une élection s’offre comme la meilleure opportunité de se faire voir pour ces formations qui ont espoir de gagner un si précieux terrain. À condition d’être invités au(x) débat(s).

N’oublions pas également la valeur de notre vote. Sa valeur démocratique, bien sûr, mais aussi sa valeur monétaire qui, sous la forme de subventions par vote obtenu, pèse beaucoup dans la balance. Donc, avec cette élection, les troupes du jeune Aussant ainsi que des dangereux anarchistes de Québec Solidaire espéraient non seulement gagner du terrain, mais aussi renflouer leurs coffres afin d’organiser la survie de leurs partis respectifs. Grâce à ces subventions, ils pourront s’organiser pour la prochaine élection, alors qu’un plus grand bassin de leurs électeurs aura droit de vote.

Au final, j’espère pour vous que vous avez pris cette campagne électorale estivale et, du même coup, cette chronique de retour de vacances avec un grain de sel. La seule certitude que nous avons à l’issue de ce scrutin, c’est qu’un nouveau gouvernement est en place et qu’un jour nous le remplacerons par un autre. Pour ma part, je serai de retour dans le prochain numéro en connaissant finalement le résultat des élections. Ce qui me permettra de critiquer un peu plus nos nouveaux élus.

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