«Entre les deux pôles»: Entre l’autonomie et la dépendance

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Il arrive que le mot «dépendance» puisse être présenté comme étant le contraire de l’autonomie et représentant quelque chose de «négatif». Entre ces deux termes qui semblent opposés, il existe une zone grise, démontrant que la dépendance n’est pas complètement malsaine. Ce sont les différentes fonctions qu’elle aura dans la vie de quelqu’un, ainsi que son degré d’importance dans les relations interpersonnelles qui viendront caractériser plus ou moins sa nature.

Avant de parler de la dépendance normale, il est essentiel de présenter ce que peut être la dépendance plus importante et pouvant aller jusqu’à l’excès. Le niveau de dépendance à autrui dans les relations interpersonnelles et sociales peut être représentatif du fonctionnement chez une personne ayant un trouble de la personnalité dépendante. En se basant sur la description du DSM V, il s’agit généralement d’un individu ayant constamment besoin de la présence, de l’appui et de l’approbation d’une autre personne pour faire des choix et prendre des décisions. Cela peut s’appliquer dans différentes sphères: professionnelle, sociale, familiale, relationnelle, etc.

Habituellement, le trouble de la personnalité dépendante ne cause pas de souffrance en lui-même, car la personne vit bien avec ce fonctionnement faisant partie de sa personnalité. Cependant, ce trouble réduit les possibilités d’avancements dans des projets ou dans la capacité à s’affirmer, et il s’agit plutôt d’un fonctionnement continuel de la personnalité. Il peut devenir invalidant dans des situations où la personne est face à l’obligation de devoir se débrouiller seul.

Il existe des exemples observables de ce trouble comme une difficulté d’adaptation lors du départ de la maison parentale, les limitations d’initiatives dans la recherche d’un emploi, la séparation du couple quasiment non envisageable sans le conjoint ou la conjointe, les demandes à autrui pour se charger de ses propres déplacements alors que la personne en aurait les moyens physiquement, ou des refus d’offres de projets ou de postes impliquant des responsabilités sans soutien d’autrui. Elle peut aussi avoir de la difficulté à choisir par soi-même ses fréquentations et ses loisirs, à faire des choix banals au quotidien sans être appuyée, à être incapable de vivre dans le célibat et de veiller à ses obligations de la vie, et plusieurs autres possibilités.

Il ne s’agit pas d’exemples permettant de confirmer un trouble de la personnalité. Cependant, les personnes qui en sont touchées peuvent présenter des situations semblables. Il peut paraitre important dans les croyances d’une personne ayant ce type de personnalité de conserver les liens les plus intacts possible avec son entourage, car elle en dépend beaucoup et elle «perdrait ses moyens» sans sa présence. Cependant, dans des cas où il y a peu d’imprévus, d’épreuves importantes et de situations nécessitant des changements, une personne ayant un trouble de personnalité dépendante peut vivre une vie harmonieuse. Il ne s’agit pas d’un trouble de santé mentale ou d’une maladie, mais d’un mode de fonctionnement de la personnalité. Toutefois, ce mode de fonctionnement aura un impact sur les gens de l’entourage, car ceux-ci seront continuellement sollicités par la personne pour leur présence et leur appui.

Chez les personnes ayant une personnalité dépendante, les difficultés se produisent lorsqu’elles sont confrontées à l’obligation de prendre des décisions et/ou de réaliser des tâches et projets, par elles-mêmes.

La dépendance fait partie de la vie. L’humain dépend des autres espèces non humaines vivantes, de l’air, de l’eau, de la forêt, de la terre, de la pierre, du soleil, etc. Il dépend des autres humains pour l’aider à combler ses besoins de base en bas âge et ses besoins affectifs au cours de la vie. C’est surtout en relation avec les autres que les individus construisent leur identité et leur estime personnelle.

Pour créer un monde en évolution, l’humain dépend de l’environnement. Sans les bouchers, auriez-vous toujours le temps de préparer votre viande? Et sans votre dentiste, que feriez-vous? L’acceptation de la dépendance peut être une première étape vers une vie habitée de respect, ainsi que de la reconnaissance de la richesse qui l’entoure. Il n’est pas toujours nécessaire de tolérer l’inacceptable, car il peut y avoir des exceptions extrêmes selon l’histoire de vie. Toutefois, l’acceptation peut mener vers une santé mentale plus équilibrée.

Pour beaucoup de personnes, une vie sans contact humain peut devenir une prison intérieure et provoquer une solitude. Il est démontré dans la littérature que le soutien social est un élément important pour réduire les problèmes de santé. Toutefois, où se situe la barre entre la dépendance saine et la dépendance excessive pouvant devenir problématique? Chez les personnes ayant une personnalité dépendante, les difficultés se produisent lorsqu’elles sont confrontées à l’obligation de prendre des décisions et/ou de réaliser des tâches et projets, par elles-mêmes.

La place des proches et leur manière de réagir deviendront des éléments déterminants pour la suite des évènements et l’évolution de ce type de fonctionnement. Parfois, il est possible que les autres puissent réagir en alimentant la dépendance de la personne, sans s’en rendre compte. Le niveau de satisfaction de la qualité de vie pour les proches est un élément à considérer. Il arrive que les choses se déroulent avec peu de problèmes, alors que dans d’autres cas, des conflits soient plus fréquents.

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